Afrique: Allocution liminaire du Directeur général de l'OMS lors du point de presse sur la Covid-19 - 19 octobre 2022

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Bonjour ou bonsoir.

Hier soir, je suis rentré du Sommet mondial de la santé qui s'est tenu à Berlin, en Allemagne, et que l'OMS a co-organisé cette année pour la première fois.

J'ai été très impressionné par la détermination des responsables gouvernementaux, de la société civile, du monde universitaire et du secteur privé à relever les défis les plus urgents en matière de santé mondiale.

L'accord international sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies, que les pays négocient actuellement, a été très bien accueilli.

Et hier, les gouvernements et les donateurs philanthropiques se sont engagés collectivement à verser 2,6 milliards de dollars des États-Unis (USD) pour mettre fin à la poliomyélite.

Passons maintenant à l'épidémie de maladie à virus Ebola en Ouganda.

On compte désormais maintenant 60 cas confirmés et 20 cas probables, dont 44 mortels, et 25 guérisons.

Nous demeurons préoccupés par le fait qu'il pourrait y avoir dans les communautés touchées d'autres chaînes de transmission et d'autres contacts que ceux que nous connaissons.

Le Ministère de la santé enquête sur les huit cas les plus récents, car les premiers rapports indiquent qu'ils ne faisaient pas partie des contacts connus.

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En outre, deux cas confirmés dans le district de Mubende ont été soignés dans la capitale Kampala, ce qui a accru les risques de transmission dans cette ville.

Je suis heureux de voir que le Gouvernement a reconnu ce risque.

L'OMS et ses partenaires continuent d'aider le Gouvernement ougandais à contenir la flambée et à l'empêcher de se propager à d'autres régions et d'autres pays.

Venons-en maintenant au choléra.

Dans le monde, 29 pays ont signalé des épidémies cette année, dont 13 n'avaient pas connu d'épidémies l'année dernière.

Le choléra est une maladie très dangereuse qui peut tuer en une journée, mais que deux doses d'un vaccin oral sûr et efficace permettent de prévenir.

Depuis 2013, l'OMS, l'UNICEF, Médecins sans frontières et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge gèrent conjointement un stock mondial de vaccins anticholériques pour aider à combattre les épidémies.

Cependant, la vague d'épidémies actuelle entraîne une tension sans précédent sur ce stock.

En conséquence, les quatre organismes ont décidé de suspendre la stratégie à deux doses en faveur d'une stratégie à dose unique afin que davantage de personnes bénéficient d'une certaine protection malgré les stocks limités.

La stratégie à dose unique s'est avérée efficace lors d'épidémies précédentes, bien que les données probantes sur la durée de l'immunité soient limitées.

Toutefois, la situation est évidemment loin d'être idéale et le rationnement ne doit être qu'une solution temporaire.

À long terme, nous devons établir un plan pour intensifier la production de vaccins dans le cadre d'une stratégie globale visant à prévenir et à enrayer les épidémies de choléra.

En outre, le meilleur moyen de prévenir les épidémies de choléra est de veiller à ce que les populations aient accès à l'eau potable et à des moyens d'assainissement.

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Parlons maintenant de la COVID-19.

Le Comité d'urgence du RSI sur la pandémie de COVID-19 s'est réuni la semaine dernière pour faire le point de la situation mondiale et de la voie à suivre.

Le Comité estime que la COVID-19 reste une urgence de santé publique de portée internationale, et je suis aussi de cet avis.

Il a souligné qu'il fallait renforcer la surveillance et élargir l'accès aux tests, aux traitements et aux vaccins pour les personnes les plus à risque, et que tous les pays devaient mettre à jour leurs plans nationaux de préparation et de riposte.

Bien que la situation mondiale se soit manifestement améliorée depuis le début de la pandémie, le virus continue de muter et de nombreux risques et incertitudes subsistent.

Cette pandémie nous a déjà surpris et pourrait très bien nous surprendre encore.

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En ce qui concerne l'orthopoxvirose simienne, le Comité d'urgence se réunira demain pour faire le point de l'épidémie et formuler des recommandations.

Le nombre de cas signalés dans le monde baisse depuis huit semaines mais, comme pour la COVID-19, des risques et des incertitudes demeurent, et certains pays continuent de constater que la transmission s'intensifie.

J'attends avec intérêt les recommandations du Comité d'urgence.

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Enfin, je suis à court de langage diplomatique pour qualifier le fait que des civils soient délibérément pris pour cible au Tigré, en Éthiopie.

Cette semaine, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré, je cite : " La situation en Éthiopie est hors de contrôle. Le tissu social se déchire et les civils le paient au prix fort. Les hostilités au Tigré doivent cesser tout de suite, et les forces armées érythréennes doivent se retirer et se désengager immédiatement de l'Éthiopie. " Fin de citation.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a reçu des informations faisant état de victimes civiles et de destructions de biens de caractère civil à la suite de frappes aériennes et à de tirs d'artillerie.

Les attaques indiscriminées ou les attaques qui visent délibérément des civils ou des biens de caractère civil sont des crimes de guerre.

Il n'y a pas dans le monde d'autre situation où six millions de personnes sont assiégées depuis près de deux ans.

Les banques, le carburant, la nourriture, l'électricité et les soins de santé sont utilisés comme armes de guerre. En outre, les médias ne sont pas autorisés et les civils sont tués sans que cela se sache.

Même les gens qui ont de l'argent meurent de faim parce qu'ils n'ont pas accès à leur argent.

Des enfants meurent chaque jour de malnutrition.

Il n'y a pas de services de prise en charge de la tuberculose, de l'infection à VIH, du diabète, de l'hypertension et d'autres affections. Ces maladies qui ailleurs peuvent être traitées sont aujourd'hui synonymes de condamnation à mort au Tigré.

Oui, je viens du Tigré, et oui, cela me touche personnellement. Je ne prétends pas le contraire. Plus de 90 % de mes proches se trouvent dans les zones les plus touchées.

Mais mon travail consiste à attirer l'attention du monde sur les crises qui menacent la santé des populations, où qu'elles se trouvent.

Cette crise sanitaire touche six millions de personnes, et le monde n'y prête pas assez attention.

J'exhorte la communauté internationale et les médias à accorder à cette crise l'attention qu'elle mérite.

Il faut agir vite si l'on veut empêcher un génocide au Tigré.

Margaret, vous avez la parole.

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