Tunisie: L'entreprise autrement | Un point d'ordre s'impose

19 Octobre 2022

"Emportée par l'oued en crue, la vieille ne cesse de crier à l'abondance". Traduction de l'un de nos plus célèbres proverbes et qui pourrait illustrer l'attitude mentale et le comportement du pouvoir de fait qui tient, depuis plus de 14 mois, les rênes de notre pays. Abondance, oui, mais des problèmes, des défaillances et des bourdes de tous genres ; abondance... de la misère. D'un autre côté, prospérité des illusions et des chimères.

Progrès de l'ignorance, de la violence, du mal-être, des fléaux de tous genres, des conflits, des pénuries, etc. Alors que l'économie est sinistrée, l'Etat au bord de la banqueroute et de l'implosion, la société en ébullition, les poches vides ou presque et que les conflits politiques risquent de dégénérer, le locataire de Carthage, faisant toujours cavalier seul après avoir transformé l'Etat en une simple petite administration attendant les consignes, n'a d'yeux que pour son très discutable "projet politique", si l'on peut appeler projet une poignée de slogans.

"Nu comme un ver, une bague à l'annulaire!", dit notre autre proverbe qui colle bien à ce sombre tableau. Et par association d'idées, un détour s'impose avec pour éloquente illustration le célèbre conte, "Le roi est nu". Oui, la réalité a mis à nu un pouvoir de fait arrogant qui rêve de rejoindre le Panthéon des grands de l'humanité, alors qu'en réalité, il ne fait que semer la pagaille là où il va. Oui, le roi est nu, mais certains n'osent pas le lui dire.

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Et la caricature du jour se répète à n'en plus finir. Chaque fois qu'un gros problème pointe le nez, pire, plonge ses racines, le pouvoir en place appelle à la rescousse ses collaborateurs concernés et les gave de petits discours bourrés de menaces contre les comploteurs et autres conspirateurs.

La situation catastrophique dans laquelle se noie notre pays est une triste réalité visible à tous, sauf à ceux qui continuent d'espérer que le processus du 25 juillet 2021 va sauver le pays. Même la corde du FMI, que tout le monde attend sur des charbons ardents, est déjà trop courte pour espérer le salut.

Entre-temps, le pouvoir s'affaire pour bricoler des élections législatives dont les résultats seront catastrophiques à tous les points de vue et qui donneront naissance à une Assemblée bourrée d'aventuristes qui ne pourrait servir que comme caisse de résonance à un pouvoir illégal.

Ce dernier se basera sur un texte, qu'il a appelé Constitution, pour conférer une légalité illusoire à des programmes qui n'existent pas. Comment sera géré le pays ? Personne ne le sait et difficile de prédire ce qui va se passer, sauf peut-être un cocktail de gabegie, de charabia et d'absurde. Impossible donc d'aller à des législatives avec une si catastrophique situation. Ce serait l'imposture du siècle. Nous en avons assez de ces élections pour lesquelles un peuple dérouté, politiquement et économiquement analphabète, vivant sous l'emprise de la peur, est convoqué. Cela ne fera qu'aggraver la catastrophe.

Le locataire de Carthage doit comprendre que l'on ne gère pas un pays à coups de décrets, mal ficelés de surcroît. Il doit réaliser qu'il est en train de mener le pays à sa perte et l'Etat à son implosion. Il doit laisser son ego de côté et se conduire comme un président non comme un chef de guerre.

Les élections doivent être retardées, et un dialogue national organisé sans plus tarder. Des rencontres qui doivent réunir les représentants de toutes les formations élues (partis, organisations nationales, conseils municipaux et universitaires, ordres professionnels, etc.). Ne participeront que les formations dont le congrès électif a été organisé dans les délais et dans le respect de la légalité. Ledit dialogue doit, impérativement et comme priorité vitale et extrêmement urgente, accoucher d'une feuille de route, avec, pour première tâche, le sauvetage du pays, son économie en premier. Il s'attellera à la préparation urgente, mais non bâclée du projet de budget de l'Etat et de la loi de finances pour 2023. Il doit ensuite procéder à l'amendement du code électoral de façon à le rendre capable de donner naissance à une Assemblée digne de ce nom.

Il sera chargé de tout expliquer au peuple de façon à ce que ce dernier puisse mieux décider, et des élections législatives et présidentielle doivent être organisées le 20 mars prochain par exemple. Le pouvoir de fait, du 25 juillet 2021, devant partir lui aussi, car il a été un élément fondamental de la crise politique, économique, sociale et morale qui s'est aggravée depuis début 2020, et avec lui sa "Constitution".

Les deux nouveaux pouvoirs procéderont alors à l'amendement de la Constitution de 2014, à la lumière des recommandations du dialogue, déjà cité avec l'instauration d'un nouveau pouvoir, celui de la planification. Un congrès national qui réunira les représentants de la Présidence, de l'Assemblée et des autres structures ayant participé au dialogue déjà cité.

Ainsi, il n'y aura plus de place aux tâtonnements et aux pseudo-politiques publiques parachutées, le Congrès national, à la fois Chambre basse, Chambre haute et Conseil économique et social, sera institutionnalisé et chargé de concevoir les politiques publiques du pays. Celles-ci seront traduites sous forme de plans et de programmes par les deux pouvoirs qui gèrent le pays.

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