Congo-Brazzaville: Elections à venir - Les journalistes du Sankuru s'engagent pour une couverture médiatique impartiale

Les journalistes de Lodja, dans la province du Sankuru, ont exprimé leur détermination pour une couverture médiatique impartiale des prochaines élections. Cette volonté a été soutenue à l'issue d'un atelier organisé le 11 octobre par l'Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa), sur le traitement de l'information électorale par la presse du chef-lieu de la province.

L'atelier s'est déroulé sous le patronage de l'administrateur du territoire de Lodja, André Kunga Yamba. Ouvrant les travaux, il a invité les médias de Lodja à puiser, lors des prochaines élections, les informations à la source et à s'abstenir de l'intox qui surabonde dans les réseaux sociaux. De son côté, le point focal de l'Union nationale de la presse du Congo (UNPC/Lodja), François Lendo Dikola, a planché sur la problématique de la liberté de la presse dans ce territoire, confirmant que les atteintes sont multiformes. Une dizaine de journalistes, a-t-il dit, a été interpellée ou menacée entre 2018 et 202, et les auteurs de ces actes décriés sont soit les forces de l'ordre, soit des hommes politiques. Il a indiqué que les causes des atteintes à la liberté de la presse sont notamment le déséquilibre dans la représentation politique et l'intolérance face à la critique des médias.

François Lendo Dikola a, par ailleurs, déploré le non-respect de la loi, du Code d'éthique, l'insuffisance de formation et la corruption qui, selon lui, entament aussi la crédibilité des professionnels des médias de Lodja. Le meilleur garant de la liberté de la presse, a-t-il soutenu, demeure le sens de responsabilité du journaliste.

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A son tour, le représentant du chef de division, Pierre Bono Emakitshi, a expliqué le rôle du journaliste qui est d'informer, de divertir et de sensibiliser la population. Il a, par contre, déploré le fait que le travail de la presse à Lodja est caractérisé par le triomphalisme, les attaques personnelles et les règlements de compte par la voie des ondes, pour les radios, plongeant ainsi la population auditrice dans la distraction. Il a, enfin, émis le vœu de voir les médias de Lodja contribuer efficacement au succès de l'opération d'identification et d'enrôlement des électeurs.

Cette ville, précisons-le, compte onze radios dont une officielle, la Radiotélévision nationale congolaise, deux radios religieuses, huit radios privées et communautaires ainsi que l'Agence congolaise de presse.

Le journaliste qui refuse d'être formé s'expose à une mort professionnelle

Pour sa part, le chef d'antenne de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Eldo Kabeya, a parlé des expériences de la couverture médiatique des processus électoraux passés dans cette localité. La couverture médiatique en 2006, a-t-il dit, était marquée par l'impératif de paix et de cohésion sociale. " A cette époque, le nombre de médias était réduit et ne dépassait pas trois ", a-t-il fait savoir. Alors que pour 2011, il a noté une dimension des conflits exacerbés entre différents médias.

Pour 2018, a-t-il poursuivi, les points forts ont été, entre autres, le foisonnement des médias, la montée exponentielle de la couverture médiatique, l'enrichissement des débats médiatiques sur la répartition des sièges, la notion du seuil et la machine à voter. Mais, il a été également observé quelques égarements. Relevant le bien-fondé de cette activité organisée par l'Olpa au bénéfice des journalistes, le chef d'antenne de la Centrale électorale/Lodja a laissé entendre que le journaliste qui refuse de s'informer et d'être formé s'expose à une mort professionnelle.

Quant au président de la société civile du Sankuru, Me Benoît Dandja Ahoka, il a clos les exposés en jetant un regard critique sur le travail de la presse locale. Il a déploré la dérive de cette presse qui est endémique et caricaturale. " Les journalistes, ou mieux les animateurs des radios locales, exercent leur profession sans observance des règles déontologiques. Ils s'illustrent dans les critiques obscènes, des injures et des diffamations. Ils sont généralement au service des individus et non de la communauté. Ils sont recrutés et engagés sans aucun critère et sans formation. Les causes endogènes qui sont à la base de cette dérive sont le manque de formation, d'encadrement, de compétence. Et les causes exogènes sont les manipulations politiciennes ", a-t-on noté de son intervention.

A la suite des communications et échanges, les participants ont travaillé en groupes. Ils ont pris certaines recommandations pertinentes parmi lesquelles la réunification de tous les courants de la corporation, la renonciation à certaines pratiques qui ternissent l'image du professionnel de médias de Lodja, ainsi que la multiplication des ateliers de renforcement des capacités, etc.

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