Afrique de l'Est: Le Rwanda estime que la "désescalade est possible" en RDC

Twitter/ Félix A. Tshisekedi
Félix Tshisekedi, Président de la République Démocratique du Congo
3 Novembre 2022

Les autorités rwandaises donnent leur point de vue sur la crise dans l'est de la RDC.

Les autorités de RDC ont décidé samedi 29 octobre, lors d'une réunion d'urgence dirigée par le président Félix Tshisekedi, d'expulser Vincent Karega, l'ambassadeur rwandais en poste à Kinshasa. Cette date coïncide avec la prise de Rutshuru et Kiwanja, dans l'est de la RDC, par le groupe armé M23.

Le gouvernement congolais accuse Kigali de soutenir ces rebelles. Il y a dix ans, le 20 novembre 2012, le M23 avait pris le contrôle de Goma.

Le fait que la RDC ait pris la décision d'exclure l'ambassadeur rwandais ne signifie toutefois pas que la désescalade est impossible, fait savoir Alain Mukuralinda, porte-parole adjoint du gouvernement rwandais qui insiste sur le fait que l'escalade est du côté du gouvernement congolais .

Il rappelle également que plusieurs processus ont été mis en place à Nairobi et à Luanda pour dialoguer. Mais pour cela, insiste ce dernier, il faut une volonté politique qui pourra conduire vers la paix.

"L'escalade est du côté du gouvernement congolais, c'est ce gouvernement qui depuis quelque temps a pris des décisions que je qualifierais de spectaculaires, ce sont des décisions qui ne résolvent rien sur le terrain. Le Rwanda n'a jamais pris de décision pour faire monter les enchères. S'il y a la volonté politique de l'autre côté, en RDC, de résoudre ce problème par les voies pacifiques, par les voies de discussion, si on veut s'asseoir autour d'une table pour discuter une fois pour toute de ces questions, le problème est connu : c'est celui des groupes armés et militaires qui pullulent dans cette région," explique le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais à la Deutsche Welle.

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A Goma, au Nord Kivu, plusieurs milliers de Congolais ont manifesté lundi dernier [31.10.22] contre le Rwanda.

Les manifestants se sont dirigés vers la "grande barrière", un poste frontière entre la RDC et le Rwanda, avant d'être dispersés par la police congolaise à coups de gaz lacrymogène.

L'épineuse question des FDLR

La question de la présence des groupes armés tel que le FDLR qui pourrait constituer une menace pour Kigali est un faux débat pour Bernard Ntaganda, président fondateur du Parti PS Imberakuri et candidat déclaré pour les élections présidentielles de 2024 au Rwanda.

Dans un communiqué de presse publié hier par son parti, le PS Imberakuri, ce dernier insiste sur le fait qu'une paix durable n'est possible dans la région des grands lacs et en RDC que si le Rwanda respecte le droit international. "On sait très bien que les autorités rwandaises ont souvent proclamés que les FDLR ne sont plus une menace pour la sécurité rwandaise dans la mesure où on sait très bien que les combattants et les responsables des FDLR qui n'ont pas été tués en RDC ont été rapatriés manu militari par les forces rwandaises. Donc, dire aujourd'hui que les FDLR sont une menace pour la sécurité rwandaise est une contradiction," constate le candidat à la présidentielle rwandaise de 2024.

Les ressources congolaises au coeur des convoitises

La question de l'exploitation illégale des ressources congolaises fait souvent partie du débat quand il s'agit des relations entre les deux pays.

Pour Faustin Twagiramungu, ancien Premier ministre rwandais et président du parti RDC - Rwanda Rwiza, les Congolais doivent recourir à l'union sacrée pour sauvegarder la RDC qui, selon lui, est un trésor convoité par le Rwanda voisin.

Il déplore à la DW que "les Congolais ne profitent pas de leur richesse": selon lui, "c'est le Rwanda qui en profite". Avant de préciser qu'il entend par là "le président Kagamé [car] il n'y aucune entreprise qui puisse prétendre toucher à la richesse du Congo tout en se faisant enregistrer au Rwanda sans qu'il y ait l'autorisation du président Kagamé lui-même qui a son entreprise qui s'appelle Crystal Venture".

"Le commerce est fait, la politique est faite et tout ça est contrôlé par une même personne. Je pense qu'il y a quelque chose qui doit être fait et suivi, autrement ce pays va être épuisé par les étrangers," insiste M.Twagiramungu.

L'arrivée de la force régionale, une solution efficace ?

L'arrivée des troupes kényanes en RDC est une bonne chose, précise Alain Mukuralinda, le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais, parce que cela revient à dire, selon lui, que les décisions prises à Nairobi et Luanda sont mises en application.

Il déplore cependant le fait que ça aurait dû être fait il y a longtemps, du moins un mois ou deux après la prise de décision par les différents présidents de la sous-région.

"Nous espérons que cette fois ci si nous avons cette armée conjointe, on ira jusqu'au bout, qu'on pourchassera et qu'on va désarmer tous les groupes qui pullulent dans l'est de la RDC et qu'on ne va pas, comme on le fait aujourd'hui, parler de deux ou trois groupes armés", déclare le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais qui ajoute : "N'oubliez pas qu'on parle ici de plus de 130 mouvements qui opèrent dans la région. Pour le gouvernement rwandais c'est une bonne chose et le gouvernement rwandais est prêt à donner le nécessaire qui lui sera demandée. "

Pour rappel, le Kenya a annoncé le 2 novembre le déploiement de troupes en RDC dans le cadre d'une intervention militaire régionale visant à soutenir le régime congolais face aux rébellions actives dans l'est du pays.

Cette force régionale doit compter également des militaires du Burundi, d'Ouganda et du Soudan du Sud, envoyés pour protéger les populations dans cette région de l'est de la RDC.

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