La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) a lancé mercredi 19 octobre une campagne internationale de soutien à une Soudanaise condamnée à la peine de mort par lapidation le 26 juin dernier, à Kosti, dans l'État du Nil Blanc. La jeune de 20 ans est accusée d'adultère. Un an après la prise de pouvoir du général Abdel Fattah al-Burhan, cette décision a des chances d'être annulée en appel, mais elle illustre un retour aux formes de répression orchestrées par le régime d'Omar el-Béchir.
" C'est le symbole que le régime d'Omar el-Béchir n'est jamais vraiment tombé. Rien n'a changé! " dénonce Hala al-Karib, présidente de l'Initiative stratégique pour les femmes dans la Corne de l'Afrique (Siha), organisation de défense des droits des femmes. Malgré la chute du régime islamiste, le code pénal mis en place en 1991 est toujours en vigueur. Il est particulièrement sévère à l'égard des femmes.
Ce qui inquiète de nombreux militants c'est le retour en force des partisans du régime d'el-Bachir dans le sillage du coup d'État militaire. Depuis un an, nombreux d'entre eux ont été réhabilités, sortis de prison ou sont revenus d'exil. Certains ont regagné leur poste dans les administrations et notamment au sein du pouvoir judiciaire.
" Les prisons pour femmes se remplissent depuis plusieurs mois ", livre une avocate qui condamne la criminalisation croissante des femmes depuis un an.
Car les signaux négatifs se multiplient. Outre cette peine de mort prononcée à l'égard de cette jeune femme en juin, les autorités ont annoncé en août la création d'unités de " police communautaire ". Leur mandat reste vague mais rappelle l'arsenal juridique mis en place par le régime d'Omar el-Béchir. Pendant 30 ans, les " lois relatives à l'ordre public " ont criminalisé les tenues et les pratiques jugées " indécentes " et ont valu à de nombreuses femmes coups de fouets et humiliations.
Intense pression internationale contre des peines de lapidation
Au Soudan et à l'international, de nombreuses organisations de défense des droits des femmes demandent aux autorités soudanaises d'annuler cette sentence, qui constitue " une peine cruelle, inhumaine et dégradante ", et de garantir la libération immédiate et inconditionnelle de la jeune Soudanaise, détenue depuis le mois de juin.
La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et ses partenaires ont lancé une pétition dans ce sens. Car si en 30 ans, aucune des sept peines similaires prononcé par des tribunaux soudanais n'a été appliquée, il a fallu à chaque fois une intense pression internationale pour inverser la décision, explique Victoire d'Humières, chargée de programme au bureau Afrique de la FIDH :
La FIDH lance une pétition après la condamnation d'une jeune Soudanaise à mort par lapidation pour adultère