Devenu le refuge des élus qui se comportent comme de véritables intouchables et en pleine crise de moralité, la Chambre basse, à travers sa Cellule de prière et sa Chorale, a accueilli, hier, le pasteur Raymond Koffi.
Ce n'est pas trop catholique ni trop orthodoxe ! Une conférence animée par l'Evangéliste International, le pasteur Raymond Koffi, connu à Madagascar, surtout au début des années 2000, à travers l'émission 700, s'est tenue hier dans la matinée à l'Assemblée nationale Tsimbazaza. Le thème choisi lors de cet événement est " Qu'est-ce qu'être honorable ? ". Une question bien posée. Dans un contexte où certains députés sont cités dans des affaires qui n'honorent pas son institution ni ses électeurs, cette conférence était certainement l'occasion pour leur rappeler l'importance de ce mot. La conférence du pasteur Raymond Koffi, inscrite sur l'agenda officiel de l'Assemblée nationale, a précédé la séance d'adoption de l'ordre du jour de la Chambre basse qui s'est tenue hier après-midi.
Brebis galeuses. Malgré le fait que Madagascar compte quelques 327 églises et autant de pasteurs et des prêtres, il a fallu la venue du pasteur Raymond Koffi pour rappeler aux brebis galeuses de l'Assemblée nationale l'importance d'un certain code d'éthique et de moralité en tant qu'élus de la Chambre basse. Notons qu'au cours de ces derniers mois, des députés ont fait la Une des journaux. Lanto Rakotomanga, Mohamad Ahmad ou encore le député de Soalala sont parmi ceux qui ont terni, en quelque sorte, l'image de la Chambre basse. Jusqu'à ce jour, aucune mesure n'a été prise par le Bureau permanent de l'Assemblée nationale. Néanmoins, le passage du pasteur Raymond Koffi qui coïncide avec la célébration du 20e anniversaire de la Cellule de prière de l'Assemblée nationale était un tremplin pour rappeler au député que porter la distinction " honorable " requiert des comportements et de conduite particulière, répondant à une certaine éthique et une déontologie.
Laïcité. Avec cette initiative, émanant de la Cellule de prière et de la Chorale de l'Assemblée nationale, la question sur la laïcité de l'Etat ressurgit. Dans les réseaux sociaux, mais surtout au niveau de la société, des incompréhensions se font sentir. Un sociologue que nous avons interrogé, mais qui préfère garder son anonymat, a indiqué que ce geste, tout comme l'existence d'une chapelle au sein de l'Assemblée nationale, remet en cause, une fois de plus, le respect de la laïcité de l'Etat parce que tous les députés n'appartiennent pas à la religion chrétienne et même au sein de cette obédience la différence est très ressentie.
Rappelons que lors de l'inauguration de la Chapelle qui se trouve dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, Christine Razanamahasoa, présidente de la Chambre basse et non moins " mpiandry ", a expliqué que cette initiative respecte et se fait dans les règles des principes de la laïcité de l'Etat et ceux qui appartiennent à d'autres obédiences religieuses ont également la liberté d'ériger au sein de l'Assemblée nationale un sanctuaire ou bien un lieu pour se recueillir ou pour se consacrer à " Dieu ". Peu importe, cela n'empêche pas que les élus au sein de cette institution restent impunis et aucune mesure n'a été prise même après le rappel à l'ordre de Christine Razanamahasoa lors de l'ouverture officielle de cette deuxième session parlementaire de l'année 2022.
