La sénatrice Joséphine Moutou-Bayonne est décédée le 24 octobre à Paris, en France, à l'âge de 93 ans, des suites d'une maladie, a-t-on appris.
Née le 28 juin 1929 à Djambala, dans le département des Plateaux, Joséphine Moutou-Bayonne était sénatrice depuis 2002. Elle siégeait au sein de la Commission économie et finances de la chambre haute du Parlement. Membre du Parti congolais du travail (PCT) depuis sa création, elle a dirigé l'Union révolutionnaire des femmes du Congo (URFC) de 1974 à 1979.
On retiendra que c'est sous la présidence de Joséphine Moutou-Bayonne que le président Marien Ngouabi prononçait, le 13 mars 1977 devant les membres de l'URFC, son dernier discours. Un discours prémonitoire centré sur l'éducation de la femme, en raison de la place et du rôle qu'elle joue dans la société. " L'éducation de la femme doit la conduire à sa libération dans la mesure où cette éducation fera de toutes les Congolaises des femmes pleinement responsables dans la marche harmonieuse de leurs foyers. Des femmes pleinement responsables dans l'accomplissement des responsabilités politiques ou administratives à elles confiées au niveau du parti ou de l'Etat ", déclarait l'ancien président de la République. " Cette éducation, l'URFC doit la déployer également en direction d'autres couches féminines et tout particulièrement en direction des femmes qui, pour des raisons indépendantes de leur volonté, n'ont pas pu être alphabétisées ", instruisait Marien Ngouabi.
Sur le plan associatif, Joséphine Moutou-Bayonne était la première présidente de l'Union des femmes des Plateaux (UFP), créée en juillet 2013. Organisation à vocation culturelle, sociale, économique mais à but non lucratif, l'UFP avait pour but d'élaborer et d'appliquer les politiques et programmes visant à permettre aux femmes d'accéder à des moyens d'existence et aux ressources économiques moins précaires.
Elevée à titre exceptionnel dans l'ordre du mérite congolais à la dignité de grand-croix, Joséphine Moutou-Bayonne était une icône, une grande militante, une figure emblématique de la politique congolaise. Le 24 avril 2018 elle appelait, dans un entretien exclusif aux "Dépêches de Brazzaville", le PCT et l'Etat à organiser des funéraille à André Obami-Itou, décédé quelques jours auparavant.
" Je demande au parti et à l'Etat d'organiser des funérailles dignes au camarade André Obami-Itou. L'homme a été fidèle au Parti congolais du travail. Il aimait le travail bien fait et était très honnête. On a vécu ensemble avec Obami-Itou, Gabriel Oba Apounou, le président Marien Ngouabi, le président Denis Sassou N'Guesso dans le malheur et dans le bonheur. Le parti et le Congo ont perdu un grand militant ", déclarait Joséphine Moutou-Bayonne.
Elle invitait, par ailleurs, les jeunes à suivre l'exemple de l'ancien président du Sénat qui est resté, d'après elle, fidèle à ses convictions. " À un moment donné de notre histoire, quand le président Joachim Yhombi-Opango voulait laisser un peu de côté le socialisme scientifique, c'est le camarade Obami-Itou qui avait réagi avec bien sûr d'autres comme Oba Apounou, Bokamba-Yangouma et nous avons remis de l'ordre, c'est-à-dire revenir au socialisme scientifique et le président Denis Sassou N'Guesso était à la tête ", déclarait-elle aux "Dépêches de Brazzaville".
