Sénégal: Oumar Sarr, Parti des libéraux démocrates/And Suqali (Pld/As) - " Nous sommes le parti du Dialogue national "

30 Octobre 2022

En prélude à la conférence nationale de sa formation politique, le Parti des libéraux démocrates/And Suqali (Pld/As), ce samedi 29 octobre, Oumar Sarr s'est confié au Soleil. Il revient sur les axes de cette manifestation, fait le bilan des deux ans d'existence de ce parti ainsi que sur d'autres questions d'actualité.

Votre formation politique, le Parti des libéraux démocrates/And Suqali (Pld/As), organise, ce matin, sa toute première conférence nationale. Pouvez-vous nous donner les grandes lignes de cette rencontre ?

C'est la première rencontre d'envergure après l'Assemblée générale du parti le 31 aout 2020. Ça fait presque deux ans que le parti fonctionne. Il y a eu beaucoup d'évènements qui se sont passés depuis lors. Nous sommes entrés au Gouvernement en fin 2020, il y a eu des élections territoriales puis législatives.

Il était normal de convoquer une réunion nationale que nous appelons Conférence nationale pour faire le point sur la situation politique et sur l'organisation de notre parti. Nous pensons qu'un parti, c'est important. Bien que nous sommes dans la mouvance présidentielle, nous devons renforcer notre parti comme élément qui peut être central dans une dynamique unitaire. Nous avons donc cette vision d'un parti qui fonctionne dans une coalition qui fonctionne.

C'est important de tenir cette Conférence nationale pour préparer l'avenir du parti, pour mieux le structurer, mieux discuter pour avoir la même vue globale de la situation politique et comment le Parti des libéraux démocrates/And Suqqali (Pld/As) doit fonctionner dans cette situation qui, quand même, évolue très rapidement. Nous avons donc discuté pour avoir cette compréhension commune des évènements, pour comprendre, nous tous, les tâches que nous devons avoir dans cette situation. C'est important donc de réunir le parti dans l'ensemble des 46 départements du pays pour discuter, faire le point, nous réorganiser pour mieux nous préparer.

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Votre parti a aussi, entre temps, enregistré des démissions. Est-ce que cette manifestation ne sera pas une occasion pour responsabiliser certains militants ?

Le parti tel qu'il fonctionne est centré sur un directoire national. C'est la direction du parti en attendant qu'on puisse avoir un congrès ordinaire. Le Parti prévoyait des structures intérimaires : Bureau politique, Conseil national, etc. Pour que le parti fonctionne, il faudrait que ces structures, qui sont aussi essentielles, puissent exister à côté du directoire.

Un parti politique, ça vit. Si l'on comptait le nombre de personnes qui ont décidé d'adhérer dans tous les départements, et vous allez le voir pendant la Conférence nationale, on se rend compte qu'il y a beaucoup de mutations. Des entrées. Il y en a eu. Bien évidemment Babacar Gaye qui reste un ami, a décidé de prendre une distance par rapport au parti. Pour moi, c'est tout à fait normal, car un parti fonctionne comme ça. L'essentiel est de se renforcer en marchant. Et nous nous sommes renforcés vraiment dans le temps.

Quel bilan peut-on tirer des deux ans d'existence du Pld/As ?

C'est ce bilan-là que nous voulons faire lors de la conférence. Il y a les cartes qui sont sorties et beaucoup sont déjà placées. Elles ont été insuffisantes. Entretemps, on a retouché le logo, etc. Ces questions-là seront validées par la Conférence nationale. Nous sommes allés aux élections territoriales, généralement, dans " Benno ". Il y a eu des collectivités territoriales, malheureusement, dans lesquelles nous étions obligés d'aller seuls. Il s'agit de deux départements (Koumpentoum et Koungheul). Il y a aussi plusieurs communes, une dizaine, où nous sommes allés seuls. Nous avons pu gagner une mairie dans le département de Salémata.

