Afrique de l'Ouest: Après la réunion à Bruxelles sur le cacao- Faut-il craindre une autre guerre du cacao ?

30 Octobre 2022

C’est une rencontre qui aurait dû rassembler, pays producteurs et industriels autour d’un sujet commun : la durabilité de l’industrie cacao. Au final, elle a surtout montré les tensions qui règnent entre les deux parties.

La réunion internationale organisée les 26 et 27 octobre par la Fondation mondiale du cacao à Bruxelles, en Belgique s’est déroulée   en l’absence de la Côte d’Ivoire et du Ghana qui produisent à eux deux, près de 60 % du cacao mondial. « Nous voulons envoyer un message clair indiquant que nous ne compromettrons pas les moyens de subsistance de nos producteurs », a indiqué Alex Assanvo, secrétaire exécutif de l’Initiative Cacao Côte d’Ivoire-Ghana (Iccg).

Cette décision de boycott de l’évènement annoncée conjointement par les instances de régulation des deux pays s’explique essentiellement par un désaccord autour du différentiel d’origine du cacao.   Comme rapporté par l’Agence Ecofin.

Selon le Cocobod et le Conseil du Café-Cacao (Ccc), les industriels négocieraient actuellement à la baisse, cette prime sur les contrats de la prochaine campagne 2023/2024. Une démarche qui va à l’encontre des engagements pris par les entreprises pour améliorer les revenus des producteurs et qui sape les efforts déployés par les autorités des deux pays.

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En juillet 2022, le Ghana et la Côte d’Ivoire ont en effet annoncé qu’ils ne vendraient plus le cacao avec un différentiel d’origine négatif. Sur ces dernières années, la prime était en effet tombée en dessous de zéro sous la pression des multinationales dans le contexte de la mauvaise conjoncture économique liée à la pandémie de coronavirus, ce qui avait eu pour effet d’annuler l’effet du différentiel de revenu décent (Drd) fixé à 400 dollars la tonne depuis 2020/2021.

« Un processus a également été lancé avec l’industrie pour tracer la voie d’un pacte économique qui a été signé par toutes les grandes entreprises. Le partenariat que nous devons forger ensemble est celui du respect mutuel de nos engagements à lutter pour sortir de la pauvreté les millions de petits producteurs de Côte d’Ivoire et du Ghana [et ceux du Nigeria et du Cameroun à l’avenir] », souligne un communiqué conjoint publié le mardi 25 octobre.

Selon les observateurs, l’absence des deux principaux producteurs devrait limiter la portée de l’évènement ainsi que l’impact des décisions qui en sortiront.

Alors que la question de la durabilité de l’industrie du cacao fait rage depuis quelques années, certains analystes estiment que plus que jamais, celle-ci dépendra du niveau de rémunération des planteurs et en premier lieu de la capacité de la Côte d’Ivoire et du Ghana à défendre les intérêts de leurs exploitants qui restent encore démunis. D’après une étude de la Banque mondiale, plus de la moitié des planteurs ivoiriens vivent sous le seuil de pauvreté, une situation identique au Ghana. Faut-il craindre une autre guerre du cacao à l’horizon ?

Entre temps, les responsables du Conseil du café cacao (le régulateur ivoirien), étaient en missions d’explications et de sensibilisation dans les zones de production du cacao.  Au moment où la campagne principale de commercialisation qui ouvert le 1e Octobre 2022, tourne difficilement ; faute de financement pour acheter les fèves aux producteurs.  Ce qui fait craindre un non- respect du prix bord champs fixé à 950 Fcfa le Kg aux producteurs. Des sources très crédibles et bien introduites dans les zones portuaires d’Abidjan et de San pedro indiquent que « le cacao ne sort pas des zones de productions. »

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