À Genève, la réunion du Comité des Nations unies contre la torture, ce mardi 1er novembre, devait se pencher sur un rapport du gouvernement tchadien. Elle a finalement été recentrée sur la répression des manifestations du 20 octobre.
La réunion était prévue de longue date, et elle devait être consacrée à un rapport du gouvernement tchadien sur ses réalisations en matière des droits de l'homme, au cours des treize dernières années.
Mais " l'actualité des derniers jours nous a poussé à bouleverser l'ordre de nos questions pour nous focaliser sur les événements du 20 octobre dernier ", a déclaré d'emblée Sébastien Touzé, l'un des rapporteurs du Comité contre la torture, avant d'égrener des chiffres " particulièrement édifiants " recueillis dans différents rapports sur ce drame : entre 50 et 150 personnes tuées, entre 150 et 180 personnes portées disparues, plus de 1 300 personnes arrêtées ou encore entre 600 et 1 100 personnes " déportées " dans la prison de haute sécurité de Koro-Toro.
Les questions se sont bousculées pendant plus de deux heures. Pourquoi un tel usage de la force dans la répression ? Comment la justifier ou l'expliquer ? Quel en a été le bilan réel ? " Nous souhaiterions avoir tous les détails sur ces actes et ces faits, peut-être la liste des personnes victimes, mais aussi toutes les informations nécessaires pour comprendre ", a insisté Sébastien Touzé. Toutes ces questions étaient adressées à Ahmad Makaïla, l'ambassadeur du Tchad à Genève, qui a botté en touche :
" Nous sommes dans une transition, mais nous n'avons aucunement conçu ou pensé cette transition comme étant une zone de non droit ", a-t-il déclaré.
Le diplomate a regretté de voir le Comité pointer uniquement les violences policières, sans mentionner " les violences du fait des manifestants " contenues dans les rapports qu'il cite, avant de demander " l'indulgence du comité " qui devra attendre l'arrivée d'une délégation gouvernementale en provenance de Ndjamena. Celle-ci était censée participer à la réunion mais devrait arriver avec quelques jours de retard. Elle aura peut-être plus de précisions sur les chiffres et sur ce qui s'est passé lors de ce qu'on appelle désormais au Tchad le " Jeudi noir ".