Les mensonges répétés n'arriveront jamais à constituer même une demi-vérité. Et contrairement à ce que certains tiennent à faire croire, l'action politique consacre bel et bien et en premier lieu l'esprit d'apaisement, surtout quand cela devient nécessaire pour atténuer les divergences, et non pas l'esprit de polémique auquel ils font allusion, et à travers lequel ils justifient leurs débordements.
Le comportement et l'attitude que les initiateurs du Front de salut laissent entrevoir depuis quelque temps traduisent plutôt un accroissement des défaillances et des dérives. Des irrégularités et des écarts déclarés dans la manière de concevoir et d'appréhender justement l'action politique. Les dépassements qu'ils continuent de se permettre constituent un versant de reconversion grave. Un versant qui consiste à transformer tout ce qui est entrepris ici et là en pratiques étrangères au champ politique, à l'intégrité et à l'honnêteté intellectuelle. Cela concerne notamment ceux qui n'ont pas d'arguments valables pour justifier ce qu'ils ne cessent de prétendre...
Il arrive parfois que l'on ait tendance à justifier certains actes et à prétendre que cela est conforme à la réaction que l'on peut avoir face à telle ou telle situation contraignante. Faux, car cela ne fait que pousser au paroxysme une logique qui foule aux pieds les valeurs sur lesquelles repose justement l'action politique.
Il faut dire que le paysage politique en souffrait depuis le temps de la Troïka, suivi du règne absolu d'Ennahdha. Cela ne semble pas pour autant s'arrêter, même après la fin de la décennie noire. Passés aujourd'hui de l'autre côté de la barrière, les dirigeants nahdhaouis prouvent de plus en plus qu'ils sont dans l'incapacité de se démarquer de la typologie classique des contestations et des dérapages sans raison. Il est évident que la banalisation et la justification des dérives auxquelles ils s'adonnent ne sont autres que cet abîme qui absorbe sans résistance ni espoir tout le paysage politique.
Aujourd'hui nous sommes tristes pour un paysage vidé de toute substance politique. Un paysage qu'on ne semble plus reconnaître et qui perd de plus en plus sa raison d'être. La dégradation qui y pèse est liée essentiellement au dérapage des principaux dirigeants des partis. Pas tous certes, mais suffisamment nombreux pour dénaturer l'action politique. Il s'agit d'un mélange de simulation, de fausseté et tout ce qui rend ces gens-là terriblement défaillants. On ne comprend plus comment ils sont arrivés là où ils sont aujourd'hui. Mais on sait désormais comment ils sont rejetés par la plupart des Tunisiens.
Mais le problème est cependant plus profond que les dépassements de simples personnes et leurs semblables et qui enfoncent le paysage politique dans une spirale sans fin. Tant que les dépassements se gravent à l'encre indélébile, il appartient en effet aux Tunisiens de trancher. Et il n'y a pas un juste milieu à trouver. Mais surtout des valeurs à préserver et à sauvegarder, tant qu'il est encore temps...
