Ile Maurice: Maurice - Le probable meurtre d'un militant de la coalition au pouvoir agite le pays

Les conclusions d'une enquête judiciaire sur le probable assassinat d'un militant d'un parti au pouvoir provoquent de vives critiques envers la police et embarrassent grandement le pouvoiren Ile Maurice. Des révélations médiatiques, cette semaine, sur cette affaire connue comme les " Kistnen Papers " agitent le pays. Les partis d'opposition ont tenu, mercredi, une manifestation devant le parlement. Ils dénoncent " un assassinat politique " et estiment qu'une " ligne rouge a été franchie " car de telles pratiques sont étrangères à la culture du pays.

" La Justice doit triompher, la vérité, c'est la volonté du peuple ", insiste Arvin Boolell, une des figures des partis d'opposition qui font bloc pour une même cause : élucider un assassinat probablement politique et dont l'enquête piétine.

Le 18 octobre 2020, le corps sans vie, partiellement brûlé, de Soopramanien Kistnen, un militant du principal parti au pouvoir, le Mouvement socialiste militant, avait été retrouvé dans un champ de cannes à Moka.

Suicide pour la police

Coïncidence, selon son entourage, cet homme de 52 ans avait menacé, quelques jours auparavant, de révéler de prétendues pratiques de corruption et de fraude électorale par l'alliance au pouvoir, notamment dans la circonscription du Premier ministre Pravind Jugnauth, et ses deux colistiers également ministres à ce moment-là.

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La majorité avait fortement démenti tout lien politique avec cette affaire, mais l'empressement de la police à vouloir faire croire à un suicide va éveiller de profonds soupçons.

Des documents d'une enquête judiciaire révélés par Radio Plus, la station la plus écoutée à Maurice, provoquent depuis vendredi de nouvelles agitations.

" Ingérence politique "

La police s'est mobilisée pour disperser une manifestation, mardi, devant l'hôtel du gouvernement. Le rapport d'une enquête menée par une magistrate blâme non seulement la légèreté de la police dans cette affaire, mais accable un membre de la majorité, en l'occurrence Yogida Sawmynaden, ministre du Commerce contraint à la démission quand avait éclaté l'affaire, il y a deux ans.

L'opposition s'interroge sur l'absence d'une inculpation après les révélations de l'enquête judiciaire. " Il a eu ingérence politique pour empêcher la police de faire son travail comme il le faut. L'enquête aurait dû être terminée. La personne dont le nom a été citée, M. Sawmynaden, aurait dû être convoquée par la police. On attendait aussi qu'il y ait des charges formelles ", soutient Arvin Boolell, député du Parti travailliste et ancien ministre des Affaires étrangères.

Deuxième enquête

Pour sa part, le Premier ministre Pravind Jugnauth a déclaré à l'assemblée nationale que l'enquête policière est toujours en cours et que la police fera connaître sa position en consultation avec la justice.

Le ministre de la Justice Maneesh Gobin a précisé qu'une deuxième enquête est menée par la Commission anti-corruption.

Mais " à qui faire confiance si la police et les autres sont tellement infectée de l'intérieur " se demande Transparency Mauritius. L'organisation de lutte contre la corruption note que les nouvelles révélations médiatiques ont créé " une tempête politique, institutionnelle, mais aussi morale dans le pays ".

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