Liberia: Procès de Kunti Kamara, ex-chef rebelle - Les témoins défilent devant la cour d'assises de Paris

Le procès Kunti Kamara, ancien chef rebelle du groupe Ulimo, devant la cour d'assises de Paris se poursuit. C'est le premier procès en France sur les exactions commises durant la guerre civile au Liberia. Hier mardi, on est passé à un autre volet de l'affaire. Celui où Kunti Kamara est accusé d'avoir tué de sang froid une femme soupçonnée de sorcellerie.

Les témoins ont rapporté l'image d'un Kunti Kamara cruel et sans pitié. À la barre, des habitants de Foya Dundu ont raconté comment le chef rebelle était arrivé furieux dans le hameau, accusant de sorcellerie une femme qui venait de perdre son nourrisson. Il a ordonné à ses hommes de la traîner dehors alors qu'elle était très malade. Kunti Kamara l'a abattue et a fait brûler son corps.

Fayah Gborie était son frère. Dans un témoignage entrecoupé de sanglots, le vieil agriculteur a partagé sa douleur. " Je remercie Dieu qu'on l'ait arrêté car il a tué ma sœur. Ma mère a pleuré chaque jour, elle a arrêté de manger, et elle est morte de chagrin. Je suis donc ici aujourd'hui pour ma sœur, pour ma mère et pour dire au juge que Kunti Kamara a détruit ma famille. Quand je l'ai vu j'ai pleuré... Parce que tout ça c'est à cause de Kunti Kamara. "

Kunti Kamara a écouté sans broncher, souriant parfois. Puis il s'est défendu, fidèle à sa position, en niant tout en bloc. Il connaissait à peine ce village. Il n'a jamais rencontré les témoins. Il n'a commis aucun crime. " C'est un complot ", a répété l'ancien rebelle. Son avocate, Maître Marilyne Secci pointe, elle, les vides de l'enquête. " Le problème dans ce dossier, c'est que nous n'avons pas moyen de vérifier ces témoignages et que c'est la seule chose qu'il y a dans le dossier ; nous n'avons pas d'éléments matériels qui pourraient corroborer des témoignages qui en plus ne concordent pas tous. Il n'y a même pas eu d'excavation pour retrouver les corps des personnes qui auraient été tuées !"

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L'avocate a aussi rappelé que les témoins n'avaient pas reconnu Kunti Kamara sur des photos durant l'instruction. Hier, ils ont pourtant confirmé que c'était bien lui, habillé de sa doudoune noire, assis dans le box des accusés. Le procès de Kunti Kamara s'est ouvert lundi 10 octobre en France. Commandant de l'Ulimo durant la première guerre libérienne (1989-1997), il encourt la prison à perpétuité. Kunti Kamara est poursuivi pour complicité de crimes contre l'humanité, tortures et actes de barbarie, en 1993 et 1994, dans le comté de Lofa.

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