Madagascar: Économie forestière - Tout est à construire

La valorisation économique des richesses forestières fait partie des outils mis en œuvre dans le cadre de la politique de développement et de gouvernance environnementale malgache.

La démarche reflète une tendance internationale qui consiste à mettre l'accent sur les stratégies doublement gagnantes permettant conservation de la biodiversité forestière et développement économique local, symbole de développement durable. Mais les résultats mitigés des expériences acquises conduisent à améliorer l'approche.

En effet, malgré les efforts consentis pour inverser la tendance, les paysages dégradés et les sols pauvres ont aggravé les effets du changement climatique. Les précipitations ont diminué et les saisons sont devenues irrégulières. Cela a entraîné une dégradation des terres et une chute du rendement des cultures, ce qui a amené les agriculteurs à ne compter plus que sur la production de bois de feu pour gagner de quoi vivre, tout en détruisant d'autres forêts au cours du processus.

Les impacts sur la configuration démographique du pays constituent aussi un problème de taille. Suite aux sécheresses de la dernière décennie, de plus en plus de personnes sont poussées à émigrer du sud vers les régions plus fertiles du nord pour survivre, exerçant ainsi encore plus de pression les forêts et les systèmes alimentaires. Il y a toutefois de bonnes nouvelles.

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Des actions visant à doper l'économie forestière à Madagascar se multiplient à l'instar de l'Initiative pour la restauration des paysages forestiers en Afrique (AFR100) qui ambitionne de restaurer et de valoriser 4 millions d'hectares de paysages forestiers d'ici à 2030. Au cours des deux dernières années, 285 ha de paysages forestiers ont déjà été restaurés. Cela devrait contribuer à étendre les possibilités d'exploitation responsable des richesses de nos forêts.

Par ailleurs, le FFF (Forest and Farm Facility), un partenariat entre l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation (FAO), l'Institut international pour l'environnement et le développement (IIED), l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et AgriCord, collabore avec 4 000 petits producteurs forestiers et agricoles malgaches afin d'incorporer des éléments de foresterie dans les pratiques agricoles.

Booster d'autres chaines de valeur

Les producteurs ont ainsi établi des pépinières, cultivant des espèces d'arbres plus résilientes face au changement climatique. Le projet soutient aussi les femmes et les jeunes, les aidant à créer leurs propres pépinières et à produire des plants forestiers et des fruits destinés à la vente.

Selon les spécialistes, l'enjeu est actuellement de privilégier l'approche agroforestière. C'est dans ce cadre que des initiatives sont lancées pour le développement d'autres chaînes de valeur arboricoles, dans le but de diversifier les revenus des petits producteurs. Ainsi, le bambou, le ratan, la vanille, la mangue, la noix de cajou, la soie sauvage de mangrove et le moringa seront introduits auprès des producteurs pour générer des revenus supplémentaires et contribuer à la sécurité alimentaire. Le projet se propose d'augmenter en moyenne de 25% les revenus des ménages.

Des campagnes de sensibilisation sont aussi menées en vue d'amener à un changement de mentalité, encourageant à favoriser une diversité des cultures et des produits agricoles et forestiers. Ils facilitent également la résolution des litiges, afin d'atténuer les conflits croissants concernant l'utilisation des terres. Localement, il semble que les attitudes sont en train de changer. À Sadjoavato, une ville de la région de Diana, par exemple, les habitants ont planté des arbres sur 60 ha de terrain en vue de développer des activités génératrices de revenus innovantes.

" Les communautés locales ont fait revenir la biodiversité ", constate Philippe Bamigbade, manager de projet auprès de l'agence allemande de coopération GIZ. " Le sol est en train de devenir plus fertile. Les récoltes se sont améliorées. Ils ont réussi à ajouter des arbres fruitiers, des manguiers, des anacardiers ". Georgette Zalifa Ousseny, agricultrice impliquée dans le projet, a constaté pour sa part : " Nous n'avons pas de mine d'or ni de saphirs ou de rubis. Nos diamants, ce sont nos forêts. Elles sont en train de changer nos vies ".

Pour la FAO, le but est de restaurer les forêts et les paysages et d'améliorer la gouvernance forestière d'ici à 2026. Il n'y a cependant pas de solution à court terme. Cela pourrait prendre 30 ans pour que les attitudes changent complètement et plus de temps encore pour que Madagascar redevienne l'Île verte qu'elle était autrefois. Et ce ne sera là que l'économie forestière prendra tout son essor.

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