Gabon: Tribunal de Franceville - Guy Nzouba-Ndama déballe ses valises d'argent devant le prétoire

" Tel un trafiquant issu du crime organisé " : c'est sous ce titre au vitriol que " L'Observateur Paalga ", dans son éditorial du mercredi 21 septembre dernier, est revenu sur cette affaire de mallettes d'argent saisies par la douane gabonaise.

En effet, quatre jours auparavant, l'ancien président de l'Assemblée nationale du Gabon, Guy Nzouba-Ndama, avait été interpellé en possession de trois valises de billets de banque alors qu'il revenait du Congo-Brazzaville. Montant intercepté : un milliard cent quatre-vingt-dix millions de francs CFA.

Certes, les textes de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) autorisent ses ressortissants à circuler avec une somme illimitée. Mais obligation leur est faite de déclarer et de justifier le montant lorsque celui-ci dépasse le million de francs CFA.

Or en l'espèce, celui qui fut un cacique du Parti démocratique gabonais avant de passer à l'opposition n'a ni pipé mot du contenu de ses cantines ni fourni d'explications sur l'origine des fonds.

En tout cas, c'est ce qu'indique le substitut du procureur de la République de Franceville, Blera Ibinga : " Pour avoir refusé de déclarer lesdits francs, et pour n'avoir pas pu justifier leur provenance, un procès-verbal de détention irrégulière de fonds a été dûment établi, et lesdits fonds ont été confisqués."

On a beau être au pays de Léon Mba et d'Omar Bongo, véritable monarchie pétrolière de l'Afrique centrale, où certains grands commis de l'Etat sont riches comme Crésus, reconnaissons que quand bien même l'origine de ces fonds serait licite, circuler avec un tel pactole est tout simplement indécent et dépasse l'entendement.

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Poursuivi donc pour " trafic illégal de marchandises ", Guy Nzouba-Ndama, assigné à résidence surveillée, a néanmoins comparu hier mercredi 19 octobre 2022 devant le tribunal de première instance de Franceville. Un chef d'inculpation que rejettent ses avocats, estimant que l'argent transporté par leur client ne saurait constituer de la " marchandise ".

Une bien fragile ligne de défense pour celui qui est appelé à déballer ses valises d'argent devant le prétoire du chef-lieu du Haut-Ogoué. Avant d'en faire de même à Libreville.

En effet, toujours en relation avec la même affaire, le président du parti Les démocrates est poursuivi dans la capitale pour " association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l'Etat, intelligence avec une puissance étrangère, corruption active et blanchiment de capitaux ". Un chapelet de griefs qui en dit long sur le poids du dossier qui pèse sur le septuagénaire, pris le doigt dans le pot de confiture, tel un mauvais garnement.

Au-delà de son avenir judiciaire qui se joue à travers ces procès, il faut dire que ce sont les ambitions politiques d'un prétendant sérieux au Palais du bord de mer qui risquent d'être contrariées.

C'est que, quand bien même il n'aurait pas encore officiellement annoncé sa candidature à la prochaine présidentielle prévue en août 2023, comme le pressent ses partisans, nul doute que le président du parti Les démocrates y pense sérieusement et s'y prépare véritablement. Et qui sait si cette tentative de passer la frontière avec autant de valises d'argent ne procède pas d'une stratégie de mobilisation du nerf de la guerre électorale.

Bien sûr, d'aucuns verront en ces procès une sorte de cabale politico-judiciaire contre un potentiel challenger du président actuel, Ali Bongo, qui a déjà annoncé sa candidature. Mais même si tel était le cas, force est de reconnaître que c'est Guy Nzouba-Ndama qui en a donné l'occasion. Et on ne peut pas trainer autant de cantines de billets de banque sans traîner de casseroles. Comme il fallait s'y attendre, on ne manquera pas de les faire tinter. Bruyamment.

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