Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a indiqué que le régime de Bamako posait comme condition à une restauration des relations avec la France le respect de sa " souveraineté " et de ses " choix stratégiques ".
" Le Mali a souhaité que notre souveraineté soit respectée, que nos choix stratégiques et nos choix de partenaires soient respectés, et que les intérêts vitaux des Maliens soient pris en compte ", a affirmé Abdoulaye Diop au 8e Forum international de Dakar sur la sécurité et la paix en Afrique, pour expliquer la brutale dégradation des relations entre les deux pays qui a conduit les militaires français à quitter le Mali en août, après neuf ans de lutte contre les jihadistes.
" Si ces éléments sont observés, le Mali n'a de problème à traiter avec aucun partenaire, y compris la France ", a-t-il assuré. Interrogé sur ses accusations contre la France dans une lettre adressée en août au Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, dénonçant notamment des " violations répétitives et fréquentes " de l'espace aérien malien par les forces françaises, Abdoulaye Diop a affirmé que son pays attendait la session spéciale qu'il réclame pour en produire les preuves. " Le Mali n'est pas un enfant, nous sommes membres des Nations unies, nous connaissons les règles. Nous avons demandé une session spéciale pour pouvoir discuter de cette question", a-t-il dit.
" Ceux qui sont en face, de quoi ils ont peur ? Si on n'a pas de preuves, qu'on convoque la session ", a lancé le chef de la diplomatie malienne. Dans sa lettre, il affirmait que les autorités maliennes disposaient " de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l'espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions", des accusations catégoriquement démenties par la France. " Ce qui est important, c'est vraiment que nos partenaires viennent dans l'état d'esprit de travailler avec nous pour des solutions, ne viennent pas nous dicter des solutions ", a par ailleurs déclaré Abdoulaye Diop.
" Il ne faut pas jeter l'anathème sur les gens, nous avons notre propre responsabilité ", a-t-il néanmoins reconnu dans son intervention devant le Forum de Dakar. " Nous avons failli par rapport à l'intégration du continent, nous avons failli par rapport au renforcement de la coopération entre nous, nous avons failli par rapport à notre responsabilité pour assurer notre propre sécurité et je crois que nous ne pouvons pas faire assumer ça par d'autres ", a-t-il poursuivi.