Congo-Brazzaville: Criminalité - La force publique et la justice interpellées

Cela fait déjà des années que Brazzaville, Pointe-Noire et autres villes congolaises font face à la recrudescence du grand banditisme. Un phénomène inquiétant dont les auteurs sont des jeunes délinquants désœuvrés qui menacent, tuent et apeurent la population, mettant en cause la paix sociale. La force publique et les services judiciaires sont appelés à relever le défi pour garantir la quiétude générale.

Depuis bien des années, que ce soit dans la ville capitale, à Pointe-Noire ou dans d'autres villes et localités du pays, la population vit la peur au ventre, à cause des groupes de gangs appelés " Bébés noirs ou Kulunas ". Ces hors-la-loi écument les cités et mettent en péril l'ordre public et la quiétude des citoyens.

Dans ces zones, de jour comme de nuit, ces jeunes gangsters, réunis au sein des écuries dénommées " américains ou arabes ", bien connues de tous, braquent, volent, violent et tuent à souhait sur leur passage, sans souvent être inquiétés.

Pour lutter efficacement contre ce banditisme urbain, le gouvernement multiplie des initiatives, à travers les forces de sécurité, mais qui se révèlent souvent infructueuses. Il a lancé récemment une opération spéciale conjointe menée par les éléments de la police et de la gendarmerie nationale. Lancée le 31 août dernier, cette opération dénommée " Esprit ya ba démons " visait à intensifier la traque de ces bandits. A son lancement, près de 600 jeunes délinquants avaient déjà été interpelés en deux semaines. Une prompte réaction des services de l'ordre qui avait suscité l'espoir d'une nouvelle vie sociale en paix et sans agressivité dans les quartiers populaires.

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Aujourd'hui, bien qu'en baisse constante, le grand banditisme est encore loin d'être jugulé à travers le pays. Ce qui interpelle à plus d'un titre les Congolais. C'est le cas des présidents des deux chambres du Parlement qui ont, à l'ouverture de leurs sessions budgetaires respectives, alerté les autorités quant à l'ampleur que prend ce phénomène dans le pays.

" Le Congo est réputé d'être havre de paix à l'intérieur duquel les habitants jouissent habituellement de la liberté de circulation, de parole et mènent la vie en toute quiétude. Les phénomènes de nature à semer la psychose chez les paisibles citoyens, qui semblent prendre corps ces derniers temps sur notre territoire, sont à condamner et à combattre avec toute fermeté. La force publique et la justice sont mises au défi pour prouver leur efficacité, en veillant à ce que la paix ne soit plus jamais troublée ", déclarait Pierre Ngolo, président du Sénat.

Le président de l'Assemblée nationale, Isidore Mvouba, de son côté, estimait que les habitants des grandes villes du pays étaient " quotidiennement hantés et troublés par cette sorte de réchauffement criminel ". " C'est pourquoi, le gouvernement se doit d'élaborer des stratégies de choc, pour neutraliser ce phénomène néfaste qui écume nos cités et sème çà et là peur et désolation ", exhortait-il.

Quelques jours auparavant, le premier président de la Cour suprême montait au créneau lors d'une rencontre avec les jeunes avocats exerçant à Brazzaville, pour interpeller tous les professionnels du droit sur ce phénomène. Selon Henri Bouka, il appartient aux magistrats, avocats et autres professionnels du droit de vaincre le grand banditisme par une action judiciaire plus vigoureuse, en adéquation avec les lois de la République. Certaines personnes disent, avait-il souligné, que l'impunité des kulunas est de la faute de la justice qui ne juge pas vite, qui ne se montre pas éminemment dissuasive par l'exemplarité des peines prononcées. " C'est ensemble que nous allons imposer à tous la prééminence du droit, le règne de la justice... C'est par la pertinence du travail, par l'acharnement au travail que nous briserons les nouvelles formes de violences exprimées ici et là par des Kulunas impunis ", estimait-il.

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