Tunisie: On ne pactise pas avec Ennahdha

21 Octobre 2022

Ceux qui s'étaient investis dans une alliance contre nature avec Ennahdha n'avaient visiblement aucune idée sur ce que signifie un stratagème nahdhaoui. Ils réalisent aujourd'hui qu'ils étaient tout simplement utilisés comme des pare-chocs, ou encore des prête-noms, dont la mission devrait un jour ou l'autre prendre fin. Il faut dire que depuis 2011, la liste des partis et des personnalités politiques sollicités puis sacrifiés est longue.

On ne pactise pas avec le mouvement islamiste comme on peut le faire avec d'autres partis. Les valeurs, les principes et les références, mais aussi les engagements et les conventions, y sont moins respectés qu'ailleurs. L'état d'esprit, les mentalités, aussi et surtout. Du côté de Montplaisir, on ne respire pas les mêmes notions politiques. Tout, ou presque, y est difficilement, pour ne pas dire péniblement, identifiable.

Il y a de ces personnalités politiques qui, pendant leur courte alliance ave Ennahdha, ont compromis leur parcours et dénaturé leur histoire avec des discours et des prises de position aseptisés. Ils ont formaté des arguments auxquels ils ne croyaient pas vraiment. On ne sait pas s'ils avaient réellement le sentiment de ne pas se tromper. Ou encore faisaient-ils semblant ? En tout cas, leur appréciation de la situation était tout simplement à côté de la plaque.

Peut-on dire que Nejib Chebbi s'est fortement éloigné de ses vertus traditionnelles au moment où il a tendu la main au mouvement islamiste pour former ce qu'on avait appelé, à tort ou à raison, le Front de salut national ? Comment en est-il arrivé là ? Sous quel effet? Avec quelle stratégie ? Sur la base de quel système? Pour dégager quelle identité ? Mustapha Ben Jaâfar, Moncef Marzouki, Nabil Karoui, ou même Abdelfettah Mourou, en savent quelque chose...

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Une chose est sûre : le militant qui avait fait face à toutes les épreuves éprouvantes s'est laissé entraîner dans une déficience et un affaiblissement jamais connus. Face à ce sombre tableau, on en vient à regretter aujourd'hui un tel gâchis, notamment par rapport à un degré d'avilissement et à une déchéance impérieuse.

Nejib Chebbi ne mérite pas le traitement que lui infligent aujourd'hui certaines pages des réseaux sociaux, connues pour leur appartenance politique et surtout leur rapprochement non seulement au mouvement islamiste, mais aussi à l'alliance Al Karama. Il ne mérite pas, non plus, l'excès d'indignité dont il est victime de la part de ceux en qui il avait confiance, mais qui n'hésitent pas à le trahir encore une fois. S'il s'est permis des concessions, qu'il aurait dû certainement éviter, il a, et il aura toujours un nom, une réputation et un parcours indéfectibles.

Porteur d'images et de valeurs pour toutes les composantes du paysage politique, Nejib Chebbi fera toujours amende honorable. On ne peut pas, on ne doit, pas comparer ce qui lui est arrivé au bannissement dont fait l'objet actuellement Jawhar Ben Mabarek, autre initiateur du Front de salut, de la part d'Ennahdha et de la Coalition Al Karama. Le parcours et le militantisme des deux hommes n'ont aucun lien de comparaison. Autrement, ce serait alors un préjudice à la fois politique et moral que l'on porte à tout le paysage politique tunisien...

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