Tunisie: Fatma Mseddi annonce la réouverture de l'affaire de " l'appareil secret " d'Ennahdha - A quand une vérité claire et définitive ?

31 Octobre 2022

L'affaire traîne maintenant depuis plusieurs années. On se rappelle tous que l'ancien Président de la République, feu Béji Caïd Essebsi, avait abordé ce dossier en conseil de sécurité nationale, mais depuis aucune avancée n'a eu lieu et aucune vérité n'a été dévoilée, alors que le parti Ennahdha nie toujours toute implication.

Connu sous l'appellation de "l'appareil secret" et attribué au parti islamiste Ennahdha, ce dossier, actuellement entre les mains de la justice, interpelle toujours les Tunisiens au vu de la gravité des accusations portées contre certains dirigeants de ce parti. La situation est telle que le comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi accuse le parti islamiste de contrôler un appareil sécuritaire secret qui serait responsable de ces assassinats politiques et de certaines affaires terroristes.

Le dossier a été rouvert lorsque l'ex-députée Fatma Mseddi a affirmé avoir reçu des informations laissant croire que des rebondissements majeurs liés à cette affaire sont à prévoir dans les prochains jours. En effet, expliquant que les autorités judiciaires l'ont convoquée en tant que témoin dans l'affaire de l'appareil secret, elle a assuré que le dossier a été rouvert après des années d'attente et de report. Elle rappelle, dans ce sens, qu'elle faisait partie des 41 députés qui avaient présenté l'affaire en justice concernant l'appareil secret qui incrimine directement, selon ses dires, les membres du mouvement Ennahdha.

%

"Le dossier, trop longtemps occulté, a été rouvert et de nombreuses lacunes et manipulations y ont été constatées, comme la disparition de certains documents. Plusieurs responsables, notamment sécuritaires, qui n'ont, jusque-là, pas été arrêtés, seront bientôt convoqués, et les portes de l'enfer vont s'ouvrir face à eux !", a-t-elle avancé.

Il faut rappeler qu'en janvier dernier, la ministre de la Justice, Leila Jaffel, avait autorisé le procureur général de la Cour d'appel de Tunis à confier au ministère public du tribunal de première instance de Tunis l'ouverture d'une enquête sur ce qu'on appelle "l'appareil secret d'Ennahdha".

Cette décision faisait suite à une plainte déposée auprès de la ministre de la Justice, en sa qualité de cheffe du ministère public, par un membre du comité de défense des deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, contre plusieurs personnes, pour des crimes liés à la sécurité de l'Etat.

Suite à cette décision, la porte-parole du tribunal de première instance de l'Ariana, Fatma Boukataya, avait confirmé que le juge d'instruction a rendu une décision d'interdire de voyage contre toutes les personnes visées par l'enquête dans l'affaire dite "l'appareil secret" d'Ennahdha. Elle a confirmé que Rached Ghannouchi est concerné par l'interdiction de voyage.

Chronologie d'un mystère

Mars 2019, le comité de défense des deux martyrs dévoilait l'existence de ce qu'il appelait un "appareil sécuritaire secret d'Ennahdha" ayant contribué à l'assassinat de Chokri Belaïd. Une appellation rapidement reprise par les médias et a provoqué une grande polémique d'autant plus qu'elle avait été évoquée aussi par l'ancien président feu Béji Caïd Essebsi.

Le 23 septembre 2019, le procureur de la République près le pôle judiciaire avait dévoilé les étapes de l'instruction concernant les procédures de trois plaintes relatives à "l'appareil secret" du mouvement Ennahdha et les différentes étapes de l'instruction de l'affaire. Cette affaire était revenue sur le devant de la scène lorsque le collectif de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi avait indiqué avoir épuisé tous les moyens concernant l'affaire de "l'appareil secret d'Ennahdha", et signalant que le parquet près du tribunal de première instance de Tunis n'avait pas émis la décision de transférer ladite affaire au juge d'instruction.

Le 31 décembre 2019, le Tribunal de première instance de Tunis annonçait que les trois affaires liées à cet éventuel appareil avaient été étudiées par le Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme qui avait décidé de s'en désister et de charger le premier juge d'instruction du bureau 32 de ces trois dossiers. La première plainte a été déposée par 43 députés et la deuxième plainte a été introduite par le parti du Courant populaire. Ces deux plaintes avaient été saisies par l'unité nationale de recherche dans les crimes terroristes d'El Gorjani avant d'être transférées au Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme le 20 septembre 2019.

La troisième plainte saisie par l'unité nationale de recherche dans les crimes terroristes relevant de la Garde nationale d'El Gorjani a été présentée au procureur de la République près le tribunal militaire permanent de Tunis par le parti Watad.

Cependant, à maintes reprises, le parti Ennahdha a rejeté tout lien avec ce que les médias appellent "l'appareil secret d'Ennahdha". Le parti islamiste pense même qu'il s'agit d'une arme médiatique et politique pour intimider ses dirigeants.

Kaïs Saïed critique la justice !

C'est aussi dans ce contexte que le Chef de l'Etat, Kaïs Saïed, a appelé pour la énième fois la justice à ouvrir tous les dossiers sans exception. Le Président de la République, qui a épinglé la lenteur des procédures judiciaires, estime qu'elles ont tendance à assurer une couverture à certaines personnes.

"Les procédures devant les tribunaux ont pour objectif de garantir les droits des justiciables plutôt que de profiter à une quelconque partie", a-t-il laissé entendre. Et d'insister que de nombreux dossiers ouverts depuis des années n'ont pas encore été tranchés.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.