Ile Maurice: Karla Michelle, transgenre, obtient un changement de nom sur ses documents officiels

L'Etat mauricien vient de faire un pas en avant par rapport à la reconnaissance des droits humains des personnes LGBTQIA+ à Maurice. Karla Michelle, personne transgenre, qui s'est distinguée lors de concours de beauté pour transgenres tant à l'échelle locale qu'internationale, tente, depuis 2018, d'obtenir un changement de nom sur ses documents officiels.

En sus de l'attente prolongée pour obtenir une réponse, elle s'est heurtée à un premier refus. Cela ne l'a pas empêchée de persévérer en 2020. Et en août dernier, elle a vu sa demande approuvée par l'Attorney General Maneesh Gobin. Et l'Etat civil a suivi il y a une semaine.

Pour Karla Michelle, hôtesse d'accueil dans une des institutions économiques les plus importantes du pays, c'est une étape importante de sa vie qui vient d'être franchie. Cette trentenaire, qui a participé à pas moins de 11 concours de beauté pour personnes transgenres à Maurice comme à l'international, et qui a fait honneur au pays à plusieurs reprises - sa dernière participation à Miss Trans Monde cette année lui a valu de se classer parmi les Top 10 et elle également été élue Miss Web Monde 2022 -, est née avec un corps de garçon. Mais au fond d'elle, elle s'est toujours sentie femme et a dû lutter pour s'affirmer comme telle. Karla est aussi membre du conseil d'administration de l'association VISA G qui milite pour les personnes trans, et à la Young Queer Alliance.

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Au début des années 2010, elle a commencé sa transition par des hormones. En 2017, elle a été en mesure de réunir les fonds pour se rendre en Thaïlande et subir l'intervention menant à sa réassignation sexuelle.

Elle n'a jamais vécu la discrimination, que ce soit sur son lieu de travail ou dans les services publics. Et même à l'aéroport sir Seewoosagur Ramgoolam lorsqu'elle devait se rendre à l'étranger, les fonctionnaires du bureau de l'Immigration n'ont jamais, ne seraitce que sourcillé, en voyant que son physique de femme n'était pas en adéquation avec le nom d'homme et la photo figurant sur son passeport. Ce qui l'a toujours gênée toutefois, c'est le regard des autres lorsqu'elle va récupérer ses médicaments en milieu hospitalier. "Les gens vous dévisagent lorsque le préposé appelle un nom d'homme à haute voix. Cela me met tellement mal à l'aise que lorsque je me lève, je me dirige ailleurs pour donner le change", raconte-t-elle.

En 2018, elle décide de faire une demande officielle de changement de nom auprès des autorités. Et fait publier les avis dans trois journaux différents pendant plusieurs jours. Si habituellement, le demandeur reçoit une réponse au bout de six mois, son attente se prolonge deux ans et au final, la réponse est négative car il paraît qu'il y a eu une objection à son changement d'identité. Karla Michelle est un peu découragée mais elle ne baisse pas les bras car c'est une fonceuse.

En 2020, elle refait une demande de changement de nom. Et reçoit la visite d'un policier qui l'interroge sur sa prise d'hormones et sur son intervention de réassignation sexuelle. Six à sept mois plus tard, un autre policier vient récupérer une copie des documents relatifs à l'établissement hospitalier où elle a fait sa transition sexuelle en Thaïlande, de même que des coupures de presse ayant trait à ses participations aux concours de beauté. Celui-ci lui affirme alors que son dossier est en voie de finalisation et qu'elle devrait être fixée dans quelques semaines.

En août, son cœur bat la chamade lorsqu'elle reçoit un courrier du bureau de l'Attorney General. Elle prend une bonne respiration avant d'ouvrir l'enveloppe et surprise! Maneesh Gobin a accepté sa demande de changement de nom. Il lui est dit que dans quatre à six semaines, l'Etat civil apportera les changements nécessaires sur ses documents officiels.

C'est chose faite depuis la semaine dernière puisqu'elle a reçu un appel lui demandant de venir récupérer son nouvel acte de naissance sous son nom de femme. Ces modifications devraient bientôt être apportées à sa carte d'identité et à son passeport également. Karla Michelle est heureuse et soulagée. "Maintenant lorsque je me rendrais à l'hôpital et que le préposé m'appellera, plus personne ne me dévisagera lorsque je répondrai à l'appel. C'est un soulagement énorme."

Si le nom qui figurera sur ses papiers officiels sera en adéquation avec son identité du genre, par contre, le sexe ne changera pas sur lesdits documents. "J'ai obtenu gain de cause à moitié car le changement au niveau du sexe n'est pas encore indiqué sur mes documents officiels. At least for now, 50 % inn korek."

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