Afrique: Livre - " Au crépuscule du rêve " d'Alphonse Chardin N'Kala

Les éditions Les Lettres mouchetées viennent de publier le dernier roman de l'écrivain congolais, Alphonse Chardin N'Kala, " Au crépuscule du rêve ". Un ouvrage préfacé par Boniface Mongo Mboussa.

Moins connu que Tchicaya Utam'Si, Henri Lopes, Emmanuel Boundzeki Dongola ou encore Alain Mabanckou, Alphonse Chardin N'Kala, écrivain et journaliste, directeur départemental du Livre et de la Lecture publique de Pointe -Noire, s'affirme comme un auteur de premier plan.

La trame de son roman est simple. Gihn Mangana, le personnage principal, pour échapper aux menaces de mort de ses cousins qui le soupçonnent de sorcellerie, fuit son village natal, abandonnant sa fiancée et sa mère pour rejoindre la capitale Mouléléké (Brazzaville ou Kinshasha ?). Dans la grande ville, il rejoint le petit peuple avec ses préoccupations quotidiennes : l'argent qui manque, les femmes, l'amour, le sexe, la violence latente dans les rapports entre les êtres. Ces situations auxquelles un écrivain tel qu'Alain Mabankou nous a habituées, transcendent chez Alphonse Chardin N'Kala le pittoresque pour atteindre une forme de néoréalisme.

Le préfacier du livre, intrigué par sa construction, a interrogé l'auteur sur ses influences. Alphonse Chardin N'Kala évoque " Les chiots " de Vargas Llosa. On se souvient que dans cette nouvelle, un jeune garçon mordu aux parties génitales par un chien, désormais surnommé " petit-zizi ", va devoir affronter son passage à l'adolescence et à l'âge adulte en prouvant sa virilité par des attitudes machistes qui se termineront de façon tragique. En lisant " Au crépuscule du rêve ", j'ai songé aux " Nouvelles romaines " de Moravia, qui nous parle des heurs et malheurs du petit peuple romain ou aux " Ragazzi " de Pasolini qui nous décrit des jeunes des banlieues romaines dont l'apprentissage passe par les jeux dérisoires de la ruse et du courage, l'école de la misère et des caïds, une vie faite d'un mélange de désespoir et d'insouciance.

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Le récit se développe en une sorte de théâtre/roman. Les personnages, parfois nommés, parfois simplement identifiés par leur fonction, font irruption au gré des pages et racontent leur ou une histoire voire une version de cette histoire. Les chansons populaires qui scandent le texte, tirées de la rumba dont notre auteur est un fin connaisseur, sont à l'image de ces chœurs du théâtre antique qui commentent de façon collective l'action dramatique.

Son livre se termine par ces mots : " Allez !, Tournez la page ! " que Gihn Mangana connaît. A-t-il une autre vie à travers un amour rédempteur ? Alphonse Chardin N'Kala nous annonce-t-il une œuvre nouvelle ? En tout cas un grand écrivain s'affirme, écrit Paul Encelade.

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