Maroc: Un mémorandum d'entente dans le cadre du "Partenariat euro-marocain de prospérité partagée "

Lutte contre les changements climatiques, transition énergétique, protection de l'environnement, promotion de l'économie verte et bleue...

Le Maroc et l'Union européenne (UE) ont signé, mardi à Rabat, un mémorandum d'entente. Il a pour objectif d'établir un partenariat vert entre les partenaires dans les domaines de la lutte contre les changements climatiques, de la transition énergétique, de la protection de l'environnement et de la promotion de l'économie verte et bleue et de les placer parmi les priorités des relations entre l'UE et le Maroc. Qu'en est-il de ce partenariat ? Dans quel contexte s'inscrit-il? Et pourquoi la signature aujourd'hui de ce mémorandum d'entente ?

Un pas de plus

"Il s'agit d'un pas de plus dans le cadre de la Déclaration politique conjointe instituant le "Partenariat euro-marocain de prospérité partagée", adoptée en juin 2019 par le Conseil d'association UE-Maroc, qui a reconnu la coopération en matière d'énergie, de lutte contre le réchauffement climatique, de protection de l'environnement et de promotion de l'économie verte, comme un axe prioritaire permettant la mise en place dans un deuxième temps d'un partenariat vert ", nous a indiqué Mohammed Zaoui, chercheur en sciences politiques. Et de poursuivre : " Ce partenariat s'inscrit également dans le contexte de la mise en œuvre de l'Accord de Paris sur le changement climatique, ainsi que du travail en commun dans le cadre des processus régionaux et internationaux tels que l'Agenda 2030, les Conventions des Nations unies sur la diversité biologique et la désertification, la Plateforme régionale de l'Union pour la Méditerranée sur la coopération énergétique et industrielle et la Convention de Barcelone pour la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée et ses protocoles ".

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Notre interlocuteur soutient, par ailleurs, que ce partenariat révèle aussi l'ambition des pays de l'UE de devenir " les champions de la transition verte " comme cela a été annoncé lors de la dernière conférence des parties de Madrid (COP25) tenue entre le 2 et le 13 décembre 2019 où les Européens étaient présents en grand nombre.

"Rappelons-nous du discours d'Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui a affiché une ambition radicale, celle de faire de l'Europe le premier continent neutre en carbone d'ici 2050. Son souhait est de "refonder la politique économique et industrielle européenne, et inscrire l'objectif de neutralité carbone en 2050 dans la loi". Selon elle, l'écologie n'est pas conçue, uniquement, comme un enjeu prioritaire de l'Union, mais justifie "une restructuration profonde de la politique européenne, vis-à-vis des Etats membres comme de ses partenaires étrangers ".

Leadership climatique

Cependant, notre source tient à préciser que cette ambition européenne n'a rien de nouveau puisque l'UE a souvent été présentée comme "un précurseur" dans la politique internationale de l'environnement, entremêlant des objectifs ambitieux et des actions concrètes. " Son expérience dans le domaine de politique climatique, de négociation et de coopération internationale lui a confié le " rôle de leader et de pionnier " en matière de lutte contre les effets néfastes du changement climatique. Un leader qui reste animé par l'ambition " de mener le monde sur des objectifs d'émissions juridiquement contraignants ", nous a-t-il expliqué. Et de préciser : " Le Maroc affiche également sa volonté de peser sur la gouvernance internationale relative à la lutte contre le réchauffement climatique.

A noter que l'organisation de la COP 22 à Marrakech a été saisie par le Royaume pour ériger la lutte contre les effets climatiques néfastes comme une priorité sur l'agenda politique national et pour se présenter comme un leader continental, cherchant à exercer un leadership stratégique en Afrique et prêt à aider les Etats africains, considérés comme les premières victimes du réchauffement climatique ".

L'Union européenne n'étant responsable que d'une partie des émissions mondiales doit à tout prix jouer un rôle prépondérant sur la scène internationale et mobiliser ses alliés à travers le monde grâce au commerce et à la diplomatie. La coopération au développement peut également encourager l'adaptation au changement climatique dans les pays tiers et agir ainsi sur l'un des facteurs de la migration. Le dernier chapitre s'intéresse aux défis que doivent relever les décideurs européens ainsi qu'aux perspectives de l'action climatique européenne et mondiale dans le contexte de la pandémie de Covid-19.

Motivations industrielles et géopolitiques

Evoquant les aspects pratiques du nouveau partenariat vert entre le Maroc et l'UE, Mohammed Zaoui nous a indiqué que plusieurs experts estiment que l'UE devrait intensifier la coopération avec les pays de son voisinage en matière d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique, afin d'accélérer la transition verte dans des industries telles que l'acier et le ciment. " De nombreuses entreprises des pays voisins pourraient perdre l'accès aux chaînes d'approvisionnement et aux financements européens dans le cadre de critères verts plus stricts. C'est pourquoi il est particulièrement important pour l'UE de développer une dimension externe à sa politique industrielle verte et d'aider les entreprises de son voisinage à s'intégrer dans l'approche écosystémique de l'UE ", soulignent Alex Clark, Susi Dennison et Mats Engström dans leur article : "Un climat de coopération : comment l'UE peut contribuer à la réalisation d'une grande entente verte ".

Notre source rappelle, à ce propos, l'intervention en juin 2021 du ministre de l'Industrie, de l'Investissement, du Commerce et de l'Economie numérique devant la commission des secteurs productifs à la Chambre des représentants évoquant le risque pour notre pays de perdre 80 milliards de DH sur ses exportations de voitures vers le marché européen à l'horizon 2023 à cause de la taxe carbone que l'UE compte instaurer sur les produits fabriqués via des énergies fossiles. Le ministre a appelé, dans ce sens, les unités de production à intégrer les énergies renouvelables afin d'éviter le veto européen sur nos produits tout en rappelant que 90% de la totalité de notre production en voitures est exportée vers l'UE.

Les trois experts, ajoute Mohammed Zaoui, soutiennent également que " la stratégie de leadership climatique de l'UE devrait accorder une attention particulière à ses relations avec le Sud. En augmentant la capacité des pays à faible revenu à produire de l'électricité propre et ses dérivés, et en utilisant les résultats pour développer des industries propres, le bloc peut réduire leurs coûts d'électricité à long terme, et les aider à créer des emplois, à éviter les décès liés à la pollution, et à diversifier leurs exportations ", notent-ils. Et de conclure : " L'UE devrait aider ces Etats à faire face aux effets combinés du MACF (mécanisme d'ajustement carbone aux frontières), du développement vert mondial et du changement climatique en augmentant ses investissements et en intensifiant son dialogue avec les plus vulnérables d'entre eux ".

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