Juste après l’annonce du prix du Kg du cacao à 900Fcfa pour la campagne principale, des acteurs, après s’être félicités pour la hausse, du prix aux producteurs, avaient émis des craintes : des difficultés de la part de certains acheteurs à payer au prix de 900Fcfa le Kg. Même si nous n’en sommes pas encore là, il nous revient des zones cacaoyères que les producteurs se plaignent de certaines pratiques qui ne plaisent pas aux paysans.
« Dans la sous- préfecture de Gagnoa(Région du Goh), des pisteurs achètent à crédit et prennent le produit contre un bout de papier, c’est – à – dire un reçu. Alors que nous voulons envoyer nos enfants à l’école. Ils mettent au moins deux semaines avant le règlement(.. .) », nous a rapporté un cacaoculteur. Qui dit ne pas comprendre cette pratique en cette rentrée scolaire pendant que les producteurs ont besoin de cash. « Ils disent qu’il n'y a pas d’argent pour acheter le cacao. Si l’on y prend garde nous allons vers un non -respect des prix qui ne dit pas son nom (…) », s’indigne notre interlocuteur.
« A Grabo dans le sud-ouest ivoirien, les producteurs se plaignent du fait que les acheteurs leur délivrent des reçus après la pesée de leur produit et leur donnent des rendez-vous d’au moins deux semaines pour le règlement en espèce. » L’information est de l’Aip. Ces paysans ont salué le nouveau prix bord champ fixé à 900Fcfa le kilogramme avec une augmentation de 75Fcfa par rapport à la campagne dernière, mais ils affichent des inquiétudes face à ce procédé d’achat des fèves de cacao.
Des paysans interrogés par cette agence pro-gouvernementale dit la même chose. Selon T. Abou, les paysans attendaient l’argent de la vente de leur récolte pour financer les dépenses de la rentrée scolaire de leurs enfants. Le fait de différer la recette leur cause des préjudices énormes parce qu’ils ont des dépenses urgentes liées à la scolarité, aux loyers et à l’achat de fournitures scolaires. A en croire l’acheteur B.A qui avait l’habitude de payer cash les fèves de cacao séchées après la pesée, le paiement immédiat ne peut se faire actuellement, car le prix a été certes fixé, mais il n’y pas eu de financement qui a accompagné cette décision. Selon l’Aip, « plusieurs usiniers de San Pedro n’ont pas encore débuté la campagne. Il n’y que quelques acheteurs particuliers qui financent l’achat du produit par leurs propres moyens, mais à leur rythme ».
Effectivement, au niveau de la commercialisation intérieur, il y a problèmes ! A la différence du Ghana, l’Etat de Côte d’Ivoire ne finance pas l’achat aux producteurs. Pi, le pays ne dispose pas de capacité adéquate de stockages. « Les magasins généraux qui avaient été annoncés à grand renfort publicitaire n’ont pas encore vu le jour. Or si ces infrastructures existaient dans les grandes régions productrices, elles permettraient aux paysans de stocker leurs fèves de cacao en cas de situation un peu compliquée, et vendre après, en toute tranquillité. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Conséquence, les planteurs risquent de brader leur produit au premier venu que de se contenter d’un bout de papier ; don in fine, le prix au bord champ risque de ne pas être respecté (…) », explique M. S, consultant en économie cacaoyère que nous avons approché. Notre personne ressource ne manque de toucher du doigt, la recherche du cacao certifié par les exportateurs qui grippe un peu le système de commercialisation intérieur. « La Côte d’Ivoire n’en produit qu’environ 300mille tonnes certifiés et fournies par les coopératives certifiées. Sur une production globale de plus de deux millions de tonnes, il y a problème et il faut faire quelque chose pour éviter une autre crise. Aussi, les coopératives qui ne sont pas certifiées n’ont pas d’argent pour travailler », ajoute notre personne ressource.
Soulignons que là où le Cocoa board dispose d’une capacité de stockage de 500 mille tonnes, la Côte d’Ivoire, notre pays ne dispose que d’une capacité d’un million de tonnes qui sert à stocker plusieurs produits dont l’anacarde et le café.. Le cacao à lui seul occupe 500 mille tonnes.