Madagascar: Il était une fois le Jurassic Park Gasy

C'est comme dans les "contes et légendes", nos "angano": il était une fois l'ère secondaire, voilà 230 à 75 millions d'années. Sa deuxième époque, dite jurassique, correspondait à la scission du Gondwana en un continent africano-brésilien d'une part et un continent indo-malais, avec formation du Canal de Mozambique, d'autre part. Déjà détaché du Gondwana, Madagascar était encore relié à l'Inde. Les ancêtres des animaux "modernes" n'auraient atteint Madagascar qu'après sa constitution définitive en île, au Crétacé, il y a 70 millions d'années.

Ce long isolement a permis le développement d'une "Nature Cinq Étoiles". Avec une faune (lémuriens, fosa, caméléons) et une flore (renala, ravinala, orchidées), uniques au monde. Et l'absence des fameux "Big Five" que vendent les safari en Afrique australe : le lion, l'éléphant, le buffle, le rhinocéros, la girafe.

Ces "attractions touristiques" étaient également inconnues à l'île Maurice qui leur a inventé "Casela", un parc de 300 hectares où les lions ne disposent pas du dixième de leur espace vital. À titre de comparaison, le parc transfrontalier Kdalagadi, partagé par l'Afrique du Sud et le Botswana, fait 38.000 km2, c'est-à-dire les trois cinquièmes de la province dite d'Antananarivo ou dix-huit fois l'île Maurice. Y vivent librement de nombreux prédateurs (lions, guépards, léopards, hyènes, chacals) et leurs proies herbivores (gnou, springbok, etc.). Les lions de Casela, comme tous les animaux en captivité, sont dénaturés car leurs instincts sont bridés : on imagine mal les gérants de Casela laisser les lions chasser librement les zèbres du parc ce qui les obligerait à en importer régulièrement depuis leur terre de naissance, l'Afrique.

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À Madagascar, au fil des fouilles à Ampasambazimba, à Amparihingidro ou à Taolambiby, on a découvert les fossiles de lémuriens géants, d'hippopotames nains, et surtout de cet oiseau légendaire : le Voronatrana (Aepyornis maximus), définitivement éteint depuis le XVIIe siècle, qui pouvait atteindre 3 mètres de hauteur, peser 500 kilos et pondre des oeufs de 12 kilos.

Il était une fois donc le Jurassique. En 1995, dans la baie de la Mahajamba (Maevarano), fut découvert le squelette d'un dinosaure herbivore que les scientifiques baptisèrent "Rapeto-saurus" : Rapeto étant le nom du géant mythique de grandes migrations humaines sur les Hautes terres. Sans surprise, les deux autres membres de la famille Nemegtosauridé ont été exhumés en Asie. Ce dinosaure Rapeto, qui vivait il y a 70 millions d'années, mesurait 15 mètres de long. Son prédateur était un théropode, prédateur carnivore et cannibale, au doux nom de "Majungasaurus". Il écumait l'actuelle région de Majunga, il y a 65 millions d'années. Majungasaurus mesurait huit mètres de long et pouvait peser une tonne. Lémurien géant, oiseau-éléphant, dinosaure-Rapeto : voilà le premier casting d'un Jurassic Park Gasy. Une "Dreamworks" touristique qui ne menacerait pas le fragile équilibre de la faune et de la flore endémiques et indigènes par l'introduction aventureuses d'espèces étrangères qui peuvent devenir invasives.

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