Madagascar: Radama Ier vu par l'agent anglais Thomas Pye

Dans une lettre privée à Sir Robert T. Farquhar, Thomas H. Pye, agent civil adjoint anglais à Toamasina, évoque en tant que l'un des négociateurs et représentants du gouverneur de Maurice, le traité entre les rois merina, Radama Ier, et betsimisaraka, Jean René. Il lui revient d'expliquer à Radama que le gouverneur de Maurice souhaite " qu'il devienne le roi de Madagascar et qu'il ouvre au commerce la totalité de son royaume, qu'il conclue un traité d'amitié avec Jean René qui était capable de l'aider dans ce dessein, mais qu'il ne touche pas à ses droits et à son autorité ".

L'agent mauricien argumente en précisant que si Radama augmente le pouvoir et l'autorité de Jean René, il consolidera la gloire et la considération de sa couronne dans la partie orientale de l'ile. " Et qu'il ne diminuait pas sa dignité en adoptant Jean René comme son frère- et non comme son fils- depuis qu'ils étaient tous les deux fils de Robert Farquhar. " Le court traité rédigé à l'occasion est ratifié au camp de Manangareza, en présence de l'armée merina toute entière qui accompagne à la même époque Radama à Toamasina. " La signature du traité par Radama et son harangue aux soldats pour le leur expliquer, tout cela fut grand et mériterait la plume de l'historien et le crayon de l'artiste. "

Par la suite, Fiche (Fisaka) le frère du roi betsimisaraka, est réinstallé dans son village à Ivondro et retrouve son autorité. Le 6 juin 1817 au soir, T.H. Pye reçoit du capitaine du schooner français Espoir, battant pavillon arabe, une information confidentielle que le bâtiment s'apprête à embarquer des esclaves le lendemain, et à faire voile aussitôt pour Bourbon. Ce qui transgresse les lois française et anglaise.. Cette trahison s'explique par " la réticence des armateurs à lui payer sa solde et l'appréhension que les Arabes du bord ne veuillent le jeter à la mer en arrivant près de côtes de Bourbon ". Le 8 juin, T.H. Pye quitte discrètement de nuit Toamasina pour Foulpointe où " un jeune homme l'attendait avec impatience " pour l'informer que le capitaine se trouve à bord où quatre vingt dix-sept esclaves viennent d'être embarqués.

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L'équipage est constitué de huit Arabes et de " six solides esclaves employés en qualité de matelots et vêtus comme tels ". Accompagné d'un interprète et d'un guide merina, et secondé efficacement par des guerriers betsimisaraka dirigés par le chef Tsimirilaza, l'agent Pye arrive à s'emparer du navire et à s'y maintenir, malgré deux tentatives des Arabes pour le reprendre. Dans son rapport des évènements, Thomas Pye souligne " que la conduite zélée et désintéressée de Tsimirilaza ", fils cadet du roi betsimisaraka, Zanahary, s'explique parce qu'il a été appelé au trône de Foulpointe à la place de son neveu Sasy, par Sylvain Roux. Des relations d'amitié et de commerce le lient depuis de nombreuses années aux Arabes. Ceux-ci par le paiement de certaines taxes qui lui fournissent la plus grande partie de ses revenus, peuvent utiliser son port. Ainsi, ils exercent une influence dominante dans cette partie de l'ile, " en l'effrayant par leur nombre et leur courage supérieurs ".

Malgré cela, " nous avons vu un chef malgache prendre une aussi rapide et aussi active part à briser les liens des esclaves et pratiquement à renoncer à jamais à ce à quoi il avait l'habitude ". Revenant à Toamasina le 17 juin, Thomas Pye trouve Jean René et tous les hommes alarmés par la nouvelle que Radama a quitté sa capitale avec une armée de quarante mille hommes, pour visiter cette partie de la côte Est. Nouvelle qui les plonge dans la peur et la confusion " par la crainte du nom et de la puissance du roi merina ".

Ce dernier arrive le 4 juillet et le lendemain, le navire Phaëton du capitaine Stanfell accoste, venant de Maurice avec, à son bord, les jeunes princes Rahovy et Ratafika, frères de Radama, et leur précepteur, James Hastie. Présentant le roi merina, l'agent anglais écrit : " La personne de Radama et son visage sont engageants. Il possède, je crois, une grande et belle âme, et il est très sensible aux sentiments de gratitude et d'amitié. En vérité, il m'a semblé, en tous points, digne de la couronne qu'il porte. " Car par-delà les apparences, indique Tomas Pye, le roi merina montre son souci d'ouvrir ses sujets au progrès. " Son attachement aux habitudes et aux manières européennes a eu déjà, par son exemple, un étonnant effet et à la fin, en augmentant le désir de confort des habitants, complètera l'œuvre de civilisation et ouvrira un nouveau commerce qui se substituera au trafic des esclaves. "

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