Afrique: Allocution de clôture du Directeur général de l'OMS au Sommet mondial de la Santé - En route vers l'avenir : Faire le choix politique de la santé - 18 octobre 2022

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur General de l'Organisation Mondiale de la Santé
communiqué de presse

Votre Excellence Dr. Tobias Lindner,

Votre Excellence Thomas Steffen,

Votre Excellence Dre. Carla Vizzotti,

Votre Excellence Dr. Ifereimi Waqainabete,

Excellences, mon cher ami et frère Axel Pries, chers collègues et amis,

Nous sommes arrivés au terme d'un nouveau Sommet mondial de la santé.

J'exprime ma profonde gratitude au gouvernement et au peuple allemands pour leur accueil.

J'exprime également ma profonde gratitude à vous, Axel, et à votre équipe pour votre partenariat pendant les nombreux mois durant lesquels nous avons préparé ce sommet.

Je remercie mes nombreux collègues de l'OMS, qui ont travaillé sans relâche pour que cet événement soit un succès, en particulier Gaudenz, Bruno, Carmen et le reste de votre équipe.

Et je remercie le personnel de l'hôtel Berlin Central District, qui a fait un travail remarquable en accueillant un événement d'une telle ampleur.

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Je suis sûr que, comme moi, vous êtes épuisés mais aussi stimulés par ce que vous avez vu et entendu au cours des deux derniers jours ;

Heureux d'avoir retrouvé des amis et des collègues, anciens et nouveaux ;

Et impressionnés par la détermination et l'énergie que nous avons observées en vue de promouvoir et de protéger la santé des populations du monde entier.

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Le succès de l'événement de cet après-midi destiné à recueillir des fonds pour la lutte contre la poliomyélite, avec des engagements à hauteur de 2,6 milliards de dollars, nous met sur la voie de l'éradication définitive d'une maladie humaine, pour la deuxième fois seulement dans l'histoire de notre espèce. Ces fonds seront déterminants pour notre action visant à éliminer définitivement la poliomyélite.

Merci à tous les donateurs pour leurs contributions aujourd'hui, et au Ministère fédéral de la Coopération économique et du développement (Allemagne) pour avoir organisé et accueilli l'événement destiné à recueillir des fonds.

Nous sommes également très reconnaissants à KSRelief pour son don de 10 millions de dollars des États-Unis visant à soutenir la lutte menée par l'OMS et l'UNICEF contre la poliomyélite et la rougeole dans huit pays.

Un certain nombre d'autres accords importants ont été signés et des initiatives ont été engagées.

Hier, l'OMS a lancé le Collectif pour le sevrage tabagique, une coalition d'entreprises visant à élargir l'accès aux outils de sevrage, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. J'ai été très fier de saluer le travail de la Dre Bronwyn King. Merci pour votre leadership.

Cet après-midi, nous avons annoncé la création d'un nouveau réseau mondial de présidents de commissions parlementaires de la santé, dans le but de mettre le pouvoir des parlements au service de la couverture sanitaire universelle, de la sécurité sanitaire et du travail de l'OMS dans le monde.

Nous avons également signé un accord avec l'Association internationale des instituts nationaux de santé publique pour renforcer les services de santé publique et la préparation aux situations d'urgence à l'échelle mondiale.

Et dimanche, j'ai eu le plaisir de nommer quatre membres de la famille d'Henrietta Lacks ambassadeurs de bonne volonté de l'OMS pour l'élimination du cancer du col de l'utérus.

Il y a donc de quoi se réjouir et de nombreuses raisons d'être optimiste.

Mais il n'y a pas que des bonnes nouvelles.

Le lancement, ce matin, du rapport d'activité sur la santé des femmes, des enfants et des adolescents montre que, si nous avons réalisé des progrès au cours des dernières décennies, nous avons récemment enregistré un recul et les inégalités se creusent.

J'espère que vous avez entendu les propos forts qu'a tenus l'ancienne Première Ministre Helen Clark tout à l'heure.