Nous avons conservé les communes que nous avons dans les départements de Dagana, notamment Dagana commune et Bokhol dans le cadre de la coalition " Benno ". Nous avons à peu près 500 conseillers municipaux et départementaux et une présence nationale incontestable dans l'ensemble des régions et des départements. Nous pouvons considérer que c'est un bilan positif. La Conférence permettra de voir comment mieux impacter ce bilan positif dans le développement national, dans la mouvance présidentielle et autres. Pour renforcer la majorité, il faut que les partis puissent véritablement fonctionner, démontrer leurs forces, rassembler afin que la coalition soit un rassemblement de rassemblements.

Les retrouvailles de la famille libérale sont de plus en plus agitées. Pensez-vous que l'amnistie proposée par le Chef de l'État peut être un détonateur ?

C'est vrai que beaucoup de nos responsables viennent du Parti démocratique sénégalais (Pds), mais nous sommes le parti de dialogue national d'abord. Nous croyons qu'aujourd'hui, un seul parti ne peut pas diriger le pays. Nous pensons aussi qu'il faut une entente nationale. De manière générale, nous avons joué un rôle important dans le Dialogue national et nous pensons qu'il fallait maintenir ce dialogue national, puisqu'il y a eu des conclusions de la Commission politique.

Il fallait essayer de les matérialiser. Il y a eu d'autres Commissions, mais, malheureusement, le travail n'a pas abouti et nous le regrettons. Le Dialogue national doit être un instrument principal de gouvernance dans un pays comme le Sénégal et en Afrique. Nous pensons que le " Disso ", dans l'ensemble des pans du pays, est important pour progresser. Cela est aussi valable pour l'Afrique. Nous sommes pour les États-Unis d'Afrique. Nous pensons qu'il faut renforcer la Cedeao, qu'il faut aller vers une unité beaucoup plus politique, pas seulement économique.

Il faut aller de l'avant. C'est comme ça qu'on va préserver les États et la Nation africaine. En plus de la démocratie, du dialogue national, les États-Unis d'Afrique constituent notre ADN. Dans ce dialogue national, nous avons une identité. Nous venons principalement du Pds et nous sommes pour que l'ancien Pds puisse se retrouver sous différentes formes.

À la Commission politique du Dialogue nationale, il y avait une proposition de prendre des actes d'apaisement politique et il était proposé notamment, pour Khalifa Sall et pour Karim Wade, de prendre des mesures pour leur permettre de voter, parce que même si au regard de la justice, il n'y avait pas d'incapacité électorale, au regard de la loi électorale, il est pour eux impossible de voter et de participer à des élections. Il est vrai qu'il y avait la Crei et des jugements, mais indépendamment de ces jugements, le pays, pour se renforcer, pouvait prendre des décisions pour leur permettre de voter.

Il y a eu des discussions pour savoir s'il faut une amnistie ou s'il faut seulement changer la loi électorale, ou est-ce qu'il faut réhabiliter ou est-ce qu'il faut de nouveaux jugements, etc. Mais de manière générale, pour nous, ce qui était le plus important, c'est de leur permettre, aujourd'hui, malgré les articles 28 et 29 de la Loi électorale, de pouvoir voter. Et nous étions pour, tout comme le Dialogue national était pour. Ces décisions n'ont pas été prises à l'époque et peut-être ça nous rattrape un peu. Nous sommes à fond pour qu'on discute et qu'on prenne des mesures, notamment leur permettre de participer aux joutes électorales. C'est une de nos positions, indépendamment de l'unité des libéraux. C'est notre vision d'un dialogue nécessaire à toutes les étapes de la vie politique. C'est aussi l'application des recommandations de la Commission politique du Dialogue national.

Concernant les retrouvailles de la famille libérale, on peut dire qu'aujourd'hui, le Pds d'antan est divisé en plusieurs formations politiques et nous sommes une de ces composantes-là. Nous tous pensons que le Président Abdoulaye Wade est un leadeur, un père ; nous avons au moins une dénomination commune. On avait rêvé, à un moment donné, et Wade l'avait proposé, que l'on constitue un grand parti des libéraux avec plusieurs composantes (gauche, droite, centre... ), de se regrouper en un ensemble commun. Nous pensons que c'est encore possible et ça fait partie de notre programme. Maintenant, il faut continuer à parler avec les uns et les autres et je dis que nous, en tant que Pld/as, nous n'avons pas d'animosité avec quelqu'un qui se réclame du mouvement libéral global. Nous travaillerons à ce que cette unification-là puisse avoir lieu.

