Tunisie: Projet du réseau ferroviaire rapide de Tunis - Du rêve au désenchantement

3 Novembre 2022

Sur fond de problèmes à multiples facettes et notamment en raison des actes de sabotage qui nécessitent à chaque fois la reprise des tests techniques, sans compter le grand nombre de PDG qui se sont succédé à la tête de la société du Réseau ferroviaire rapide de Tunis et du ministère du Transport, on pourrait avancer que l'entrée en exploitation du RFR n'est pas pour demain.

Que des retards accusés et des reports annoncés concernant le projet du Réseau ferroviaire rapide de Tunis (RFR), mais au-delà des explications qui ne convainquent plus personne et eu égard aux changements interminables à la tête de la société avec la succession de 7 PDG et au ministère du Transport depuis 2011 et jusqu'à cette date (14 en tout, avec en moyenne deux ministres pour un PDG), comment serait-il possible de respecter la date butoir de ce projet grandiose appelé à offrir un système de transport collectif performant? Une situation qui rappelle celle de la ligne ferroviaire Tunis-Goulette- La Marsa (TGM) dont le renouvellement des rames a été annoncé depuis belle lurette sans que ce projet n'ait pu, à cette date, voir le jour.

Une phase de parachèvement sans fin

Selon une déclaration radiophonique qui remonte à l'été dernier du PDG de la Société du réseau ferroviaire rapide (RFR), Lotfi Chouba (désigné à ce poste en juillet 2019) et pour ce qui est de la ligne du réseau ferroviaire au niveau de La Manouba, de Bortal et de Gobaâ, la société est entrée dans une phase de parachèvement marquée par des tests techniques, d'électrification ayant pour objectif la vérification de la conformité des trains et du matériel acquis aux spécificités techniques du fabricant. L'exploitation de la ligne E (centre-ville - Bougatfa : 6.3 km) est imminente, avait-il annoncé par la même occasion..

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La première tranche prioritaire est la ligne E (de Tunis-ville à Bougatfa) et la ligne D (de Tunis à Gobaâ), du matériel roulant a été réceptionné et la société est entrée dans des tests d'électrification au niveau du tronçon D pour s'assurer de l'adaptation de l'installation à certaines conditions et la continuité de l'électricité, avait à la même date annoncé le premier responsable de la société. La ligne E, qui dessert la zone de Bougatfa, serait inaugurée le 25 juillet, avait-il encore informé. Sauf que depuis ces sorties médiatiques, le projet traîne toujours. Certes, la pandémie de Covid-19 et la situation générale du pays marquée par l'instabilité et une grande crise économique, elle-même issue d'un contexte mondial très difficile suite à l'invasion russe de l'Ukraine, ont été des facteurs supplémentaires et ont causé des retards au niveau de la concrétisation de ce projet depuis la création en juillet 2007 de la société du Réseau ferroviaire rapide de Tunis.

Le RFR renvoie la balle à la Sncft

En l'absence d'une communication transparente autour de l'avancement dudit projet et des réelles raisons qui ont conduit à ces sempiternels reports, le doute s'est installé sur fond de rumeurs et d'accusations auxquelles un démenti catégorique a été apporté par la société du Réseau ferroviaire rapide et son PDG Lotfi Chouba qu'on a tenté de contacter par téléphone en vue d'éclairer l'opinion publique sauf qu'on nous a informés qu'il vaudrait mieux contacter à cet effet la Sncft puisque 90% des problèmes survenus sont de l'attribution de la Sncft qui publiera un communiqué incessamment.

En effet, dans un entretien accordé à une radio privée, Lotfi Chouba a réagi aux accusations publiées dans un journal de la place relatives à des mises en garde rapportées par des ingénieurs et des responsables au sein de la société en lien avec certains manquements aux règles et aux normes de la sécurité et la maintenance des trains.

Il a mis en évidence le vol des câbles et d'autres équipements fabriqués à l'étranger, les actes de vandalisme et de sabotage.

Ce qui a causé ce retard dû aussi à des tests techniques de conformité à la sécurité fonctionnelle dont une partie a été achevée durant le mois de septembre 2022 et qui ont révélé l'usure de 4 trains parmi plus d'une vingtaine.

Une autre partie des tests va être effectuée par la Sncft, selon ses dires.

Dans le cadre de l'exposition des motifs et raisons qui on conduit aux retards, le ministre du Transport, Rabi Majidi, avait pointé à son tour des "actes graves de vandalisme et de sabotage", ainsi que la nécessité "de pallier certains problèmes liés à l'efficacité du système de sécurité".

Avec ses multiples problèmes et notamment les actes de sabotage qui nécessitent à chaque fois la reprise des tests techniques, on pourrait avancer que l'entrée de l'exploitation du RFR n'est pas pour demain.

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