Congo-Kinshasa: Diplomatie - Kinshasa expulse l'ambassadeur du Rwanda

Après la prise de Bunagana en juin dernier, et celle plus récente des localités de Rutshuru-centre, Kiwanja et Rumangabo, situées sur la Nationale 2, axe stratégique desservant Goma (Nord-Kivu), par la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda, les relations diplomatiques entre la République démocratique du Congo (RDC) et cet Etat voisin viennent de prendre un sérieux coup.

Kinshasa, qui ne digère pas ce qui a tout l'air d'un énième affront, est vite passé à l'offensive en expulsant l'ambassadeur plénipotentiaire du Rwanda, Vincent Karega, sommé de quitter le pays en urgence. Une décision qui fait suite à la réunion élargie du Conseil supérieur de la défense, présidée le 29 octobre par le président Félix Tshisekedi à la Cité de l'Union africaine. Pour le gouvernement congolais, l'appui du Rwanda au M23 ne tient plus que d'un secret de polichinelle au regard des preuves dont il dispose. " Il a été observé ces derniers jours une arrivée massive des éléments de l'armée rwandaise pour appuyer les terroristes du M23 en vue d'une offensive générale contre les positions des Forces armées congolaises ", a affirmé le porte-parole de l'exécutif national, Patrick Muyaya, dans son compte-rendu.

C'est ce 31 octobre que l'ambassadeur du Rwanda a été notifié de la décision du gouvernement portant sur son expulsion. Parallèlement à cette notification, le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula Apala, a réitéré l'instruction donnée en son temps au nouvel ambassadeur de la RDC près la République du Rwanda, de surseoir à la présentation de ses lettres de créance aux autorités rwandaises jusqu'à nouvel ordre. Le chargé d'affaires par intérim de la RDC à Kigali a, quant à lui, été rappelé en consultation.

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Tout en regrettant la tournure prise par les événements, le gouvernement rwandais, dans un communiqué, a exprimé ses regrets, ajoutant que ses forces de sécurité à la frontière avec la RDC avaient été placées en état d'alerte. De part et d'autre, tout laisse supposer qu'on se préparerait à un affrontement armé, ce qui porterait un coup fatal aux espoirs de paix suscités par les processus de Luanda et de Nairobi.

Entre-temps, plusieurs leviers diplomatiques sont en train d'être activés pour parvenir à la désescalade à l'instar de l'Union africaine qui, à travers un communiqué publié le 30 octobre, à Addis-Abeba, a appelé toutes les parties à établir un cessez-le-feu immédiat, à respecter le droit international, la sécurité des civils et la stabilité aux frontières de tous les pays de la région. À cet égard, l'organisation panafricaine invite toutes les parties à participer de bonne foi au troisième dialogue de paix intercongolais qui se tiendra à Nairobi, du 4 au 13 novembre.

Même son de cloche du côté des Nations unies, où Antonio Guterres a appelé directement le président rwandais, Paul Kagame. Il a insisté sur les voies pacifiques et sur le respect des engagements pris dans le cadre des processus de Nairobi et de Luanda.

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