Cameroun: Chefferie de Nkolembonda - Recours en annulation de la désignation du chef

22 Octobre 2022

19 membres sur 27, constituant le collège des notables ont écrit au préfet de l'Océan avec ampliation au Minat pour dénoncer la violation de l'article 8 du décret 77 portant organisation des chefferies traditionnelles au Cameroun.

Un brûlot. C'est ainsi que les observateurs de la scène sociale dans le chef-lieu du département de l'Océan (Sud-Cameroun) qualifient la correspondance transmise recemment au patron de cette circonscription administrative par le président du collège de la notabilité coutumière de la chefferie de 3e degré du village Nkolembonda. Bien entendu, portant la voix de 19 notables, le président, Mebale Marty Rougemont a saisi le préfet de l'Océan Nouhou Bello par voie écrite le 15 septembre, sous l'Objet d'une " requête aux fins d'annulation de l'acte préfectoral désignant feu Bidou Robert, chef du village Nkolembonda ".

Dans cette missive "incendiaire", les notables dénoncent la filouterie, la forfaiture administrative en 1995 du temps de Edgar Alain Mebe Ngo'o, alors préfet de l'Océan, et, la violation du décret 245/77 du 15 juillet 1997 portant organisation des chefferies traditionnelles au Cameroun. En effet l'article 8 dudit décret stipule que " ne peut prétendre aux responsabilités de chef de village, que toute personne issue des familles appelées à exercer coutumièrement le commandement traditionnel ".

En d'autres termes, il faut être de la famille régnante en justifiant de son appartenance à travers un arbre généalogique. Or, mentionne la lettre, avec justificatifs à l'appui, il se trouve que feu Mefo Ernest était désigné chef du village Nkolembonda suivant l'arrêté préfectoral n°197/A/DKI signé le 24 aout 1960 respectivement par Samba Ndutumu, préfet de l'Océan à l'époque et P. Oloko, premier adjoint préfectoral. " Digne fils de la grande famille ZE ABE, il aura séjourné pendant une trentaine d'années au trône jusqu'à son décès en 1989 ". Bidou Robert sans toutefois être de la famille régnante a pris la régence. Sauf que, selon l'auteur du document, il a été désigné " frauduleusement et illégalement " chef et successeur du défunt en 1995.

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Annulation

Les 19 notables sont donc unanimes que l'incriminé en dehors d'avoir bradé la réserve foncière du village pour s'offrir quelques privilèges administratifs, aurait fait usage de faux pour occuper les rennes de la chefferie. " ... pour tout dire, feu Bidou robert aurait floué l'administration en tronquant certaines informations pour se porter candidat à la tête de la chefferie de Nkolembonda. Le procès-verbal de sa désignation est assez illustratif car tronqué de contre-vérités et de déclarations mensongères " écrivent-ils pour finalement solliciter l'annulation de son acte dit illégal. La conséquence qui devrait en résulter, au cas où le préfet y trouve fondement, c'est le rejet définitif de la candidature de sa fille Meyo Bidou Ines, " car ne jouissant d'aucune légitimité en matière de succession. Le successeur légitime ici étant leur digne fils Obam Michel Yves Patrice ".

Le préfet de l'Océan qui a déclaré avoir confié l'enquête au conseil départemental des chefs traditionnels de l'Océan, n'attend que leur rapport pour trancher. De son côté, ledit conseil, à travers son secrétaire général sa majesté Roger Mekoundé, ne penche pas pour la filouterie. " En matière de succession, seuls les descendants légitimes peuvent prétendre au trône. Lorsque le défunt n'a pas désigné son successeur de son vivant, cette mission incombe au collège des notables. S'il est seul, on l'établit. S'ils sont nombreux, on passe au vote " fait-il savoir. Ce qui voudrait dire en tout état de cause, qu'on s'attend très prochainement à un scénario atypique dans ce village où l'actuelle cheffe, Meyo Bidou Ines, pourrait être démise, au profit de Obam Michel Yves Patrice, descendant légitime. Le ministre de l'administration territoriale qui a reçu copie du soit-transmis au même titre que le tribunal administratif de Yaoundé, attend certainement de voir le préfet Nohou Bello lui diligenter son arbitrage en faisant montre de transparence et de neutralité.

En rappel, lundi 9 mai dernier, les populations de ce village faisaient un mouvement d'humeur à l'esplanade de la préfecture de Kribi. Elles dénonçaient à travers des pancartes l'abus d'autorité du sous-préfet de Niete, Michel Zo'o qui, au mépris de la loi portant organisation de la chefferie traditionnelle, voulait leur imposer un chef de village.

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