Madagascar: Eddie Serge Fernand - " Face aux vagues de la crise mondiale, notre pays maintient le cap "

interview

Les parlementaires entrent dans le vif du sujet dès mardi prochain avec l'ouverture de la deuxième session ordinaire. En préambule, le questeur du Sénat, Eddie Serge Fernand, nous a livré dans une interview ses analyses et ses impressions par rapport à la conjoncture actuelle.

Monsieur le Questeur, en cette période de l'année, le Parlement s'achemine maintenant vers la seconde session ordinaire. Où en sont les préparatifs au niveau du Sénat?

Bien entendu, la deuxième session ordinaire du Parlement s'ouvrira ce mardi et se clôturera le 19 décembre. Elle sera principalement axée sur l'examen du projet de loi de finances initiale pour l'année 2023. Au niveau du Sénat, nous sommes fin prêts. Pour ce faire, le " staff " du Sénat s'est réuni pour finaliser, à juste titre, tous les préparatifs nécessaires y afférents, de manière à ce que cette session se déroule dans les meilleures conditions possibles.

Quelles sont vos attentes par rapport au budget de l'État pour l'année prochaine?

Deux enjeux majeurs doivent dicter l'élaboration du projet de loi de finances initiale pour 2023.

D'abord, l'évaluation et la prise en compte des capacités financières et budgétaires de l'État à continuer de faire face aux conséquences exogènes négatives qu'impliquent à la fois la crise géopolitique mondiale induite par le conflit armé entre la Russie et l'Ukraine et la persistance des conséquences de l'épidémie de Covid-19.

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Ces deux aléas consécutifs remettent inéluctablement en cause l'ordre mondial préexistant, tant du point de vue économique que social et politique, ce qui nous oblige à revoir en partie nos ambitions en matière de développement, à réévaluer nos anticipations, et peut-être même à modifier l'ordre de nos priorités, tout cela afin de répondre de façon efficace et d'une manière efficiente aux besoins immédiats de la population. En conformité et en synergie avec les treize engagements du président de la République, Andry Rajoelina

Sur le concret, vous espérez quoi?

Dans ce contexte d'incertitude caractérisée, j'identifie trois fondamentaux interdépendants que nous devrions mettre en œuvre: la stabilité, l'équilibre et la cohérence. Nous avons besoin de stabilité politique. Sans stabilité il sera compliqué de mener à bien l'ensemble des missions de l'État. La conjoncture impose l'extrême prudence dans la gestion des deniers publics.

L'équilibre sera le fil conducteur pour répondre à la double exigence socioéconomique indispensable au développement du pays, car d'un côté on doit maintenir un niveau de dépense conséquent pour y parvenir, tout en contrecarrant la tendance baissière des recettes du fait de la conjoncture mondiale.

Nous attendons du gouvernement que la loi de finances intègre des outils pour continuer à maitriser l'inflation, d'activer de nouveaux leviers générateurs de richesse et encore de sécuriser les recettes, notamment en renforçant la lutte contre l'évasion fiscale ainsi qu'en mettant en place des dispositifs économiques pour une meilleure exploitation des ressources locales.

Enfin, il nous faut de la cohérence, car l'année 2023 est une année électorale majeure, ce qui suppose une multiplication des doléances sociales, or nous devons rester réaliste et mesuré, et d'y répondre raisonnablement en fonction de nos ressources. C'est à travers l'ensemble de ces perspectives que je compte évaluer les propositions gouvernementales sur cet outil financier d'une importance capitale.

" Nous n'interférons pas dans la politique et les décisions de nos partenaires "

Comment percevez-vous la prise en compte des Collectivités territoriales décentralisées, CTD, dans le budget étatique ces dernières années?

Une question pertinente. Il n'est plus à démontrer que le gouvernement, à l'instigation du président de la République, Andry Rajoelina, œuvre pour le développement des CTD, cela en parfaite concordance avec le renforcement des capacités des services déconcentrés de l'État mené en parallèle. La " lettre de la politique de la décentralisation émergente " constitue une référence à la fois pour le gouvernement qui continue de déployer d'énormes efforts, et pour les collectivités territoriales qui s'approprient les bienfaits d'une décentralisation effective. Cela se démontre, se sent et se voit. Il faut noter que le gouvernement ne se contente pas d'augmenter les subventions allouées aux CTD, une attention particulière est également portée au renforcement constant de leurs capacités. Nous le savons, car le Sénat est justement là pour accompagner ces actions gouvernementales et à en évaluer les impacts sur le développement de nos territoires.

Par rapport à la situation actuelle, eu égard à la crise mondiale insistante, comment trouvez-vous la gestion de ses impacts au niveau national par le gouvernement?

D'abord, vous aurez remarqué que contrairement à d'autres pays où c'est devenu la norme en ces temps de difficulté et de tension, nous avons des dirigeants qui ne stigmatisent pas la population, qui ne pointent pas du doigt des boucs émissaires imaginaires ou qui cherchent à diviser ou à opposer l'opinion dans un jeu d'affaiblissement des valeurs démocratiques avec pour conséquence, la montée et l'installation des extrêmes dans le champ politique.

Nous avons un Président qui ne tient jamais un langage agressif ou outrancier envers ses adversaires politiques et autres détracteurs qui ne s'en privent pourtant pas de leur côté. De même que nous n'interférons pas dans la politique et les décisions de nos partenaires. Bref, malgré la crise et l'instabilité mondiale latente, nous privilégions un état d'esprit qui cultive l'unité et le dialogue et non la division et l'ostracisme.

Nous pouvons dire, toute proportion gardée, que notre pays s'en sort donc plutôt honorablement. Notre inflation est maitrisée, nos dépenses publiques sont contenues dans des proportions raisonnables, notre monnaie reste stable alors même que l'euro, notre référent en devise, chute. Notre balance commerciale, et par ricochet, notre balance de paiement se trouve dans un équilibre correct. Et le service de la dette conformément honoré. Même la délicate question des hydrocarbures a été contenue. En somme, tous les agrégats économiques de notre pays sont maitrisés et présentent une situation appréciable.

Donc un satisfecit global de votre part?

Comment puis-je dire le contraire. Alors oui, je félicite le gouvernement pour ces résultats qui ne sont pas évidents à obtenir et à maintenir. C'est dans la clairvoyance, la capacité d'adaptation, d'anticipation et la réactivité que le gouvernement continue de gérer ces temps difficiles. J'invite tout un chacun à rester lucide, à ne pas verser dans la paranoïa inutile, à continuer de s'informer en multipliant ses sources afin de ne pas être enfermé dans des dogmes et l'ignorance. Le monde continue son évolution et nous devons être prêts pour les autres étapes.

Le Sénat est une force de proposition pour le gouvernement. À ce titre, il encourage et accompagne tout effort tangible pour garantir l'unité et le mieux-être de notre population, cela, quelles que soient les conditions dans lesquelles nous opérons.

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