Soudan: Des milliers d'anti-putsch célèbrent la révolution de 1964 dans la rue

Des milliers de Soudanais ont manifesté vendredi 21 octobre dans les rues des grandes villes du pays contre le coup d'État du général Abdel Fattah al-Burhan mené il y a presque un an, le 25 octobre dernier. Et ce 21 octobre marquait une date importante : elle commémore la première révolution de l'histoire du Soudan qui a fait tomber le général Abboud en 1964 et a permis le retour à un gouvernement civil.

Depuis un an, le pays est plongé dans le marasme avec des manifestations hebdomadaires et une économie au bord du gouffre. Les militaires affirment vouloir rendre le pouvoir au civil, des négociations sont en cours, mais aucun accord n'a encore été trouvé.

Dans les rues, les slogans n'ont pas changé, les manifestants demandent le départ des militaires de la scène politique. Dans une atmosphère de fête et de chansons révolutionnaires, on retrouvait ce vendredi dans les rues de nombreux militants âgés, des parents, des grands-parents. Preuve que la contestation transcende toutes les générations.

Mohammed Ibrahim, pharmacien de 65 ans, refuse tout nouvel accord politique avec les militaires. " Ceux qui, depuis un an, ont détruit notre pays avec ce coup d'État, cherchent aujourd'hui une porte de sortie. Personne ne doit les soutenir. La communauté internationale, qui se targue de défendre les droits de l'homme, est hypocrite. Elle essaye aujourd'hui de favoriser un accord qui permettrait aux putschistes de se maintenir en place. Mais nous ne les laisserons pas faire ! "

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Depuis un an, 117 personnes ont été tuées dans les manifestations. Le chiffre s'élève à 300 morts, depuis le début de la révolution contre Omar al-Bachir. Ces meurtres sont restés largement impunis. Et cette absence de justice est le moteur de la contestation, explique Farah Abbas, le père d'un jeune homme tué le 3 juin 2019. " Si justice n'est pas rendue, le Soudan ne trouvera jamais le chemin de la stabilité. Nous avons payé le prix fort. Le sang qui a coulé est précieux. Et le peuple soudanais ne l'oubliera jamais ".

Soudain le cortège est nassé par les forces de l'ordre qui chargent la foule. Les manifestants se dispersent rapidement. Ils souhaitent garder des forces pour la grande mobilisation prévue mardi prochain.

Les cortèges ont été une fois encore violemment réprimés par les forces de l'ordre. Gaz lacrymogènes, mais aussi tirs à balles réelles dans la ville d'Omdurman.

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