Tunisie: L'artiste Fakhri El Ghezal photographie les villes minières en déclin

L'artiste Fakhri El Ghezal a publié, en partenariat avec un laboratoire artistique, un recueil de photos sur la ville de Redeyef, dans l'ouest du pays, afin de faire entendre la voix des oubliés de ces régions où le taux de chômage est l'un des plus importants du pays.

Des visages d'habitants brûlés par les années de labeur et de résistance mais aussi quelques sourires fugitifs... Dans les clichés en noir et blanc de Fakhri El Ghezal, la ville de Redeyef, à 300 kilomètres de Tunis, devient plus qu'une région connue pour avoir été l'une des étincelles de la révolte du bassin minier, en 2008, un soulèvement social précurseur de la révolution tunisienne.

" Ce sont des gens fiers en fait, ils nous parlaient de 2008, ils ont fait face à Ben Ali, et ce livre, il porte ce côté politique un petit peu et en même temps Redeyef a un côté post-apocalyptique dans ses décors et tout. Tu sens que c'est un monde qui ne change pas et qui est en train de changer. Tu sens que c'est un monde d'antan ou que ça pourrait être 2300, tu ne sais pas où tu es en fait ", raconte le photographe.

" La chose qui réunissait les gens là-bas, c'étaient les mines "

Dans les photographies, le manque de développement et la pauvreté sont palpables malgré le fait que la ville ait l'une des plus anciennes mines de phosphates du pays. " On a une plaine de phosphate avec un chemin qui ne mène nulle part avec un poteau d'électricité où il n'y a pas de fil électrique. Ce sont les anciennes mines ", ajoute-t-il.

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C'est via le collectif SIWA, un laboratoire d'idées dans le monde arabe, que Fakhri El Ghezal a pu développer ce projet photographique. Un journal intime, celui d'une errance dans la ville. " Le livre montre mon débarquement à Gafsa, le bassin minier à Redeyef, et ça s'est fait sur six ans en fait, la rencontre avec les jeunes, les gens de là-bas. Au bout de la deuxième, troisième année, je n'étais plus l'étranger, je faisais partie du décor ", raconte l'artiste.

Délaissée à cause d'une industrie du phosphate qui peine à reprendre, la ville de Redeyef se rattache encore à la culture dans un économat réhabilité en un centre culturel. Il a permis à l'artiste de développer son livre, aujourd'hui en vente dans la capitale. L'industrie du phosphate reprend difficilement et les grèves successives ont affaibli le secteur. Zied Ben Romdhane a également photographié les villes minières et raconte ce déclin. " La chose qui réunissait les gens là-bas, c'étaient les mines ", témoigne-t-il.

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