Il y a une tension, voire une surenchère dans le champ politique et les réseaux sociaux sont principalement incriminés. D'ailleurs, le Chef de l'État en a fait écho récemment. Qu'en pense le docteur en informatique et acteur politique que vous êtes ?

Il est vrai que je suis docteur en informatique depuis plusieurs années maintenant, mais c'est moins une question de métier qu'une question de libertés. Dans beaucoup de pays, ce problème-là se pose, ce n'est pas seulement au Sénégal parce qu'Internet est devenu, en très peu de temps, une réalité mondiale. C'est le monde qui a, un peu, changé : il y a des communications immédiates.

Maintenant, comment faire en sorte qu'il y ait moins d'insultes et plus de respect mutuel, que cette interconnexion pour laquelle Internet a été créé soit une réalité et non pas une source de division et de séparation. C'est un problème réel et c'est sûr que ce n'est pas seulement au Sénégal qu'on pourra trouver une solution ; il faut que ça soit articulé autour de ce qui se fait à travers le monde. Même si le Sénégal prend une option, il y a des options autres qui peuvent être choisies ailleurs et qui peuvent contrer l'option du Sénégal.

Il faut donc une discussion globale et il faut que les acteurs politiques aussi jouent pour la paix sociale. Sans paix sociale, il n'y a pas de Sénégal, il n'y a pas de progrès. Il n'y a aucune solution durable qui pourra être trouvée. Il faudrait donc discuter avec l'ensemble des acteurs, dialoguer et trouver des solutions. Cette question complexe n'est pas normale. On connait tous les acteurs qui interviennent aujourd'hui et qui insultent le plus et qui veulent incendier le pays. Ce sont souvent des Sénégalais installés hors du pays. Ensemble, on peut trouver des solutions, mais il faut que ce soit vraiment dans la discussion et le dialogue.

2024, c'est pour bientôt. Certains acteurs politiques ont commencé déjà à déclarer leurs candidatures pour la présidentielle, ce qui n'est pas encore le cas du côté de la mouvance présidentielle à laquelle vous appartenez. Comment appréhendez-vous cette échéance électorale ?

2024, c'est dans un peu plus d'un an, les campagnes vont démarrer, mais nous, nous avons une position de fond. Nous pensons qu'il faudrait que la mouvance présidentielle discute vraiment et essaie de trouver une solution commune. Il y a beaucoup de transformations. Le pays est en train de se transformer. Il y a beaucoup de choses positives qui sont en train d'être faites dans le pays.

Ça, il faudrait qu'on puisse le préserver, pousser le pays à aller de l'avant en préservant les acquis. C'est pourquoi nous pensons qu'il faut une discussion franche et positive autour de la mouvance présidentielle et qu'on essaie de renforcer cette mouvance et d'additionner d'autres forces, de renforcer cette majorité pour définir une candidature commune concertée et ensuite espérer gagner pour préserver la paix, le pays et les projets majeurs.

C'est autour de l'orientation globale de maintenir le Sénégal dans une dynamique de paix, de concorde nationale autour du renforcement de la majorité qu'on pourra définir ensemble le moyen de sauver le pays. Partout autour de nous, il y a des coups d'État. Nous sommes contre les coups d'État. Nous pensons que le peuple doit pouvoir décider, de façon souveraine, notamment par le vote. Il faudrait donc qu'on renforce la démocratie, qu'on renforce la majorité présidentielle. Il faudrait discuter, trouver les meilleurs artifices ; c'est autour de cela qu'il faudrait se mobiliser pour que le Sénégal puisse gagner, avec cette élection de 2024.

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