Madagascar: Justice et paie

Le communiqué du Syndicat des magistrats fait jaser le microcosme socio-politique. Il a fait l'objet d'une levée de bouclier. L'opinion en général trouve que l'appel pour un arrêt des menaces contre les juges pour un verdict rendu est déplacé. Que les magistrats n'ont rien à craindre s'ils jugent en leur âme et conscience. Personne ne leur en voudra s'ils rendent des jugements conformes à ceux que l'opinion croit être juste. Le SMM est certainement animé de bonnes intentions. On sait que le syndicat a toujours été animé par une volonté de redorer le blason des magistrats sérieusement écorné par des histoires de corruption.

Ceux qui composent le bureau du SMM sont souvent des bons grains. Mais il est difficile aujourd'hui pour l'opinion de faire un distinguo entre ceux qui défendent la crédibilité ds juges et ceux qui ne font que ternir leur image. Le communiqué du SMM aurait été mieux apprécié s'il avait mentionné une lutte sans merci contre la corruption. Qu'on le veuille ou non et le rapport annuel du Bianco le souligne, la justice est un domaine où la corruption est une seconde nature. À preuve un ministre de la Justice s'est fait épingler la main dans le sac. Les magistrats eux-mêmes se connaissent. Ils savent pertinemment qui font quoi.

L'opinion en sait également quelque chose. On sait que certains verdicts n'obéissent qu'aux mieux offrants selon le slogan justice et paie. Inutile de se justifier et de faire du corporatisme à tout prix. Néanmoins il faut admettre également que certains jugements bien pesés sont faussés par les résultats arbitraires des enquêtes faites par les officiers de police judiciaire qui ont fait l'objet d'un deuxième communiqué du SMM. C'est là le véritable drame puisque les OPJ ont déjà jugé avant tribunal. Pire ils exposent leur proie à la presse comme si elles étaient condamnées. On n'en veut pour preuve que les prétendus fomenteurs d'attentat contre certains ministres qui ont été arrêtés avant d'être relaxés par le tribunal puisqu'ils n'avaient rien à voir avec l'affaire Apollo 21. Or on les avait montrés à la presse et un prévenu avait rendu l'âme en prison.

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Le SMM exige la subordination hiérarchique des officiers de police judiciaire aux magistrats qui sont normalement leur patron. Mais depuis que la police et la gendarmerie disposent d'un ministère, cette tutelle a pratiquement disparu. Les OPJ n'obéissent qu'à leur boss. L'affaire du magistrat Michel Rehavana, tué en pleine audience à Toliara le 9 décembre 2011 par des policiers , n'a jamais été jugée. Les auteurs du meurtre ont royalement refusé de comparaître. Difficile de redresser une situation compliquée par des intérêts politiques. Le dernier mot n'appartient pas au SMM.

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