Ile Maurice: Drogue chez les adolescents - Ces signes indiquant qu'ils sont accros

Expérimentant l'alcool et le tabac vers l'âge de 11 ans, plusieurs adolescents bifurquent ensuite vers la drogue. L'étude du National Drugs Secretariat, publiée en juin, indique que 90 jeunes ont consommé du cannabis pour la première fois entre 12 et 14 ans, ce qui les rend plus vulnérables à l'appel des drogues dures. Comment savoir que les enfants se droguent ?

"Au collège, beaucoup de classes sont consacrées à la sensibilisation des enfants. Des suivis sont assurés pour éviter qu'ils ne soient happés par la drogue. On exerce un contrôle rigoureux", déclare Anand Bheeka, président de l'association parents-enseignants au collège Saint-Joseph, à Curepipe. La toxicomanie parmi les élèves est souvent étalée dans les médias, indique-t-il. D'où le besoin de détecter, de manière précoce, toute possibilité d'addiction chez l'adolescent. Comment ? Ses interactions avec ses parents changent, ainsi que ses performances scolaires et son comportement, confie-t-il.

Imran Dhanoo, directeur du centre Idrice Goomany, déclare qu'il faut distinguer entre les catégories expérimentant une seule fois les produits illicites, ceux qui en consomment à l'occasion, et les usagers réguliers. Pour déterminer si des jeunes sont dépendants aux drogues, il faut se baser sur des signes visibles et des symptômes présentés par ces derniers. "Très souvent, les parents se demandent comment détecter si leur fils ou leur fille se drogue. Ils sont souvent les derniers avertis. Premièrement, il y a des signes comportementaux. Par exemple, il peut y avoir une baisse en termes de présence et de performance scolaires chez l'adolescent. Ses absences peuvent être plus régulières et ses notes peuvent changer graduellement", observe-t-il.

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Sur le plan cognitif, intellectuel ou mental, Laurent Baucheron de Boissoudy, psychologue, qui travaille à Open Mind, organisation non gouvernementale encadrant les enfants et adultes en souffrance psychologique, indique qu'il y aura un désintérêt pour l'école, des troubles de la mémoire, de l'attention, de la concentration, de la compréhension. Un manque d'intérêt dans les activités extrascolaires, sportives et de loisirs, ainsi qu'une baisse de motivation seront perceptibles, ajoute Imran Dhanoo.

Selon le psychologue, les signes sur le plan du comportement sont les suivants : le jeune sera moins loquace en famille, s'isolera dans sa chambre, restera plus souvent et plus longtemps hors de la maison. Il aura besoin d'argent plus souvent et ce, pour des raisons bizarres. Il racontera davantage d'histoires qui ne tiennent pas la route pour justifier ses retards, la perte d'objets (qu'il aura, en fait, revendus) et il peut commencer à mentir de plus en plus.

Sautes d'humeur, hyperactivité...

En termes de comportement social, Laurent Baucheron de Boissoudy évoque une fréquentation de nouvelles personnes et plus du tout certains de ses amis habituels. Il peut stopper la pratique d'anciennes activités comme la musique, la danse et le sport. D'ailleurs, poursuit Imran Dhanoo, les jeunes consommant beaucoup de cannabis souffrent du "syndrome amotivationnel", soit un désintérêt pour tout. Parallèlement, l'adolescent peut commencer à demander de l'argent. Et à la maison, des objets peuvent commencer à disparaître. Le jeune peut se murer dans le silence, s'engager dans des activités suspectes et accumuler des problèmes à l'école.

Sur le plan physique, un jeune consommant régulièrement du gandia présentera une dilatation des vaisseaux vasculaires oculaires, ce qui rendra ses yeux rouges. Et si c'est du Brown sugar qu'il consomme, ses pupilles grossiront à la lumière. Quant à la cocaïne, elle provoquera des saignements de nez. Le jeune peut aussi perdre du poids.

"Des tremblements sont également visibles, notamment chez les jeunes dépendant aux drogues synthétiques. Il y aura autour d'eux des effluves d'alcool et de cannabis", avance Imran Dhanoo. Sont également mentionnés une implication dans des accidents étranges, des blessures difficiles à expliquer et un manque de coordination.

De plus, le sommeil peut être affecté, ajoute-t-il. De ce fait, l'adolescent dormira beaucoup ou peu et se réveillera tôt, poursuit le psychologue. Il peut aussi présenter des troubles dans l'alimentation, des maux de tête, de ventre, avoir très mauvaise mine avec notamment des yeux cernés.

Par rapport à l'aspect psychologique, la personnalité sera largement impactée. Nos interlocuteurs font état de sautes d'humeur (mood swings), soit l'irritabilité, des poussées de colère, une période d'hyperactivité ou de léthargie. "Il y a une alternance entre un état calme et des états nerveux, entre l'anxiété et la colère face au manque de produit", explique le psychologue.

Imran Dhanoo souligne que si ce schéma est répétitif, cela peut indiquer une consommation de drogue. "De plus en plus, les gens adhèrent aux drogues, de plus en plus tôt. D'où l'importance d'avoir des interventions pédagogiques en permanence dès le primaire à propos de ces substances. Les enfants sont une population captive. Ils pourront mettre en pratique les informationsreçues", précise-t-il.

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