Afrique: Flux Financier vers Madagascar - Le risque de financement du terrorisme existe

Selon le directeur général du SAMIFIN, le système de flux financier à Madagascar est perméable au financement du terrorisme. Néanmoins, il n'y a pas encore de faits concrets identifiés.

Un risque réel. Mamitiana Rajaonarison, directeur général du Service de renseignement financier (SAMIFIN), le confirme. Le système de flux financier entrant et sortant de Madagascar présente des risques d'enchevêtrement avec le financement d'activités terroristes.

L'information a été révélée par le numéro un du SAMIFIN durant une interview expresse, en marge d'un événement à Antaninarenina, hier. Il s'agit d'un atelier d'évaluation des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. "Des risques que notre système puisse servir à certains de rampe pour financer des activités terroristes sont identifiés", affirme Mamitiana Rajaonarison. Des risques que représentent "deux ou trois flux financiers", à l'entendre.

Le patron du SAMIFIN ajoute, toutefois, que si le risque est réel, "il n'y a pas encore de cas concrets identifiés". Selon ses explications, en général, les réseaux terroristes utilisent "les associations à but non lucratif", locales, comme entités de transit pour blanchir l'argent qui sert à financer leurs activités criminelles. De prime abord, ces fonds proviendraient ainsi d'entités internationales soupçonnées d'être en collusion avec des organisations terroristes.

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En tant que service de renseignement financier, le SAMIFIN obtient les informations en matière de blanchiment de capitaux ou de risques de financement de terrorisme soit sur la base de déclarations d'opérations suspectes, soit par le biais de partage d'informations par des services de renseignement financier étrangers. Le Service peut aussi engager des investigations sur auto-saisine.

Pays à risque

L'existence de risques que des courants financiers destinés à des organisations non gouvernementales et des associations à but non lucratif opérant à Madagascar, puissent avoir des liens avec des réseaux terroristes a déjà été évoquée il y a quelques années. À entendre le directeur général du SAMIFIN, hier, jusqu'ici il n'y a donc pas de faits concrets recensés. Seulement, tous les doutes sont pris au sérieux, de prime abord. Outre la répression, par ailleurs, la prévention des risques est, également, la raison d'être du SAMIFIN.

L'atelier qui se tient à Antaninarenina hier et aujourd'hui a justement pour objectif d'évaluer et faire l'état des lieux de ces risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. La dernière évaluation remonte à l'année 2017. Dans un rapport publié récemment, l'Institut de gouvernance de Bâle classe Madagascar à la cinquième position des pays présentant le plus grand risque de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.

Ce classement accablant pour la Grande île n'est pas rassurant. D'autant plus lorsque le patron du SAMIFIN confirme l'existence d'un risque de flux financier pouvant avoir comme finalité le financement d'activités terroristes, dans la Grande île. Lors d'un échange en aparté avec un journaliste à l'issue de la première demi-journée de l'atelier d'évaluation à Antaninarenina, Mamitiana Rajaonarison s'est voulu rassurant.

Selon les explications du directeur général du SAMIFIN, sur les pays dans le top 5 des pays présentant le plus de risque de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme, Madagascar est le seul qui ne figure pas la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI), qui est l'entité de référence mondiale en matière de lutte contre ces activités financières illégales. Le rapport de l'Institut de gouvernance de Bâle serait basé sur des paramètres qui remontent jusqu'à l'année 2018. Entre-temps, Madagascar se serait efforcé à combler les failles pour annihiler les risques.

Plaque tournante du trafic de drogue dure

En marge de l'atelier d'évaluation des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, le directeur général du SAMIFIN a aussi mis l'accent sur la prolifération des drogues dures. Dans ses explications, Mamitiana Rajaonarison confirme ainsi le fait que la Grande île présente de forts risques de devenir une plaque tournante du trafic de ces stupéfiants fortement addictifs. Un fléau qui s'accompagne souvent de lessivage de capitaux destinés à alimenter la trésorerie d'entités criminelles ou terroristes.

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