En Gambie, le bilan des sirops toxiques produits en Inde est maintenant de 69 morts, tous des enfants. Si les résultats de l'enquête n'ont pas encore été publiés par les autorités du pays, l'OMS a déjà alerté sur la dangerosité de ces sirops censés soigner la toux. Pour les parents des victimes, c'est l'effroi. Il est difficile de comprendre pourquoi le bilan continue de s'alourdir.
Dans sa maison à Tallinding, au sud de Banjul, Mariama Kuyateh, 30 ans, reçoit les amis du quartier et les proches pour une dernière réception en l'honneur de son fils, Musa, décédé le 1er septembre dernier. " C'est terrible, il prenait encore le sein, nous avions ce lien si fort avec mon enfant ", témoigne-t-elle.
À 1 an et 8 mois, son fils Musa Komaso est mort d'une insuffisance rénale aiguë suite à la prise d'un sirop frelaté produit en Inde. Pour Mariama, l'inaction du gouvernement gambien pourrait encore aggraver la situation : " Maintenant, il est temps pour le gouvernement de se bouger et d'arrêter ces produits, parce que s'ils ne le font pas, et que d'autres sirops entrent dans le pays, ce sera terrible. "
" Il faut que justice soit rendue "
De l'autre côté du grand Banjul, dans un garage de Kotu, Bailo Keita raconte les derniers moments de sa fille, Fatoumatta. " Tu vois ton enfant souffrir, toi-même, finalement, tu demandes à Dieu de prendre l'enfant ", raconte la mère. Pour Bailo et sa femme, la perte de leur fille a été un véritable déchirement. Le couple pense que le gouvernement gambien n'a pas été suffisamment réactif, et devra rendre des comptes à l'avenir. " Si c'est la négligence de ces gens-là qui a causé la mort de ces 69 enfants, ça fait mal. Il faut que justice soit rendue ", dit-elle avant d'ajouter que " c'est très difficile de pardonner ça ".
Lundi soir, deux associations d'avocats gambiens demandaient une enquête indépendante afin de mettre en lumière la responsabilité des différents acteurs impliqués dans ce drame.
En tant que société civile, nous sommes consternés. Nous attendons plus de notre gouvernement.
La militante Nancy Jallow, très critique sur l'action du gouvernement gambien dans la crise des sirops