L'Organisation des Nations unies exhorte à doubler l'offre d'électricité propre d'ici à 2030 pour limiter le réchauffement climatique, indiquant aussi que les répercussions de la guerre en Ukraine sur l'approvisionnement énergétique pourraient permettre d'accélérer la transition.
Le secteur de l'énergie est non seulement une source majeure d'émissions à l'origine du réchauffement climatique, mais est également vulnérable aux changements qui accompagnent le bouleversement du climat mondial, souligne un nouveau rapport de l'Organisation météorologique mondiale (OMM). " Si le monde n'évolue pas rapidement vers des sources d'énergie propres pour ralentir la crise climatique, des conditions météorologiques et un stress hydrique plus extrêmes mettront notre sécurité énergétique en danger et pourraient même compromettre nos approvisionnements en énergie renouvelable, met en garde l'OMM ", souligne le rapport. Pour Petteri Taalas, " le temps n'est pas de notre côté et notre climat change sous nos yeux. Nous avons besoin d'une transformation complète du système énergétique mondial ".
Le secteur de l'énergie est la source des trois quarts des émissions mondiales de gaz à effet de serre, " le passage à des formes propres de production d'énergie... et l'amélioration de l'efficacité énergétique sont vitaux ", a rappelé le patron de l'OMM. Atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici à 2050 ne sera possible que " si nous doublons l'approvisionnement en électricité à faibles émissions au cours des huit prochaines années ", a-t-il averti. L'impact d'événements météorologiques, hydriques et climatiques sur la fiabilité de l'accès à l'énergie est déjà notable, note l'OMM. En guise d'exemple, l'organisation cite les coupures de courant massives causées par une vague de chaleur historique à Buenos Aires en janvier dernier. En 2020, 87% de l'électricité produite à partir de centrales thermiques, nucléaires et hydroélectriques dépendaient de l'accès à l'eau, rappelle l'OMM.
Dans le même temps, un tiers des centrales thermiques qui ont besoin d'eau douce pour leur fonctionnement se trouvent dans des zones à fort stress hydrique, tout comme 15% des centrales nucléaires existantes. La crise de l'approvisionnement énergétique provoquée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie est à double tranchant. Elle fait craindre un recours accru à des sources très nocives en termes d'émissions de gaz à effet de serre comme le charbon, par exemple. Si Patteri Taalas reconnaît que cela pourrait être le cas à court terme, il souligne que la guerre démontrait les dangers de la dépendance à des sources d'énergie non fiables et pourrait donner un coup d'accélérateur à la transition verte. " D'un point de vue climatique, la guerre en Ukraine peut être considérée comme une bénédiction ", a-t-il déclaré.
Pour l'heure, les promesses des pays " sont bien en-deçà " de ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs fixés par l'Accord de Paris de 2015 sur le changement climatique. D'après le rapport, les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables " doivent tripler d'ici à 2050 pour mettre le monde sur une trajectoire net zéro ".
