Ile Maurice: Le baby-boom des mamans trentenaires

Alors que Maurice affiche une baisse des naissances depuis quelques années, les statistiques de la Santé de 2021 donnent des indicateurs étonnants. Le pourcentage des Mauriciennes de 35 ans et plus qui donnent la vie est passé à 16,3 % contre 15,4 % entre 2021 et 2020. En revanche, celui des filles-mères de moins de 20 ans a chuté de 8 % en 2020 à 7,1 % en 2021. Pourquoi ces changements et quelles sont leurs implications ?

Publiés la semaine dernière, les Maternal and Child Health Indicators du rapport des Health Statistics 2021 offrent de nouvelles perspectives sur la natalité en chute libre depuis quelques années à Maurice. En effet, 12 108 naissances ont été recensées en 2021, contre 12 554 en 2020. Cela dit, les spécifications démographiques sont des plus intéressants.

Par exemple, le pourcentage de mamans âgées de 35 ans et plus progresse. D'un taux de 11,1 %, en 2012, celui-ci était de 16,3 % l'an dernier. Des chiffres qui peuvent surprendre dans la mesure où cette tranche d'âge est moins encline à procréer pour des raisons professionnelles, économiques et médicales.

Parallèlement, le phénomène de filles-mères de moins de 20 ans est en baisse. En 2021, le taux était de 7,1 % contre 8 % en 2020. Dix ans plus tôt, il était estimé à 10,8 %. D'ailleurs, l'an dernier, 52 bébés sont nés de mamans de moins de 16 ans. En 2020, ce nombre était de 76, indiquant une baisse de 31,6 %.

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Qu'est-ce qui expliquerait ces tendances ? Dans l'ère moderne, analyse Prisheela Mottee, président de Raise Brave Girls, les couples se marient plus tard, soit après 25 ans, et une grosse majorité d'entre eux privilégient davantage leur carrière. D'après elle, ces derniers prennent leur temps et planifient la naissance de leur bébé. Il faut aussi considérer le coût de la vie plus élevé qui décourage les couples à procréer tôt ; ils préfèrent se stabiliser financièrement.

Vidya Charan, directrice exécutive de la Mauritius Family Planning and Welfare Association, constate que les mamans reportent leur grossesse, pour plusieurs raisons. Les obligations professionnelles, la malbouffe et le manque de suivi médical pendant la grossesse n'arrangent guère la situation.

D'après la Dr Mithi Mehta, gynécologue et obstétricienne, qui exerce à la Clinique du Nord, à 35 ans, la plupart des couples ont construit leur carrière et sont alors prêts à construire une famille, étant bien installés et indépendants. Mais les femmes de 35 ans ou plus ont parfois des problèmes pour concevoir facilement. D'ailleurs, parfois des femmes de plus de 30 ans cherchent un traitement pour l'infertilité, ne pouvant concevoir naturellement après plusieurs essais. Cela peut venir de l'âge ou d'une maladie, comme des ovaires polykystiques.

Quid des grossesses précoces ? Selon Prisheela Mottee, l'abolition du mariage d'enfants, prévue dans la Children's Act, a eu un impact direct sur la baisse des fillesmères. "C'est un signe positif car la place des enfants est à l'école. Et nos jeunes se focalisent sur les moyens d'assurer leur futur avant de s'engager à avoir des enfants. Les campagnes des partenaires contre le mariage infantile semblent avoir porté leurs fruits", déclare-t-elle.

Vidya Charan accueille cette baisse de la grossesse précoce positivement. "Cela montre que la campagne de prévention s'accentue dans la communauté. De plus, les adolescentes sont restées à la maison pendant la période de Covid-19."

Selon la gynécologue, les statistiques de grossesses adolescentes ont diminué dans la dernière décennie. "La vie est plus chère et les adolescents veulent être indépendants, se concentrant davantage sur une bonne carrière. L'État a beaucoup contribué en ce sens. L'éducation est gratuite à tous les niveaux, ce qui facilite la vie à beaucoup de jeunes et aux parents", soutient-elle.

Autre aspect intéressant : le taux de mortalité infantile a augmenté entre 2016 et 2020, passant de 11,6 % à 14,7 %. Toutefois, en 2021, un petit fléchissement à 13,6 % est observé. Notons que la majorité des décès infantiles (88 sur un total de 165) est survenue entre 0 et 6 jours l'an dernier.

Le rapport des Health Statistics de 2021 évoque des anomalies congénitales, des détresses respiratoires ainsi que des problèmes liés à la croissance et la nutrition du fœtus dus à une courte gestation et un poids inférieur qui seraient les principales causes de décès. La gynécologue mentionne justement les naissances prématurées avant la 37e semaine de grossesse et les bébés de faible poids. Maurice recense aussi davantage de bébés naissant avec un poids inférieur à 2,5 kg. Ce taux est passé de 16,3 % en 2017 à 19,3 % en 2021. Pourquoi ? Quelles en sont les implications ?

D'après Prisheela Mottee, ce sont des signes qu'il faut investir davantage dans la santé prénatale. "Nous devons intégrer des conseils médicaux, de bien-être et œuvrer pour des sessions de thérapie de couple. Notre organisation - Raise Brave Girls - pense fermement qu'il faut créer un environnement adéquat pour les futurs parents lorsqu'ils viennent pour des rendezvous médicaux, qui auront des impacts positifs."

Pour la Dr Mithi Mehta, le poids normal d'un nouveauné à terme (à la 37e semaine complète) doit être d'au moins 2,5 kg. "Les nouveau-nés pesant jusqu'à 2 kg peuvent également être en bonne santé à terme, mais ceux dotés d'un poids inférieur à 2 kg ont besoin d'un soutien supplémentaire et doivent être étroitement surveillés dans l'unité de soins intensifs néonatale", explique-t-elle.

Le mode de vie joue un grand rôle durant la grossesse. Si les patientes enceintes négligent leur alimentation, le repos, la prise de médicaments appropriés et les visites gynécologiques, et consomment du tabac, de l'alcool ou d'autres substances dures, elles risquent des complications telles qu'un retard de croissance intrautérin, une hypertension induite par la grossesse, un décollement prématuré du placenta, entre autres. Cela peut entraîner un accouchement prématuré, d'où un faible poids à la naissance.

Malheureusement, tous ces nouveau-nés ne s'en sortent pas malgré une surveillance de près. Il est donc obligatoire que les femmes prennent bien soin d'elles-mêmes à tous les égards durant la grossesse, conseille la Dr Mithi Mehta.

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