Sénégal: Dans "Hommages posthumes", Alpha Amadou Sy salue la mémoire de grandes figures culturelles et intellectuelles du pays

Dakar — Le professeur de philosophie à la retraite, Alpha Amadou Sy, vient de publier aux Editions L'harmattan, "Hommages posthumes", son quinzième ouvrage à travers lequel il honore des figures emblématiques du Sénégal qui ont contribué au rayonnement culturel et intellectuel du pays et dont "l'oubli a été presque organisé", a appris l'APS.

Le livre, paru en même temps à Dakar et à Paris depuis le 15 octobre dernier, fixe pour la postérité le parcours remarquable d'hommes de culture sénégalais disparus.

"Apporter notre modeste contribution à fixer pour la postérité le parcours si remarquable de ces hommes de culture, nous a incité à publier des hommages rendus à certains d'entre eux à l'occasion de leur décès", a expliqué M. Sy dans un entretien avec l'APS.

La publication revient sur le parcours de ces "illustres" femmes et hommes de culture tels que Charles Camara, professeur de lettres et critique littéraire décédé en 2014, Alassane Ndaw (1922-2013) qui fut parmi les premiers professeurs de philosophie de l'Afrique de l'Ouest.

Il y a aussi le fondateur de la sociologie sénégalaise Abdoulaye Bara Diop (1930-2021), l'ancien ministre Assane Seck (1919-2012), l'économiste émérite, auteur et critique littéraire Amady Aly Dieng (1932-2015), le fondateur de "Présence Africaine" Alioune Diop (1910-1980), le philosophe Mamadou Ablaye Ndiaye (1956-2015).

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L'auteur rend aussi hommage au co-fondateurs de l'Abbaye de Keur Moussa au Sénégal, Père Dominique Catta (1884-2018), au musicologue Ousmane Sow Huchard (1943-2020), à l'ancien haut fonctionnaire Doudou Diène né en 1941, l'écrivaine wolof Fatou Niang Siga (1932-2022) et l'ancien bibliothécaire de l'Université Léopold Sédar Senghor d'Alexandrie en Egypte, Laurent Baaya Gomis (1955-2021) .

"Producteurs d'idées, porteurs de projets et, parfois, conducteurs d'hommes, ils ont su faire montre d'un sens de l'éthique à la dimension de leur conscience de la nécessité de préserver les valeurs cardinales de l'humanitude", a estimé l'auteur.

A l'en croire, la publication des "Hommages posthumes" peut être interprétée comme une sorte de révolte contre le laxisme avec lequel la mémoire nationale est gérée.

"Alors que les Républiques aux assises précaires ont besoin d'un vigoureux imaginaire qui s'alimente des mythes, faits et gestes de ces filles et fils les plus méritants, il se donne à voir presque une indifférence à l'endroit des femmes et des hommes qui ont incessamment œuvré pour faire triompher l'idéal d'un monde de justice", a déploré Alpha Amadou Sy, par ailleurs président de la Communauté africaine de culture section Sénégal (Cacsen).

Selon lui, de l'absence de structures dédiées à la commémoration des grands événements et à la célébration des hommes et des femmes de valeur, il a résulté un manque de rationalisation qui pourrait alimenter cet imaginaire si nécessaire à l'initiative historique.

"Dans le livre, nous avons donné beaucoup d'exemples pour illustrer ce terrible manquement. Et le dernier enseignement, nous provient encore de l'extérieur", a-t-il dit.

Au moment où ce livre est édité, "nous apprenons que l'Ile de Nantes vient d'avoir son Allée Boubacar Joseph Ndiaye. Savait-on que ce bien mythique conservateur allait avoir, ce 15 octobre 2022, cent ans ? Qu'est- ce que la Nation a fait pour cet homme, partie intégrale de l'histoire de Gorée ?", s'est indigné l'auteur à propos du sort réservé à l'ancien Conservateur de la Maison des esclaves à Gorée.

Poursuivant son propos, Alpha Amadou Sy a estimé qu'il est loisible de dresser une longue liste de ces personnes qui ont tant mérité de la République et autour desquelles "l'oubli a été presque organisé".

Dans "Hommages posthumes", l'administrateur de la société "La Saint-lousiènne de la culture et de la recherche", a invité à une réflexion sur l'articulation entre devoir de reconnaissance et exigence de transmission.

Il a souligné que la "Reconnaissance et transmission" sont les deux versants de la valorisation d'une personne pour services rendus. "La première est importante, et la deuxième, déterminante", a estimé le philosophe.

"Cette reconnaissance peut se manifester sous forme de décoration, de monumentalisation, de parrainage, etc. Mais la transmission est plus fondamentale, car elle permet l'appropriation et la consolidation de ce pourquoi l'homme ou la femme a été jugé méritant", a expliqué Sy.

Il a cité comme exemple l'honneur fait au professeur Cheikh Anta Diop dont l'université de Dakar et le laboratoire de l'Institut fondamentale d'Afrique noire portent le nom. Ce qui est, selon Alpha Amadou Sy, une excellente initiative en matière de reconnaissance.

Philosophe de formation, le Saint-louisien Alpha Amadou Sy qui a enseigné au lycée Cheikh Oumar Foutiyou Tall (Ex-Faidherbe) est auteur d'une quinzaine d'ouvrages, notamment des essais, romans, parmi lesquels on peut citer "Les couples dans la tourmente" publié en 2020, un essai sur les ménages à l'épreuve des mutations socio-professionnelles.

Il y a aussi "'L'imaginaire Saint-Louisien" (Domou Ndar à l'épreuve du temps) sorti en 2014 et "L'Afrique et le défi Républicain" publié en 2011, entre autres ouvrages.

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