Tunisie: Des élèves privés d'inscription au Bac - Quand l'éducation est prise pour cible...

Des élèves privés d’inscription au Bac: Quand l’éducation est prise pour cible…
3 Novembre 2022

A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Mais dans les faits, cette règle ne semble pas toujours respectée et ne semble pas appliquée par tout le monde, même si l'avenir de nos enfants est menacé...

Depuis quelques semaines, les 800 élèves du Lycée privé L'Idéale à Nabeul vivent sous la menace et la contrainte de passer une année blanche, faute de leur non-inscription sur la plateforme du ministère de l'Education et de la non-obtention de l'identifiant unique pour chaque élève. Si cette situation est "tolérable" pour certains élèves ou parents, elle est inacceptable pour d'autres, surtout ceux censés passer les épreuves du baccalauréat au titre de cette année scolaire, qui sont au nombre de 120. A l'origine de ce blocage, un litige et un désaccord entre cet établissement et le ministère de l'Education qui refuse, à l'écriture de ces lignes, d'accorder les autorisations nécessaires au lycée, classé pour l'instant comme un établissement anarchique au sens propre du terme.

Une décision de fermeture oui, mais...

Dans une déclaration accordée au quotidien La Presse, Mourad Ghalleb, directeur général du groupe scolaire privé "Les écoles idéales", indique qu'il est vrai que son établissement se situe dans une zone industrielle, mais cette dernière est quasi abandonnée et quasi déserte avec un nombre très limité d'unités industrielles dont la plupart sont fermées, outre l'existence, à proximité, d'un foyer universitaire. Face à cette situation qui nécessite une attention particulière et une réaction immédiate, l'établissement a fonctionné, depuis sa création en 2019, avec une "autorisation exceptionnelle" au titre des années scolaires écoulées, en attendant la révision du Modèle de développement urbain de la zone, qui n'a pas été modifié ou mis à jour depuis 1997. "Pour cette année, on a été surpris de la décision prise par la municipalité de Nabeul qui a fait la sourde oreille et refusé d'accorder à l'établissement une autorisation exceptionnelle au titre de l'année scolaire 2022-2023. Plus loin que cela, l'établissement a fait l'objet d'une décision de fermeture après trois ans d'exercice...

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Etant donné que c'est l'avenir de nos enfants qui est mis en péril, et qui est une ligne rouge pour nous, on n'est pas resté les bras croisés. On a déposé une plainte auprès du Tribunal administratif qui a dit son mot et annulé la décision de fermeture de notre établissement... Mais, pour rendre à César ce qui est à César, il faut préciser que la municipalité de Nabeul a respecté la décision du Tribunal administratif à l'heure où le ministère de l'Education refuse toujours de reprendre les négociations et de reconnaître cette décision", explique-t-il.

Face à cette situation qui se complique davantage, le corps éducatif de l'établissement, les élèves et leurs parents ont organisé, durant deux jours, des mouvements de protestation devant la municipalité de Nabeul et la Délégation régionale de l'éducation pour trouver une solution "pratique et définitive" à ce problème qui perdure et auquel ils sont toujours confrontés.

"... Tous ces efforts sont tombés dans l'oreille d'un sourd et le ministère n'a pas bougé son petit doigt sur ce dossier. Ce provisoire qui perdure ne sert l'intérêt de personne et nos élèves sont les grands perdants, étant donné qu'ils sont toujours privés de leur droit à l'éducation. A cela, on ajoute que la révision du Modèle de développement urbain de la zone nécessite entre deux et cinq ans. Mais, que peut-on faire d'ici là ?!", regrette-t-il.

Il s'agit d'une note interne...

M.Ghalleb ajoute que selon le décret n° 486 du 22/02/2008, relatif aux conditions d'obtention d'une autorisation pour la création d'établissements éducatifs privés, ainsi qu'à leur organisation et leur fonctionnement, le dossier technique de son établissement est conforme à la loi et à la raison.

"Tous les documents nécessaires (un plan de localisation, un plan des locaux destinés à être exploités, un certificat de propriété ou un contrat de location... ) ont été fournis aux autorités concernées dans les délais. Mais aujourd'hui, ces mêmes autorités exigent "un certificat attestant que la propriété est exempte de violations urbaines", un document qui n'existe pas dans le Jort (Journal officiel de la République Tunisienne), notre première référence, mais dans une note interne dont on a pu prendre connaissance récemment ! On est prêt à toute inspection et à tout contrôle, mais personne ne peut nous délivrer ce certificat. Où s'adresser donc ?", demande-t-il.

Sur un autre plan, M.Ghalleb précise que son établissement, d'un investissement dépassant les 6 milliards, se met aux normes internationales et il est reconnu comme l'un des plus innovants à l'échelle nationale pour préparer l'élève du XXIe siècle.

"L'objectif affiché, d'avoir pour l'instant une autorisation exceptionnelle au titre de cette année scolaire, en attendant l'octroi d'un agrément définitif, pour permettre à nos élèves de s'inscrire sur la plateforme du ministère, qui sera accessible jusqu'au 17 novembre 2022, ne semble pas plaire aux autorités concernées.

C'est un combat au quotidien... Mais, on ne compte jamais l'abandonner et on continue toujours à croire en nos rêves pour nous distinguer à l'échelle arabe et couper avec l'école classique... On a déjà doté notre Campus de laboratoires de mécanique, de génie électrique et de physique-chimie, d'une grande bibliothèque, d'une salle omnisports, d'un terrain gazonné, d'espaces d'animation... Notre établissement respecte aussi toutes les conditions de sécurité, d'hygiène et de propreté selon les réglementations en vigueur. En outre, les moyens de sécurité nécessaires approuvés par les services de la protection civile sont disponibles... Il suffit de nous laisser faire ce que nous faisons de mieux... ", a-t-il encore précisé.

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