Afrique: Allocution liminaire du Directeur général de l'OMS à la cérémonie d'ouverture du Sommet mondial de la Santé - 16 octobre 2022

communiqué de presse

Monsieur le Chancelier Olaf Scholz,

Excellences, chers collègues et amis,

Guten Abend, c'est un honneur d'être ici.

Vielen dank, je vous remercie Monsieur le Chancelier Scholz, ainsi que le Gouvernement et le peuple allemands, pour votre hospitalité.

Je vous remercie également de parrainer le Sommet mondial de la santé, à mes côtés et aux côtés du Président Emmanuel Macron et du Président Macky Sall.

Je tiens également à remercier le Professeur Axel Pries et ses collègues qui co-organisent le Sommet mondial de la santé pour la première fois.

Il y a environ 14 ans, on m'a appelé pour savoir si je souhaitais siéger à un comité pour lancer une nouvelle conférence sur la santé en Allemagne.

Merci, Dr. Detlev Ganten, vous l'ancien président, pour cette surprise que vous m'avez faite il y a de nombreuses années, et pour votre leadership.

Le premier Sommet mondial de la santé s'est tenu en 2009, l'année où, vous vous en souvenez certainement, le monde a été frappé par la pandémie de grippe H1N1.

Nous nous trouvons aujourd'hui à un moment tout aussi décisif, alors que le monde sort de la crise sanitaire la plus grave depuis un siècle.

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Le thème du Sommet mondial de la santé de cette année est " amener la santé mondiale au niveau supérieur ".

Ça sonne bien. Mais qu'est-ce que cela signifie ?

Permettez-moi de suggérer trois choses.

Premièrement, " amener la santé au niveau supérieur " signifie que nous avons besoin d'un nouvel accord mondial, fondé sur une vision commune.

Alors même que le monde devait s'unir pour faire face à cette menace commune, la pandémie de COVID-19 a révélé un manque de coopération et de coordination.

Nous ne pouvons faire face à des menaces communes qu'en y apportant une réponse commune, fondée sur un engagement commun en faveur de la solidarité et de l'équité.

C'est l'objet de l'accord sur les pandémies que les pays négocient actuellement : cet accord vise à ce que les nations collaborent - au lieu de se faire concurrence - pour se préparer et faire face aux épidémies et aux pandémies.

En 1968, au plus fort de la guerre froide, les pays de tous bords idéologiques se sont réunis pour signer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Aujourd'hui, ce traité reste plus pertinent que jamais.

De même, l'accord mondial en cours de négociation sous-tendra la manière dont on envisagera les épidémies et les pandémies pendant les décennies voire les siècles à venir. C'est pourquoi nous le qualifions d'accord générationnel.

Je vais être très clair : cet accord est négocié par les pays, pour les pays, et sera adopté et mis en œuvre par les pays, conformément à leurs lois nationales.

Certains affirment que cet accord constitue une atteinte à la souveraineté nationale, mais c'est tout simplement faux.

Il ne donnera à l'OMS aucun pouvoir d'agir sans l'autorisation expresse des États-nations souverains.

Si les nations peuvent négocier des traités contre les menaces qu'elles ont elles-mêmes créées, comme les armes nucléaires, chimiques et biologiques, le tabac et les changements climatiques, il est tout à fait logique qu'elles définissent une approche commune face à une menace commune que nous n'avons pas totalement créée et que nous ne pouvons pas pleinement maîtriser - une menace qui vient de notre relation avec la nature.

Cet accord fournira un cadre et une base essentiels pour d'autres initiatives visant à préserver la sécurité mondiale.

Ce qui me conduit à ma deuxième suggestion.

Pour amener la santé mondiale au niveau supérieur, il faut une nouvelle architecture mondiale cohérente et inclusive.

La pandémie a mis en lumière des vulnérabilités politiques, mais aussi des vulnérabilités techniques et opérationnelles quant à la capacité collective mondiale à prévenir et à détecter les flambées et les épidémies et à y riposter.

Nous avons évidemment besoin d'outils nouveaux et meilleurs pour bâtir une architecture nouvelle et meilleure.