Et nous sommes tous très conscients des multiples crises auxquelles le monde est actuellement confronté et qui sont à l'origine de décès et de maladies évitables, et qui privent les individus de l'accès aux services de santé dont ils ont besoin.

Au moment où nous nous réunissons dans un cadre sûr et agréable, des conflits font rage dans le monde entier ;

La Corne de l'Afrique est en proie aux sécheresses, aux famines et à la malnutrition ;

L'Ouganda à la maladie à virus Ebola ;

Haïti à une grave flambée de choléra et au moins 28 autres pays sont confrontés à des épidémies cette année ;

Les régions du Pakistan touchées par les inondations connaissent des flambées de paludisme, de dengue, de rougeole et de diphtérie ;

En plus de l'épidémie mondiale d'orthopoxvirose simienne ;

De la pandémie actuelle de COVID-19,

Et de la menace existentielle des changements climatiques, qui rendent notre planète, dont toute vie est tributaire, moins habitable.

Ensuite, il y a les crises qui ne font pas aussi souvent la une des journaux :

Les maladies non transmissibles, qui sont les principales causes de mortalité prématurée dans le monde ;

La résistance aux antimicrobiens - une pandémie silencieuse - qui menace de faire reculer un siècle de progrès médical ;

Et le fait que près d'un tiers de la population mondiale n'a toujours pas accès aux services de santé essentiels.

Même lorsque des services sont disponibles, près de deux milliards de personnes éprouvent des difficultés financières car elles doivent payer les soins de leur poche.

Les défis auxquels nous sommes confrontés peuvent sembler insurmontables.

Certes, ils sont nombreux, ils sont grands et ils sont complexes. Mais ils ne sont pas insurmontables.

Dans tous les cas, il existe des solutions, des outils et des services qui peuvent prévenir la souffrance et sauver des vies.

Mais surtout, nous devons aider les pays à mettre en place des systèmes de santé résilients, fondés sur des soins de santé primaires solides pour fournir ces outils et services.

Il faut donc mettre les pays et les communautés aux commandes, afin que les populations disposent des services dont elles disent avoir besoin, et non ceux dictés par des tiers.

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Hier soir, je fêtais l'anniversaire d'un collègue après une journée qui fut longue mais productive.

Quelqu'un m'a demandé quelle était ma chanson préférée.

J'ai répondu Imagine de John Lennon.

Je me souviens l'avoir entendue pour la première fois alors que j'étais au lycée dans les années 1970 et m'être senti inspiré par sa vision d'un monde meilleur.

Cette vision m'est restée.

Et c'est la vision d'un monde en meilleure santé qui m'inspire encore.

" Vous pouvez dire que je suis un rêveur, mais je ne suis pas le seul. "

En fait, je pense me trouver dans une pièce qui en est remplie.

Nous sommes venus au Sommet mondial de la santé parce que nous rêvons d'un monde en meilleure santé, dans lequel les individus peuvent respirer un air pur, boire de l'eau potable, manger des aliments sains et vivre dans des conditions qui favorisent la santé, plutôt que de la détruire ;

Nous rêvons d'un monde plus sûr, dans lequel tous les pays et toutes les communautés sont mieux à même de se préparer aux épidémies et aux pandémies, de les prévenir, de les détecter et d'y réagir ;

Et nous rêvons d'un monde plus juste, dans lequel nul ne serait privé des services de santé dont il a besoin en raison de son identité, de son lieu de résidence ou de ses revenus.

C'est le monde pour lequel mes collègues de l'OMS et moi-même continuerons à travailler chaque jour.

Parce que la santé n'est pas un luxe, c'est un droit humain fondamental - une fin en soi, un moyen de développement.

Je ne sais peut-être pas bien le dire, mais je continuerai à le dire : Gesundheit ist ein Menschenrecht!

Vielen dank, merci beaucoup et à l'année prochaine, mais avant de quitter la salle, veuillez applaudir mon ami et mon frère, le professeur Axel Pries et son équipe.

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