Liberia: Les plaidoiries des parties civiles au procès de l'ancien chef rebelle Kunti Kamara

Le procès de Kunti Kamara entre dans sa dernière phase. L'ancien chef rebelle libérien est jugé devant la cour d'assises de Paris pour complicité de crimes contre l'humanité, torture et actes de barbarie commis dans les années 90 durant la guerre civile. Un procès historique, le premier en France sur ce conflit. Les plaidoiries des parties civiles ont commencé ce vendredi 28 octobre.

Kunti Kamara, qui était un gradé du groupe rebelle ULIMO, risque la prison à perpétuité. Les deux premières semaines ont notamment été marquées par le témoignage de victimes venues du Libéria. Ce vendredi matin, les plaidoiries des parties civiles ont commencé.

Pendant plus d'une heure trente, Me Sabrina Delattre a rappelé les actes les plus atroces auxquels Kunti Kamara aurait participé. Meurtre, cannibalisme, exécutions sommaires, travail forcé. " Nous étions dans la systématicité du crime pour terroriser la population, et piller le pays ", a indiqué l'avocate. Me Delattre a tenté de couper l'herbe sous le pied de la défense. Il n'y a pas eu d'excavation des corps, d'expertise ADN ou téléphonique. " Le procès tient grâce à la parole des victimes, car les preuves sont rares. Le Liberia est en désuétude et l'affaire est vieille de 28 ans ", a reconnu Me Delattre. Mais les témoignages sont solides, selon elle, notamment parce qu'ils se corroborent, sur le déroulé des faits, les acteurs.

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Différentes versions selon les témoins

Les différences de versions entre les témoins ? Pour l'avocate, c'est rassurant. C'est bien la preuve que tout cela n'est pas téléguidé. " La mémoire est imparfaite, car elle s'est construite dans un contexte traumatisant. Mais à la barre, tout le monde place bien Kunti Kamara dans ce décor ", dit-elle. L'ancien chef de l'ULIMO a toujours nié le moindre crime. Disant ne pas connaître les témoins. Un mystérieux réseau aurait monté des témoignages contre lui.

" Le décalage entre la réalité et son récit est abyssal. Kunti Kamara vit encore 28 ans en arrière. Il n'a aucune empathie ou compassion ", dit Me Sabrina Delattre. Et pour elle, c'est là l'échec de ces audiences. L'accusé n'a rien reconnu. Pour autant, l'existence de ce procès est un pas énorme car, dit-elle, la peur a changé de camp".

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