C’est officiel depuis le 26 Octobre 2022. La Fintech YMO a lancé ses activités en Guinée Conakry, à travers une cérémonie officielle et l’inauguration de son siège le 27 du même mois à Conakry. A l’occasion, M. Abdoulaye Barry, son Pdg a indiqué à allafrica.com comment il entend contribuer à la promotion de l’inclusion financière…Interview
Quelle est la valeur ajoutée de YMO devant cette pléthore de Fintechs ?
Quand vous parlez de pléthore c’est, sans doute ces offres venues d’ailleurs qui essaient de comprendre ce que nous faisons. Nous, nous sommes une émanation africaine. Nous connaissons nos problèmes. C’est pourquoi nous ne sommes pas une société de transfert d’argent, mais une solution d’inclusion financière qui permet le transfert d’argent.
Comment allez-vous y prendre, pour lutter contre les transactions basées sur le cash ?
En 2022, 1,3 milliard d’africains sont exclus du système financier classique. Notre conviction, c’est qu’il est possible d’avoir un compte, de recevoir de l’argent, d’en émettre sans tenir du cash. C’est ce que nous proposons. Le deuxième aspect repose sur le crédit. Les fintechs ici reposent sur le paiement. Avec Ymo, nous allons nouer des partenariats avec des établissements de crédits pour favoriser l’obtention de prêts, avec son téléphone mobile. Pour que l’établissement t’accorde du crédit, il s’assure de ta capacité de remboursement. Or, les solutions classiques ne l’offrent pas. Nous, nous offrons la possibilité de virement de compte à compte qui puisse rassurer l’établissement de crédit. Et notre solution n’exige que l’accès à son téléphone. Il suffit d’avoir un téléphone et de disposer de la carte. Notre système profite d’un système Nfc ou du code Qr avec lequel on peut faire tout type de transaction. Donc même ceux qui n’ont pas accès à internet, peuvent en profiter.
Avez -vous l’intention de devenir une banque… ?
Pour l’instant, nous sommes un établissement de monnaie électronique agréé par la Banque centrale de Guinée. Nous pensons qu’il y a énormément à faire dans le paiement électronique et les services connexes. C’est sur cela que nous allons nous focaliser dans les deux à trois prochaines années.
Comment travailler dans un environnement marqué par informel, quand on sait qu’officiellement en Guinée, 80% de l’économie, c’est l’informel ?
Les acteurs et les pouvoirs publics ont une mission de favoriser la formalisation des acteurs informels. Cela passe par des lois et outils adaptés. Il faut qu’ils y trouvent de l’intérêt. Nous contribuons déjà à la formalisation du secteur informel. Comme vous le savez, les africains s’envoient de l’argent depuis très longtemps et sans passer par les banques. Nous avons décidé d’offrir un outil adapté à leurs réalités. Ensuite, nous les accompagnons dans les processus de formalisation. Nous les encourageons à ouvrir des comptes bancaires qui sont incorporés, et lorsque nous payons les commissions, nous le faisons par virement bancaire. Donc ils sont obligés de se formaliser. Ce sont des acteurs qui comprennent l’économie africaine mieux que quiconque. Nous avons à apprendre d’eux.
Une trouvaille africaine pour des Africains. Pour la diaspora africaine ?
Lorsque nous avons commencé les panneaux publicitaires, beaucoup pensaient que c’était un acteur étranger. En 2022, nous continuons à croire que notre développement doit forcément venir de l’étranger. Cela me frustre énormément. Mais je suis heureux de savoir que nous n’avons pas eu besoin d’importer une société étrangère. Il faut que nous africains, nous le comprenions. Il n’y aura pas de développement qui nous profite, si ce n’est pas nous qui le portons.
Le marché guinéen est très concurrentiel. Comment comptez-vous y réussir ?
Il y a un demi-million de clients qui reçoivent chaque mois de l’argent via notre plateforme et cela en trois ans d’existence. C’est vrai que nous avons des concurrents qui sont là depuis près de dix ans, mais ils n’ont pas réussi à relever le défi de l’inclusion financière. Cela veut dire qu’il y a encore un gap à résorber et c’est notre défi. Mais nous ne sommes pas dans une démarche de conflits. Le danger du monopole, c’est de créer un marasme où rien ne bouge. Le marché est assez ouvert et nous avons des surprises à révéler.
Légende photo : Abdoulaye Barry PDG de YMO : « Le marché est assez ouvert et nous avons des surprises à révéler. »