On ne voit pas comment le niveau de l'enseignement en Tunisie est tombé si bas sans que la responsabilité des différentes parties prenantes ne soit totalement engagée. En l'absence de réformes devenues au fi l du temps inéluctables, et surtout d'une véritable prise en main de tout le secteur, c'est tout le système éducatif qui risque encore de se heurter de plus en plus à des handicaps à court terme et des menaces pour l'avenir.
L'on n'apporte rien de nouveau lorsqu'on reconnaît que rien n'a été entrepris depuis 2011, puisque les déboires se suivent et se ressemblent. Autant les décideurs se montrent vulnérables et incapables de coller à la réalité, autant l'impuissance de l'autorité de tutelle face aux escalades répétées des syndicats laisse entrevoir des signes inquiétants. On se demande aujourd'hui si les différentes parties impliquées sont vraiment capables de s'acheter une nouvelle conduite, notamment dans un contexte qui n'augure rien de bon.
Il faut dire que le bricolage a ses limites. Voilà, en tout cas, tant d'années que l'enseignement, ses différents initiateurs et intervenants naviguent à vue. Pendant de longues périodes, ce sont toujours, ou presque, les mêmes constats, mais aussi les mêmes arguments et les mêmes justifi cations qui reviennent. Des initiatives ont complètement échoué, des approches sont carrément usées. Alors que l'implication des syndicats est devenue, au fi l du temps, indésirable, pour ne pas dire gênante.
S'il a beaucoup perdu de son rayonnement et de son éclat, s'il a toujours un nom, un statut et une réputation à défendre et surtout à préserver, l'enseignement en Tunisie ne mérite pas aujourd'hui les préjudices qui lui sont portés. Nous pensons qu'il est grand temps que, derrière le conflit qui oppose le ministère aux syndicats, émerge un débat d'idées, loin des appréhensions et des préjugés.
Qu'on se le dise: la situation est gérable. Reste cependant à trouver la clé. Il est évident que la situation dans laquelle se débat aujourd'hui l'enseignement n'est bénéfi que à aucune partie. Ni les enseignants, ni le ministère, ni les syndicats. Et surtout pas les élèves. Elle commence à paraître longue, mais surtout contraignante.