Madagascar: Annexion russe - Vote controversé du pays à l'ONU

La 11e session extraordinaire d'urgence (reprise) de l'Assemblée générale sur l'Ukraine le 12 octobre 2022.

Un vent de controverse souffle au sujet du vote de Madagascar aux Nations Unies, mercredi. Le président de la République n'aurait pas été consulté avant cette prise de position.

Une décision individuelle ? La question se pose avec insistance depuis la fin de semaine. Une question au sujet du vote de Madagascar, à l'Organisation des nations unies (ONU), mercredi.

"Le président de la République n'a pas été consulté avant ce vote", affirment plusieurs sources. L'une d'entre-elle atteste que "cette résolution et la position que devait prendre Madagascar n'ont pas été discutées en conseil des ministres. Il y avait suffisamment de temps pour en discuter et en décider collectivement au sein de l'Exécutif". Des réponses qui tendent à confirmer le bruit qui a circulé dès le lendemain du vote qui s'est tenu à New York, le 12 octobre. Cette information a même été diffusée au journal du soir de la télévision nationale (TVM), samedi.

Le 12 octobre, une résolution condamnant les référendums organisés par la Russie, pour placer sous la bannière russe quatre régions ukrainiennes, a été adoptée par les Nations Unies. La Grande île fait partie des cent-quarante-trois pays à avoir voté en faveur de cette initiative onusienne. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, pourtant, la Grande île a toujours affirmé sa neutralité. Une posture qu'elle a traduite par une abstention lors du vote pour l'adoption d'une résolution condamnant l'agression de l'Ukraine par la Russie, le 2 mars.

À s'en tenir aux confessions des différentes sources, le scénario qui précédé le vote, pour Madagascar, est assez rocambolesque. La consigne de vote officielle, signée, émanant du ministère des Affaires étrangères et reçu par l'ambassade sise à New York a été "l'abstention". "Quelques minutes avant le vote, mercredi, il y a eu toutefois une nouvelle consigne qui a conduit à cette prise de position de Madagascar, traduire par le vote en faveur de la résolution de l'ONU", concède une des sources contactées.

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Ce revirement de dernière minute a estomaqué les techniciens au ministère des affaires étrangères. "Nous avons été pris au dépourvu", affirme une source parmi les techniciens du siège de la diplomatie malgache. Toutes les sources soutiennent que l'ambassade malgache à New-York "n'aurait jamais voté dans ce sens, sans que la nouvelle consigne, in extremis, n'émane du ministre [à savoir le ministre des Affaires étrangères]".

Intérêt du pays

À l'indiscrétion selon laquelle le président de la République n'aurait pas été consulté préalablement à ce vote, un proche de Richard Randriamandrato, ministre des Affaires étrangères, réplique, "s'il a donné cette nouvelle consigne, il ne l'aurait jamais fait sans un feu vert du Chef de l'État". Jusqu'ici, ni la présidence de la République, ni le ministère des Affaires étrangères ne se sont exprimés officiellement sur le vote de Madagascar aux Nations Unies, le 12 octobre.

La seule voix officielle qui a tenté d'avancer une explication à ce revirement dans posture de Madagascar vis-à-vis de la guerre l'Ukraine et la Russie, est Christian Ntsay, Premier ministre. Tant bien que mal, le locataire de Mahazoarivo a essayé d'arrondir les angles et de ne pas se retrouver en porte-à-faux.

"Madagascar n'a pas du tout changé d'avis. Notre politique diplomatique est claire, nous ne pouvons pas prendre parti pour un tel ou un tel. Nous avons posé comme principe que notre priorité est l'intérêt du pays", a déclaré Christian Ntsay, en marge d'un double événement à l'hôtel de ville d'Antananarivo, à Analakely, vendredi. Il a souligné, "nous condamnons la guerre entre la Russie et l'Ukraine, dans son ensemble, mais nous ne prenons parti, ni pour l'un, ni pour l'autre".

Des observateurs sont dubitatifs quant aux dires du Premier ministre, qui condamne la guerre dans son ensemble, tout en restant neutre vis-à-vis de la Russie et de l'Ukraine. Ceci, étant donné que le conflit a été déclenché par les russes. Après avoir parlé de la guerre, le chef du gouvernement a, aussi, essayé d'apporter une explication au vote de Madagascar, mercredi, aux Nations Unies. Il a fait un rapprochement avec les revendications malgaches pour la rétrocession des îles éparses.

"Nous sommes également victimes d'une occupation illégale de notre territoire. Il est légitime que nous prenions cette position et refusions l'atteinte à l'intégrité territoriale d'un pays", a soutenu Christian Ntsay. "Intégrité territoriale de l'Ukraine : défense des principes consacrés par la Charte des Nations Unies", est l'intitulé de la résolution onusienne votée le 12 octobre. Qu'importe le scénario qui s'est joué en coulisse, officiellement Madagascar a voté en faveur de l'acte onusien. Les autorités ne peuvent plus revenir là-dessus. D'aucuns escomptent maintenant que cette prise de position serve et ait des répercussions sur les intérêts nationaux, comme l'a laissé entendre le locataire de Mahazoarivo dans ses réponses à la presse, vendredi.

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