Plusieurs parties de cette architecture sont déjà en cours de construction :

Un financement plus important par l'intermédiaire du Fonds d'intermédiation financière nouvellement créé, comme le Chancelier l'a indiqué - merci de votre générosité.

Un renforcement de la surveillance mondiale grâce au Centre d'information de l'OMS sur les pandémies et les épidémies, qui a ouvert ses portes ici à Berlin l'année dernière.

Une plus grande transparence grâce à l'examen universel de l'état de santé et de préparation, qui est actuellement expérimenté dans quatre pays.

Et une OMS plus forte, grâce à l'engagement historique pris par les États Membres lors de l'Assemblée mondiale de la Santé de cette année de rendre son financement beaucoup plus prévisible, souple et durable.

Un nouvel accord et une nouvelle architecture sont essentiels. Mais nous devons aussi modifier radicalement les conditions qui influent sur la santé des populations du monde.

Ce qui me conduit à ma troisième suggestion.

Amener la santé mondiale au niveau supérieur suppose d'adopter une nouvelle approche mondiale qui ne repose pas uniquement sur le traitement des malades mais privilégie la promotion de la santé et la prévention.

Dans l'ensemble, les systèmes de santé du monde ne fournissent pas de soins de santé. Ils prodiguent des soins aux malades.

De nombreux pays dépensent des sommes énormes pour traiter des maladies qui pourraient être évitées pour un coût bien moindre.

C'est pourquoi j'appelle tous les pays à négocier un tournant majeur en faveur de la promotion de la santé et de la prévention des maladies, en admettant que la santé ne commence pas dans les hôpitaux et les dispensaires, mais dans les maisons, les rues, les écoles et les lieux de travail.

Ce changement exige de réorienter et de rééquilibrer les systèmes de santé vers les soins de santé primaires, fondement de la couverture sanitaire universelle et de la sécurité sanitaire.

Il nécessite également de modifier la façon dont les gouvernements envisagent et financent la santé.

La santé ne doit plus concerner uniquement le ministère de la santé ou le secteur de la santé, mais doit intéresser l'ensemble des pouvoirs publics et de la société.

La santé doit être un paramètre essentiel de l'urbanisme, de la politique fiscale, des transports, de la politique éducative, du commerce, de la finances, des infrastructures, etc.

Cela signifie que la santé ne peut plus être un portefeuille subalterne au sein du gouvernement, comme c'est le cas dans de nombreux pays, mais qu'elle doit occuper une place plus importante, car des populations en bonne santé et en sécurité sont le fondement de sociétés et d'économies saines et sûres.

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Monsieur le Chancelier Scholz, Excellences, chers collègues et amis,

Nous vivons à une époque où, partout dans le monde, la paix mondiale est menacée et doit être protégée et favorisée par un leadership fort et fondé sur des principes.

De même, nous vivons à une époque où la santé mondiale est menacée et doit être défendue par un leadership tout aussi fort et fondé sur des principes.

Au cours des 48 prochaines heures, nous aurons l'occasion de tracer ensemble la voie à suivre.

Surtout, cette semaine, nous avons également l'occasion d'engager les ressources nécessaires pour enfin reléguer la poliomyélite aux livres d'histoire.

Merci, Monsieur le Chancelier, d'avoir annoncé le financement qu'apportera l'Allemagne. Vielen dank.

Nous avons beaucoup progressé. Nous sommes très près du but. Le moment est venu pour nous tous de travailler avec détermination, de coopérer et d'innover pour offrir aux générations futures un monde exempt de poliomyélite.

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Alors, qu'est-ce que cela signifie d'amener la santé mondiale au niveau supérieur ?

Un nouvel accord mondial.

Une nouvelle architecture mondiale.

Et une nouvelle approche mondiale.

Car la santé n'est pas un coût, mais un investissement.

Ce n'est pas simplement le résultat du développement, mais plutôt le résultat des moyens qu'on y consacre ;

Ce n'est pas un luxe, mais un droit humain fondamental.

Comme j'aime à le dire, Gesundheit ist ein Menschenrecht!

Vielen dank. Je vous remercie.

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