Les Etats-Unis vont exclure le Burkina Faso de l'accord commercial liant la première puissance mondiale aux pays africains, a annoncé ce mercredi la Maison Blanche, justifiant cette décision par l'absence de progrès vers un retour à la démocratie, après les deux coups d'Etat militaires dans le pays depuis début 2022. Rapporte l’Afp. Un autre coup en perspective pour la filière textile et dérivés du Burkina Faso.
« J'ai pris cette décision car j'ai déterminé que le gouvernement du Burkina Faso n'a pas mis en place, ou fait des progrès continus en vue d'établir, le respect de l'Etat de droit et du pluralisme politique », éléments nécessaires dans le cadre du programme Agoa (African Growth Opportunities Act), a justifié le président américain Joe Biden dans une lettre envoyée au Congrès américain. L'exclusion du pays ouest-africain sera effective au 1er janvier prochain, a précisé le courrier. Dans un communiqué, l'ambassadrice américaine au commerce, Katherine Tai, a insisté sur la nécessité pour le « Burkina Faso de prendre les décisions nécessaires pour répondre aux conditions de l'accord et au retour de la démocratie ». « Je vais fournir au Burkina Faso une feuille de route claire leur permettant de réintégrer le programme et notre administration va travailler avec eux afin d'y parvenir », a ajouté Mme Tai dont les propos sont rapportés par l’Afp. L'Agoa, mis en place en 2000 et dont la liste des pays bénéficiaires est révisée tous les ans, établit une coopération économique et commerciale avec le continent africain. Il facilite les exportations africaines vers les Etats-Unis pour soutenir le développement économique. Dans le cadre de cet accord des milliers de produits africains peuvent bénéficier de réductions de taxes à l'importation, sous réserve cependant de conditions remplies concernant notamment les droits humains, la bonne gouvernance ou la protection des travailleurs. En début d'année, les Etats-Unis avaient exclu trois autres pays du programme, l'Ethiopie, le Mali et la Guinée, en estimant également que les actions prises par ces trois gouvernements en violaient les principes. Confronté depuis 2015 à des attaques jihadistes de plus en plus fréquentes qui ont fait des milliers de morts et contraint quelque deux millions de personnes à fuir leurs foyers, le Burkina Faso a été secoué par deux coups d'Etat militaire depuis le début de l'année. Le 24 janvier 2022, des militaires emmenés par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba avaient renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé de laxisme face aux attaques, avant d'être à son tour déposé le 30 septembre 2022 par le capitaine Ibrahim Traoré.
Et pourtant Le Burkina Faso veut doper ses exportations vers les Etats-Unis. Il devrait être question de mettre à profit l'Agoa qui est une initiative commerciale liant le gouvernement américain et l'Afrique. Dans cet ordre d'idée, la Chambre de commerce et d'industrie du Burkina Faso (Cci-Bf) en collaboration avec le projet Trade hub de l'African Growth and Opportunity Act (Agoa), a entrepris de former les hommes d'affaires burkinabés afin de les aider à profiter des opportunités d'accès au marché américain. La formation porte sur la documentation à l'export, les exigences sanitaires, l'emballage des produits et l'étiquetage, etc. Les autorités burkinabés indiquent que le pays reste éligible à l'Agoa jusqu'en 2025 et n'a donc pas peur des réformes en cours sous l'administration Trump.«La prolongation jusqu'en 2025 de l'éligibilité du Burkina Faso à l'Agoa nous offre une ultime chance de rattraper notre retard à travers des actions vigoureuses et cohérentes de promotion de nos exportations vers le vaste marché américain », affirmait Franck Tapsoba, le Directeur général de la Cci-Bf qui se confiait à La Tribune.
C'était le credo du gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré. Malheureusement qui a été renversé fin janvier 2022. En effet, selon les statistiques, les recettes générées par les exportations vers les Etats-Unis en 2016 sont estimées à 3,6 millions de dollars dont une infime partie sous le régime d'accès préférentiel de l'Agoa.
Un chiffre qui démontre clairement que le pays des hommes intègres n'a pas suffisamment profité de l'Agoa, pour augmenter ses flux d'exportations vers les Etats-Unis. Sur ce constat, les autorités burkinabés d’alors, voulait s'engager dans une meilleure information des exportateurs nationaux sur les avantages offerts dans le cadre de l'Agoa et à mener des réflexions pour la définition de la stratégie et des moyens à déployer pour accroître le volume des exportations du Burkina Faso vers les Etats-Unis.