Congo-Brazzaville: Perce2Noble - " Dans la vie de nos fans, le slam est thérapeutique "

interview

Perceddu Guistel alias Perce2Noble (P2N) est l'un des pionniers du slam congolais. Il nous parle de son actualité artistique, de l'originalité et des défis du slam au Congo. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Perce2Noble, qu'est ce qui fait votre actualité ?

Perce2Noble (P2N) : Je me suis lancé dans la musique afro, j'ai mis sur le marché un single nommé "Antivaleurs congolaises (AVC)", je suis aussi depuis quelques mois le représentant (ambassadeur) au Congo de la première édition de la remise des trophées de mérite aux artistes poètes et slameurs du monde, la première édition aura lieu le 3 décembre prochain à Bamako, au Mali.

Récemment j'ai aussi pris la tête de la Fédération congolaise de slam (Fecoslam), dans le but de relancer ses activités et de redynamiser les compétitions de slam. A ne pas confondre avec des scènes slam qui sont déjà très bien représentées par les slameurs les plus en vue au niveau national.

L.D.B.C. : Quels sont les thèmes phares du slam congolais et qu'est-ce qui fait son originalité ?

P2N : Le slam congolais n'a pas de thèmes spécifiques, les artistes slameurs écrivent sur tout sauf rien. Ce qui les guide à l'écriture c'est l'inspiration. L'originalité du slam congolais, à mon avis, réside dans l'usage des expressions endogènes à travers nos textes. Pour les slameurs qui enregistrent les opus, l'originalité se remarque du coté de la musique, chaque artiste apporte une touche spécifique. Toutefois, dans la déclamation le style reste le même.

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L.D.B.C. : Quel est l'apport social du slam chez les artistes et les fans ?

P2N : Avant de parler de son apport social dans la vie des artistes, il faut préciser que le slam est d'abord une passion pour tous les slameurs, le plaisir d'être écouté et la soif de partager les mots dans toute leur splendeur. Aujourd'hui, à l'allure où vont les choses, le slam est devenu une profession pour les uns et un moyen de conscientisation afin de vulgariser les vraies valeurs humaines pour les autres. Le slam fait vivre ses praticiens et permet de conscientiser le public par le biais des scènes ouvertes et spectacles de rues, il est une plateforme d'expression libre de la parole. Dans la vie de nos fans, le slam est thérapeutique, qu'il soit déclamé par un artiste slameur qui en fait son métier ou par celui qui en fait sa passion. Le résultat attendu est le même, faire passer le message dans le but de changer les mentalités et de rendre la vie meilleure et paisible.

L.D.B.C. : Parlez-nous de vos rapports avec le mécénat ?

P2N : Il y a quelques années avant que je ne quitte Brazzaville pour m'installer à Pointe-Noire, j'avais un sponsor, Geroty Design, qui me soutenait pour mon avancement. Avec lui, nous avions lancé à Brazzaville, en 2014, le premier spectacle live de slam nommé Slam acoustique. Depuis que je suis à Pointe-Noire, je travaille seul et sans mécène, je reste toujours ouvert à toute opportunité capable de booster ma carrière.

L.D.B.C. : Les défis à relever pour l'émergence du slam congolais ?

P2N : Depuis quelques années, le slam du Congo est au point mort, je ne parle pas des individualités, des artistes slameurs qui font le buzz. Tous les slameurs du monde savent que le slam ne vit pas en individualité, il faut avoir plus de scènes de slam dans notre pays comme nous l'avions il y a quelques années ; c'est de-là que naîtra même la relève du mouvement. Ne faire vivre le slam que par des opus ou des concerts, c'est tuer le mouvement à petit feu. A la base, le slam ne se faisait pas avec de la musique, aujourd'hui il est devenu un genre de musique. Notre plus grand défi est de faire revivre les scènes slam et de rendre la compétition de slam plus nationale. De 2008 jusqu'aujourd'hui, il n'y a que trois villes de notre pays qui participent à cette compétition, Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie.

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