Sénégal: Crise casamançaise - Les Portés disparus, l'énigme et le gros mystère d'un conflit quadragénaire

Une carte montrant l'emplacement de la région de la Casamance au Sénégal (jaune pâle). La région est frontalière avec la Gambie (en gris au-dessus de la Casamance en rouge).
17 Octobre 2022

Une dizaine de personnes dont on n'a jamais retrouvé les traces ! Les portés disparus en Casamance font partie du triste feuilleton qui a marqué le conflit casamançais. Des couples Cave et Gagnaire, disparus en 1995, aux quatre jeunes coupeurs de bois introuvables depuis aout 2018, en passant par ce jeune étudiant de l'Université virtuelle du Sénégal (UVS) porté disparu dans la forêt de Goudomp, ce conflit quadragénaire risque de s'en aller avec ce gros mystère qui plane dans son évolution. Sud Quotidien vous replonge dans cet épisode énigmatique de ces portés disparus en Casamance.

Le conflit casamançais n'a pas fait que des morts, des blessés et des victimes de mines (antichar et antipersonnel) ; il a tristement brillé par son lot de portés disparus. Ces personnes disparues qui n'ont laissé aucune trace derrière depuis constituent une catégorie de victimes qui continue de semer désolation et résignation chez les proches de ces personnes devenues depuis introuvables. Il faut remonter en 1995, pour assister au premier feuilleton de personnes portées disparues dans la région naturelle de Casamance.

Le 06 avril 1995, dans la région de Ziguinchor, les couples français Martine et Jean Paul Gagnaire et Catherine et Claude Cave (soit 04 touristes), en vacances en Casamance, disparaitront mystérieusement sur l'axe Ziguinchor-Capskiring. Ils n'arriveront jamais dans la cité balnéaire du Capskiring qu'ils devaient rejoindre pour leur excursion. Ont-ils été tués par les éléments rebelles supposés appartenir au Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) ? Ni les autorités sénégalais encore moins celles françaises n'arriveront à confirmer leur mort. Seul leur véhicule sera retrouvé. Le MFDC n'a aussi jamais revendiqué "cette prise d'otages".

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Suite à cet épisode douloureux entouré de mystère, il faudra attendre une vingtaine d'années après pour assister encore à un autre feuilleton de personnes portées disparues en Casamance. En aout 2018, alors qu'on n'avait pas encore fini de pleurer les 14 bucherons froidement abattus par un commando armé dans la forêt de Boffa-Bayotte, quatre (04) jeunes coupeurs de bois disparaissent dans la zone de Boussoloum. Leurs familles, dans une totale résignation, n'ont toujours pas de nouvelles de leurs proches. Parties à la cueillette de fruits sauvages dans la forêt de Boussoloum, dans la commune de Boutoupa Camaracounda, (département de Ziguinchor), le 04 aout 2018, ces quatre personnes sont depuis introuvables. Une lueur d'espoir avait pourtant jailli au sein de leur famille lorsque, quelques mois après leur disparition, un exploitant forestier avait déclaré les avoir vu entre les mains d'éléments armées. Une fausse alerte qui a depuis replongé leurs familles dans l'inquiétude et la totale résignation.

Même sentiment chez la famille de ce jeune étudiant de l'Université virtuel du Sénégal (UVS), lui aussi porté disparu en 2019 dans la zone de Goudomp, dans la région de Sédhiou. Il était parti à la recherche des bœufs de son père, volés par des individus inconnus. Il a suivi les traces de ces voleurs ; mais il ne reviendra plus jamais. Une liste de portés disparus qui n'est peut-être pas exhaustive mais qui s'est allongée au fil des années de ce conflit quadragénaire qui continue de garder un gros mystère sur ces portés disparus. Une dizaine de personnes dont on n'a jamais retrouvé les traces dans les forêts casamançaises "jadis" sanctuaires d'éléments armés.

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