" Kongo ", documentaire d' 1h 10 mn d'Hadrien La Valeur et Corto Vaclav, sorti en 2020, évoque les difficiles tâches de l'apôtre Médard, guérisseur- exorciste, adepte de la confrérie des " Ngunzas " qui se démène pour guérir les malades et victimes de mauvais sorts. Cependant, sa vie bascule un jour, lorsqu'on l'accuse publiquement de pratiquer la magie noire.
Le documentaire relate le quotidien et le travail d'un homme croyant, l'apôtre Médard, qui grâce aux pouvoirs transmis par sa mère exerce à Brazzaville, ville où la foi en l'existence d'un monde invisible qui régit ce qui se passe dans le monde visible est omniprésente.
Dans ce film, les réalisateurs suivent l'apôtre Médard, qui semble-t-il guérit, apporte des solutions en amour, pour la fécondité, grâce aux esprits qu'il invoque. Une rude et périlleuse activité car parfois la séance ne se passe pas bien. C'est ce qui arrive à l'apôtre Médard puisqu'il est publiquement accusé d'être complice des démons qu'il invoque. Il est traîné devant un tribunal coutumier pour se justifier.
Voilà la trame de cette histoire qui entraîne le spectateur entre incantations, prières, sacrifices, invocations des sirènes, bref, embarqué entre le réel et l'irréel, ne sachant plus où se trouve la frontière entre ces deux mondes. Alors, des questions s'entremêlent dans la tête tandis que les réalisateurs vous conduisent entre les mailles de l'apôtre. On découvre le Congo profond par une de ses pratiques courantes, la croyance aux esprits, les liens avec les morts et à certains moments cela remet en question les idées reçues, la foi, les convictions, et au final sème le trouble : charlatan ou mystique, magie ou sorcellerie ?
Difficile de se prononcer car les réalisateurs se contentent de montrer des faits (les succès thérapeutiques comme les mésaventures de l'apôtre) ahurissants, et parfois irrationnels pour laisser à chacun la possibilité de faire sa propre analyse. Et le jeu d'acteur de l'apôtre Médard qui possède une présence et un naturel plonge le spectateur dans cet univers où la notion d'heure n'existe quasiment plus. " Aucun regard sur la camera, aucune tentative d'en rajouter quand on observe ses pratiques alors même qu'il a accepté qu'on le filme sans entrave ni censure, et surtout grâce à de judicieux choix de mise en scène ", rapporte "Jeune Afrique Magazine".
A cela, s'ajoutent la musique et les gros plans de paysage, de pluie, de flous qui semblent invoquer les esprits. Le hors camera se trouve dans le champ et d'une part, on ne voit pas les sirènes mais on sent qu'elles y sont, et de l'autre, l'arrière-plan contraste avec ces activités mystiques. Enfin, ce film s'inscrit dans la série du documentaire ethnologique à la façon de Jean Rouch.
