Dans le cadre de "l'Ecrit à l'Ecran" (Festival vues sur les arts) qui s'est déroulé à l'Agora, c'est le court-métrage corse "In Festa" d'Hélène Giudicelli qui a été présenté au public avec un débat autour du film, en présence de la réalisatrice.
Force est de croire que le cinéma corse est peu connu sous nos cieux. Un cinéma qu'on découvre à travers une nouvelle génération, car la réalisatrice fait partie de cette jeunesse corse qui cherche aujourd'hui à mieux connaître son histoire, mais aussi à voir sous un autre prisme la question de la violence sur l'Île. "In Festa" est, en fait, un film sur l'innocence de la jeunesse qui s'envole, parfois de manière violente.
"Dans les années 1990, trois amis d'enfance, Joseph, Antoine et Saveria, vivent un été paisible et chaud dans leur petit village corse. Chacun prend part à l'organisation du bal annuel. Au cours de l'événement, Joseph rencontre le chef d'une cellule nationaliste clandestine, afin de rejoindre ses troupes. Ce choix n'est pas du goût de ses amis et crée des tensions au sein du trio, qui s'ajoutent à des sentiments amoureux croissants".
Le film a été présenté dans le cadre "Vues sur les arts" et, particulièrement, dans la section "l'Ecrit à l'Ecran", conçue et animée par Tarek Ben Chaâbane. L'écriture scénaristique est au centre de cet atelier, qui est destiné notamment aux étudiants du cinéma en vue de les initier à cet exercice et les aider dans l'élaboration de leurs projets de scénario.
"In Festa" a été suivi d'un débat de la part des étudiants, en présence de la réalisatrice, qui a notamment parlé du passage de l'écrit à l'écran de son propre film : "J'ai fait beaucoup de recherches et réalisé des interviews de personnes qui ont connu cette période, déclare-t-elle. Durant ces années, il y avait une guerre fratricide entre les deux branches armées du Flnc. J'ai alors posé ce contexte pour mon film. Je voulais, notamment, traiter le rapport des Hommes avec la violence : comment bascule-t-on dans la violence, comment évolue-t-on dans un groupe violent, quelles sont nos limites...
". Et d'ajouter : "J'avais aussi envie de traiter de la complexité de la jeunesse sur l'île. Pour cela, j'ai eu l'idée d'articuler l'histoire autour d'un trio d'amis d'enfance soudés qui ont pourtant des personnalités opposées. Chaque personnage reflète une facette de la Corse : l'un d'eux représente une jeunesse identitaire et violente, un autre, une jeunesse attachée aux traditions, à sa terre et à la simplicité. Enfin, le troisième personnage représente une jeunesse ouverte sur le monde et qui souhaite participer à la modernité. J'ai, ensuite, mêlé les intrigues amicales, amoureuses et idéologiques au contexte historique", conclut-elle.